Ligue 1 - Stade Rennais-Guingamp : un "Celtico", vraiment ?

Dans la quête du Stade Rennais pour améliorer son image et son soutien populaire, continuer à aligner les victoires devant son public serait aussi une bonne idée.
Dans la quête du Stade Rennais pour améliorer son image et son soutien populaire, continuer à aligner les victoires devant son public serait aussi une bonne idée. © DAMIEN MEYER / AFP
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T.M.
Vendredi soir, le Stade Rennais accueille son voisin guingampais en ouverture de la 8e journée de Ligue 1. Ce désormais officiel "Celtico" a tout d’un joli coup de com’.

Après le "Clasico" et "l’Olympico", place…. au "Celtico". Alors qu’une partie de la suprématie bretonne se joue vendredi soir entre le Stade Rennais et l’En Avant Guingamp, en ouverture de la 8e journée de Ligue 1, les deux clubs ont en effet décidé de déposer, très sérieusement, le nom de ce derby à l'INPI, l'Institut national de la propriété industrielle.

Tout pour la com’. L’idée vient d'une réflexion entre les deux présidents, René Ruello d’un côté (Rennes) et Bertrand Desplat de l’autre (Guingamp). Et l'étiquette marketing est plutôt assumée. "Les deux clubs ont décidé de célébrer ce derby tout à fait particulier aux yeux de leurs supporters en lui donnant une appellation festive, qui claque à l’oreille de chacun", précise ainsi le communiqué. Pour l’occasion, tout a été prévu : les 22 acteurs de la rencontre porteront notamment des jeux de maillots flanqués du fameux nouveau nom, ainsi que de celui du stade où se déroulera la rencontre, en l’occurrence le Roazhon Park. Autre inscription : la date du jour… en breton bien sûr. Les maillots seront par la suite revendus au profit de l'association "Vaincre la Mucoviscidose 35" et à "Muco 29" au match retour.

Toujours dans le but de jouer la carte régionale à fond, Rennes proposera également aux spectateurs des jeux bretons en avant-match et organisera des animations folkloriques locales. Mais tout le monde ne semble pas ravi de l’initiative, et le scepticisme quant au choix du nom n’a pas tardé à émerger sur les réseaux sociaux.

Même le coach du SRFC, Christian Gourcuff, s’y est mis. L’ancien entraîneur de Lorient (tiens, tiens) n’y voit là qu’un coup de communication. "Moi je joue contre l'En Avant, et voilà. Le reste, c'est de la com', on le sait très bien", a-t-il clairement souligné en conférence de presse. "Que ça s'appelle 'Celtico', ça ne va pas me changer mon match."

Une rivalité pas si lointaine. Pour justifier le baptême, les présidents insistent aussi sur la dimension "tout à fait particulière aux yeux des supporters" de ce derby. Oui, la rivalité entre le club des Côtes-d'Armor et celui d'Ille-et-Vilaine, distants de 120 kilomètres, est bien réelle, fondée notamment sur un antagonisme entre "la Bretagne des champs" et la "Bretagne des villes". Mais celle-ci est finalement relativement récente. Si les deux clubs se sont longtemps affrontés en Division 2 (entre 1977 et 1993), c’est surtout la double défaite rennaise en finale de Coupe de France (2009 et 2014) contre son "petit" voisin qui a donné au rendez-vous un goût si spécial. Le moment est donc parfaitement choisi pour apposer cette étiquette de "Celtico" et rajouter de l’engouement à l’engouement, alors que la Ligue 1 peine toujours à remplir ses stades.

Pour la petite histoire, en championnat, le bilan entre les deux clubs est tout à fait équilibré : en vingt matches dans l'élite, Rennes l'a emporté huit fois, pour huit défaites et quatre matches nuls.

Pas de monopole pour la Bretagne. Le nom de "Celtico" n’a pas été choisi au hasard. Il est évidemment censé rappeler les origines bretonnes des deux clubs. Mais dans ce cas, pourquoi pas Lorient, Brest ou encore Nantes (bien que le débat reste éternel) ? L'EAG et le Stade Rennais ont répondu jeudi : "loin de vouloir s'approprier la notion de ‘derby breton’, les deux clubs souhaitent bien au contraire qu'en compagnie du FC Lorient, et du Stade Brestois, une dimension régionale renforcée et festive accompagne chaque rencontre entre Bretons". Les Rennais semblent d'ailleurs plus que jamais en quête d’identité, eux qui ont renommé leur stade Roazhon Park (Rennes en breton) en 2015 et qui diffusent désormais l’hymne breton (Bro gozh ma zadoù) avant chaque match à domicile cette saison.

Après tout, pourquoi pas ? Tant qu’il y a du spectacle… Cela dit, un derby n’a jamais eu besoin de nom pour être mythique : demandez aux Lyonnais et aux Stéphanois, qui s’affrontent dimanche soir en Ligue 1.