Sécurité, infrastructures, ambiance : on a testé la fan zone du Champs-de-Mars

"Qui ne saute pas n'est pas français !"
"Qui ne saute pas n'est pas français !" © Europe 1 / Margaux Lannuzel
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Margaux Lannuzel , modifié à
Ambiance, bière et vrais supporters : notre journaliste a suivi le match des Bleus au coeur de la fan zone du Champs-de-Mars. Ambiance.
REPORTAGE

Quelle meilleure occasion de tester la fan zone parisienne qu'un match des Bleus ? Notre journaliste a passé la soirée sur le Champs-de-Mars, mercredi soir, avec des milliers de supporters présents pour France-Albanie. Elle s'est promenée dans cette zone ultra-sécurisée, entre pintes de bière, food-trucks et drapeaux bleu-blanc-rouge. Plongée dans cet espace qui porte bien son nom.

19 heures, station École militaire. Perruques et drapeaux tricolores descendent, guidés par des employés RATP en chasuble : j'ai l'impression de m'être arrêtée à La Plaine Saint-Denis. Le doute est dissipé à la sortie du métro : devant moi se trouve non pas le Stade de France, mais la tour Eiffel. Entre elle et moi, le Champs-de-Mars, méconnaissable. C'est donc ça, la fan zone.

"J'habite là, vous m'avez déjà contrôlée hier !" Le premier agent de sécurité qui se présente sur mon chemin ne se souvient pas de la riveraine. Comme tout le monde, elle vide son sac et subit une palpation en règle. Interdits, les crèmes de beauté, parfums et autres produits liquides (dont les bouteilles d'eau). Les parapluies non pliables ou "trop rigides" (selon les termes du personnel) ne rentrent pas non plus. Le mien est léger et déjà cassé, ça passe.

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Trois contrôles de sécurité plus tard, je mets un pied dans la fan zone et les copeaux de bois qui tapissent le premier espace du site. "On se croirait à un festival", souffle un passant. En préambule, des stands de pizza et kebab haut de gamme, façon food-truck. Je note, on verra ça plus tard.

En novice, je suis le mouvement, vers la tour Eiffel, non sans m'enquérir du prix de la bière, avec alcool, (6,50 euros la pinte) et noter que beaucoup des supporters installés sur les premiers terrains en ont déjà abusé. Les déplacements sont fluides et les places nombreuses devant le (très, très) grand écran, tout au bout de la fan zone. Pour l'instant, les drapeaux y sont bleu... jaune et rouge. Je m'assois au soleil (entre les nuages) et regarde tranquillement l'apéritif Suisse-Roumanie, conclu sur un match nul qui place les Suisses en bonne position pour la qualification.

20h, devant l'écran géant. "Sans Pogba !" L'exclamation d'un supporter me réveille. Les Roumains sont partis et la compo des Bleus tombée, avec Coman et Martial. "C'est quitte ou double, Deschamps s'en mordra peut-être les doigts", analyse mon voisin. Je n'aurais pas dit mieux. La foule se densifie doucement, les premiers chants de supporters se font entendre. A ma gauche : "Payet on t'aime, Payet on t'adore". A ma droite : "Christophe Jallet, allez, allez" (je vous jure). Après quatre ou cinq Marseillaises pour se chauffer, voici venue la vraie.

21h, derrière les Bleus. Le soleil descend derrière la tour Eiffel et tous les yeux se tournent vers l'écran. Non sans une once de mauvaise foi : "Mais ils sont où les Albanais ?", chante la foule… à la dixième minute du match. "Les gars, il y a 0-0", fait remarquer un jeune supporter, sans entacher l'enthousiasme général. Après l'occasion de Sadiku, on passe à "Hugo, Hugo, Hugo Lloris !" Parfois, les encouragements (ou huées) coïncident parfaitement avec ceux du public du Vélodrome. Depuis le Champs-de-Mars, j'ai l'impression de pousser un peu les Bleus.

"Deschamps fait la gueule", observe pourtant une spectatrice. Et il y a de quoi. La première mi-temps touche à sa fin sans l'ombre d'un tir cadré. Dans la fan zone, on se défoule sur l'adversaire après le choc Evra-Lila. "Sérieux ? Le type n'a pas songé à changer de nom ?" L'arbitre siffle à point nommé : les Bleus pataugent et les chants peinent à couvrir les gargouillis de mon estomac. Direction le camion à pizza.

Sept minutes plus tard, j'ai parcouru un dixième du trajet me séparant des stands de nourriture. Manger ou applaudir, il faut choisir. Je décide d'oublier la faim et de passer les huit minutes de la mi-temps restantes à revenir sur mes pas.

22h, dans les pogos. Le jeu a à peine repris que la sécurité intervient pour séparer une poignée d'Albanais et de Français qui échangent gobelets et amabilités. Et la foule apprend par la même occasion que des supporters albanais sont présents au Champs-de-Mars. Sur l'écran, rien ne bouge. La fan zone a applaudi les entrées de Griezmann et Pogba, mais je sens poindre l'inquiétude : pour que la communion soit belle, il faut gagner.

Et quelle victoire. Alors que les plus pessimistes se faufilent, juste avant le coup de sifflet final, pour sauter dans les métros encore vides, pariant sur cinq dernières minutes sans intérêt, Griezmann leur donne tort, et la fan zone exulte enfin. Comme dans la fosse d'une salle de concert, je ne tiens plus debout que serrée entre mes voisins. Mes pieds retouchent à peine terre quand Payet double la mise… La France vient seulement de se qualifier pour les huitièmes de finale. Ça promet pour la suite.