Ces Français qui règnent sur le foot mondial

Jérôme Valcke est l'un des trois candidats pressentis à l"élection pour la présidence de la FIFA qui se tiendra en 2015.
Jérôme Valcke est l'un des trois candidats pressentis à l"élection pour la présidence de la FIFA qui se tiendra en 2015. © Reuters
  • Copié
, modifié à
INSTITUTIONS - L’UEFA et la FIFA sont régies par plusieurs Français qui sont pris dans la tourmente du Qatargate. Portraits.

Le Qatargate éclabousse les instances de décision du football mondial. Après que France Football a dénoncé des irrégularités dans l’attribution de la Coupe du Monde au Qatar en 2022, le Sunday Times a pointé du doigt la responsabilité d’un homme en particulier : Mohamed Bin Hammam, citoyen qatarien et ancien président de la Confédération asiatique de football. Il aurait versé plusieurs millions d’euros à des représentants de fédérations africaines et Caribéennes pour soutenir la candidature de son pays. C’est dans ce contexte sulfureux que l’élection à la présidence de la FIFA se tiendra en 2015. Et ils sont trois Français à être sur les rangs pour détrôner Sepp Blatter, actuellement en poste : Michel Platini (président de l’UEFA), Jérôme Valcke (secrétaire général de la FIFA) et Jérôme Champagne (ancien secrétaire général adjoint, aujourd’hui retiré). Si pour les deux premiers, en poste au moment des faits, le Qatargate ne les avantage pas, le troisième pourrait profiter de l’affaire pour se présenter comme une alternative crédible.

>> A lire, Platini accusé d’être impliqué dans le Qatargate

>> Michel Platini, président de l’UEFA

Co-président du comité organisateur de la Coupe du monde française de 1998, membre de la FFF, conseiller de la présidence FIFA puis membre de son comité exécutif,  l’ancien vainqueur de l’Euro 84 a gravi les échelons un à un.  Jusqu’à s’emparer de la présidence de l’UEFA en 2007, pourtant jalousement gardée par le suédois Lennart Johansson.

Pourquoi parle-t-on de lui dans l’affaire du Qatargate ? Aujourd’hui Michel Platini se retrouve sous le feu des projecteurs. L’actuel président de l’UEFA  est en effet accusé par le quotidien britannique le Daily Telegraph d’être impliqué dans le Qatargate. L’objet du délit, un dîner en compagnie du sulfureux Mohamed Bin Hammam, banni de la FIFA après que le scandale des enveloppes a été révélé. Pas de quoi repousser Michel Platini, qui s’est entretenu en privé avec lui, et ce un mois à peine avant le verdict dans l’attribution de la Coupe du Monde. Une révélation qui écorne l’image de Michel Platini, et pourrait briser son irrésistible ascension.

Une affaire qui tombe mal. Depuis sa prise de fonction,  Michel Platini  s’est présenté comme un réformateur, militant de l’instauration du fair-play financier en Europe pour une équité retrouvée dans les compétitions continentales, et pourfendeur de la corruption au sein de l’UEFA et de la FIFA. Une position qui lui avait assuré le respect et la jalousie de ses pairs, mais qui semble en contradiction avec son implication présumée dans le Qatargate. Cette nouvelle tombe d’autant plus mal que l’ancien Ballon d’or doit annoncer sa possible candidature à la présidence de la FIFA "pendant ou après la Coupe du Monde". Il devrait se présenter contre Sepp Blatter, l’actuel président. Des proches de l’ancien numéro 10 français ont d’ailleurs expliqué au Monde que la divulgation de cette affaire de trafic d’influence par le Daily Telegraph était due "à la parano de Blatter qui a peur que Michel (Platini) se présente contre lui".

 

Platini

© Reuters

>> Jérôme Champagne, ex-secrétaire général adjoint à la FIFA, aujourd’hui indépendant

Il n’a pas brillé sur les terrains comme Platini, mais excelle en coulisses, sous les ors de la République ou dans les travées du siège de la FIFA, à Zurich. Jérôme Champagne, actuellement consultant en football international, est un énarque un peu particulier. Pigiste à France Football et puis diplomate en Oman, à Cuba, Los Angeles et au Brésil (où il se liera d’amitié avec le Roi Pelé, qui soutient sa candidature), il a finalement trouvé le lieu idéal pour lier ses deux passions : le foot et la diplomatie.

Le Qatargate, une aubaine pour lui. Comme Platini, il intègre le comité d’Organisation de la Coupe du monde de 1998 avant de travailler pour la FIFA, sous la houlette de Sepp Blatter. Comme Platini, il gravit les échelons pas à pas. Il occupe alors toutes les fonctions d’éminence grise de l’actuel président (conseiller international, secrétaire général adjoint, délégué du Président, directeur des relations internationales). Comme Platini, il est désormais un adversaire désigné de Sepp Blatter. En effet, il s’est d’ores et déjà déclaré candidat à la présidence de la FIFA, surfant sur le Qatargate, symptôme à ses yeux d’une "crise de gouvernance" de l’institution du football mondial.  De son propre aveu, Jérôme Champagne n’a "aucune chance" de l’emporter. Mais les révélations en cascade sur le Qatargate pourraient bien l’avantager.

 

Champagne

>> Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA

Lui aussi a grandi à l’ombre de Sepp Blatter, dans les travées du siège de la FIFA. Ancien journaliste à Canal + et Sport +,  l’actuel secrétaire général de la FIFA a quitté le monde des médias en 2003. Celui qui affirme "détester la lumière" pourrait bien prochainement attirer le feu des projecteurs. Il devrait en effet être candidat à la présidence de la FIFA, selon les informations du Monde : "Malgré le vernis diplomatique - "je ne suis pas candidat" -, l'ambitieux et narcissique Jérôme Valcke ne pense qu'à succéder à son actuel patron et se prépare à entrer en guerre totale contre son compatriote Michel Platini, son concurrent au trône."

Son implication dans le Qatargate. A l’inverse de Jérôme Champagne, cette affaire du Qatargate pourrait lui être fatale. Déjà soupçonné dans plusieurs affaires de pots-de-vin, comme le rappelle le portrait du Monde, il est également impliqué dans la désignation du Qatar comme organisateur de la Coupe du monde 2022. Dans un de ses mails, rendu public par l’enquête de France Football à l’origine du scandale, il écrit : "Ils ont acheté le Mondial 2022". Pour redorer son blason, Jérôme Valcke s’est engagé à "renforcer l’indépendance de la commission d’éthique de la FIFA".

Valcke

Bourdes médiatiques. Le secrétaire général de la FIFA a également fait parler de lui après plusieurs sorties choc: "Je vais dire quelque chose de fou, mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde", avait-t-il déclaré lors d'une conférence au siège de la Fifa à Zurich. "Quand on a un homme fort à la tête d'un Etat qui peut décider, comme pourra peut-être le faire Poutine en 2018, c'est plus facile pour nous les organisateurs qu'avec un pays comme l'Allemagne où il faut négocier à plusieurs niveaux". 

Entre le Qatargate et les ambitions de chacun, le congrès de la FIFA, qui se tiendra à Sao Paulo en marge de l'ouverture de la Coupe du monde les 10 et 11 juin, sent déjà le souffre. 

 

sur-le-meme-sujet-sujet_scalewidth_460_scalewidth_460-1_scalewidth_460

QATARGATE - Platini incriminé

CORRUPTION - Le Qatar a-t-il acheté le Mondial ?

"QATARGATE" - Chronique d'un désastre annoncé

L'AVEU - Mondial 2022 : Blatter reconnaît "une erreur"