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Virginie Phulpin , modifié à
La surpuissante ligue nord-américaine de basket-ball a courbé l’échine face au courroux de la Chine, suite à un tweet du manager des Houston Rockets en soutien aux manifestants de Hong Kong. Désolant, juge notre éditorialiste sport Virginie Phulpin.  

>> Un match de pré-saison de NBA entre les Los Angeles Lakers et les Brooklyn Nets a eu lieu jeudi à Shanghai. Et il y aura la même affiche samedi dans une autre ville chinoise, le tout dans un contexte de tension entre la ligue de basket-ball et la Chine, suite à un tweet du manager des Houston Rockets en soutien aux manifestants de Hong Kong. Pour notre éditorialiste sport Virginie Phulpin, la NBA n’aurait pas dû accepter de jouer ces matches. 

"Je cherchais à illustrer l’expression « vendre son âme au diable ». J’ai trouvé. Hier, les Nets ont battu les Lakers à Shanghai. Mais l’histoire est ailleurs. Dans les tribunes, où beaucoup fans portaient le maillot de LeBron James mais où ils agitaient tous des drapeaux chinois qu’on leur avait expressément mis dans les mains. On ne rigole pas avec le patriotisme, en Chine. Les joueurs ont été interdits de conférence presse. Et la police était partout. En plus la télé chinoise ne retransmettait pas le match, diffusion annulée pour crime de liberté d’expression.

Pékin pique sa crise, après le tweet du manager des Houston Rockets en soutien aux manifestants de Hong-Kong. La Chine veut des excuses officielles, et elle montre l’étendue des représailles commerciales qu’elle peut dégainer. Tous les sponsors chinois des clubs de NBA ont suspendu leurs contrats.

De quoi en faire ramper certains, en NBA. Le propriétaire des Houston Rockets : "Notre manager ne parle pas au nom du club. On est là pour jouer au basket, pas pour faire de la politique". La star de l’équipe, James Harden : "On s’excuse, on adore la Chine". Ça n’est plus les Houston Rockets, mais les Houston Carpettes. 

Des excuses officielles, il n’y en a pas eu, certes. Mais le patron de la NBA s’est quand même fendu d’une phrase pathétique : "Désolé, mais on ne peut pas censurer les propos de chacun". Oui, heureusement. Et tout ça, ça ne suffit pas à calmer Pékin ? Alors pourquoi jouer ces matches ? La NBA manque un peu de courage. 

Il faut dire que ça pourrait leur coûter très cher

Un milliard de dollars par saison. Ça fait réfléchir. Le marché chinois représentera 20 % du budget de la NBA dans 10 ans. La Ligue américaine de basket n’est pas une ONG, elle doit protéger ses intérêts. Mais là, elle est prête à tout sacrifier sur l’autel du business. Plusieurs politiques aux Etats-Unis ont appelé à l’annulation des matches. Ça ne peut pas être qu’un marché, la NBA. Son histoire est jalonnée de prises de positions politiques. Des joueurs qui s’engagent pour les droits civiques, par exemple. Alors les voir ménager la chèvre et le chou chinois, autant effacer le premier amendement de la constitution américaine sur la liberté d’expression. Et qui nous dit que les fans chinois n'attendaient pas plus de résistance, justement, parce qu'eux ne peuvent pas le faire ?"