Contrat entre l’office du tourisme qatari et le PSG : "tout le monde y gagne"

La nouvelle version du contrat QTA doit être soumise à l'UEFA courant octobre pour validation.
La nouvelle version du contrat QTA doit être soumise à l'UEFA courant octobre pour validation. © AFP
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Thibauld Mathieu avec J.F. , modifié à
Selon "Le Parisien", la Qatar Tourism Authority s'apprête à verser 175 millions d’euros au PSG cette saison, soit près d'un tiers du budget du club.
INTERVIEW

C’est un couple fait pour durer. Après un premier contrat de quatre ans qui s'est achevé le 30 juin dernier, le PSG et l’office du tourisme qatari s’apprêtent à signer un nouvel accord, qui rapporterait 175 millions d’euros par an au club de la capitale, selon les informations du Parisien : l’équivalent de 30% de son budget prévisionnel pour la saison 2016-2017.  Un pont d’or qui ne devrait pas calmer les ardeurs de Jean-Michel Aulas, le président de l’Olympique lyonnais, qui a multiplié ces derniers temps les sorties contre les Parisiens. "Le PSG poursuit une politique excessive d'investissement qui va abaisser la compétitivité de notre Ligue 1 : trop c’est trop", s’agaçait-il le mois dernier.

Mais pour Vincent Chaudel, économiste du sport au cabinet de conseil Wavestone, ce type de partenariat profite à tout le monde, y compris aux concurrents du PSG. 

  • Que représente ce partenariat entre la Qatar Tourism Authority et le PSG, et comment cela se traduit-il concrètement ?

Ce sont des montants qui paraissent colossaux, mais la réalité des choses, c’est que si l’office du tourisme du Qatar avait dû acheter des espaces publicitaires dans le monde entier, il aurait mis bien plus que 175 millions d’euros. Donc finalement, aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est une bonne affaire pour le Qatar. Concrètement, cela se matérialise par des stages de pré-saison et d’intersaison sur place ou par des visites médicales ou des séjours de remise en forme pour les joueurs blessés. Le Qatar a choisi le sport pour se créer une identité internationale. C’est un choix tactique, on parle de marketing d’Etat. C’est effectivement plutôt nouveau pour nous en France mais d’autres États le font, comme l’Azerbaïdjan, Cuba ou les Etats-Unis. 

  • En 2014, le contrat à hauteur de 200 millions d’euros entre les deux parties avait été jugé indécent par l’UEFA et le PSG avait écopé de sanctions financières. Cette fois, l’accord devrait être validé par l’instance du foot européen. Qu’est-ce qui a changé entre temps ?

Il y a deux saisons, il était très important pour le président de l’UEFA, Michel Platini à ce moment-là, de prouver qu’il ferait ce qu’il avait annoncé, c’est-à-dire appliquer le fair-play financier. Aujourd’hui, on se rend bien compte que ce système a des plus et des moins. Et ces nouveaux entrants, comme le PSG ou Manchester City sont, certes, des clubs qui sont capables de mettre beaucoup d’argent sur la table, mais l’économie du football a besoin de ce type d’acteurs, parce que quand Paris achète Cavani à Naples par exemple, les cartes sont redistribuées. Donc aujourd’hui, à la fois on a pu démontrer la véracité de ce partenariat financier, parce qu’il y a bel et bien une contrepartie pour QTA, et à la fois les acteurs du sport ont compris l’intérêt de voir les cartes redistribuées. Le fair-play financier contraint aussi les clubs à utiliser des joueurs formés localement, soit dans le club soit au niveau national, et finalement, si c’est au niveau national, il y a aussi une redistribution qui s’effectue. Donc si on regarde bien, tout le monde y gagne.

  • Comment se fait-il que Jean-Michel Aulas, le président de Lyon, accuse alors le Paris Saint-Germain de concurrence déloyale, en parlant de "dumping financier" ?

On peut considérer l’investissement de QTA dans le PSG comme une forme de dumping financier. Pour autant, c’est une approche que tous les groupes, tous les investisseurs ont eu par rapport à leur club. Historiquement, Robert-Louis Dreyfus était à la tête d’Adidas au moment où il rachète l’Olympique de Marseille (en 1996, ndlr). On peut également prendre pour exemple l’investissement du groupe PPR (Pinault-Printemps-Redoute) au moment où François Pinault rachète le Stade Rennais (en 1998, ndlr) et signe des contrats de sponsoring entre le club et différentes marques du groupe. Et puis en 1999, quand le groupe Pathé a investi dans le groupe OL, il me semble que Pathé était le sponsor de l’OL. C’est techniquement quelque chose qui n’est pas nouveau. C’est peut-être une question de proportion qui apparaît différente dans le cas du PSG. Et encore.