Voeckler: "Un Tour pour grimpeurs"

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Propos recueillis par François TESSON , modifié à
Présent ce mardi à Paris lors de la présentation du Tour de France 2011, Thomas Voeckler, leader de la future formation vendéenne Europcar (ex-Bbox Bouygues Télécom), se sait attendu lors des premières étapes courues en Vendée. Mais le champion de France admet que réaliser un exploit sera encore une fois compliqué, dans une édition 2011 a priori dédiée aux grimpeurs.

Présent ce mardi à Paris lors de la présentation du Tour de France 2011, Thomas Voeckler, leader de la future formation vendéenne Europcar (ex-Bbox Bouygues Télécom), se sait attendu lors des premières étapes courues en Vendée. Mais le champion de France admet que réaliser un exploit sera encore une fois compliqué, dans une édition 2011 a priori dédiée aux grimpeurs. Thomas, quel est votre regard sur le parcours de ce Tour 2011 ? C'est un beau tracé, dans le sens où il n'y aura pas le temps de s'ennuyer pour les spectateurs. Pas trop de temps morts. Dès les premières étapes, ça ne sera pas monotone, avec des difficultés avant les arrivées. Puis on enchaînera rapidement sur le massif central avant les deux gros massifs. C'est un parcours équilibré. Tout le monde aura sa chance. Mais il faut noter qu'il n'y a que 41 kilomètres de contre-la-montre individuel. C'est bon pour les grimpeurs. Cela devrait se jouer dans les ascensions. Il y a notamment plus d'arrivées au sommet, quatre contre trois l'an passé... C'est une vision assez globale, mais ça ne changera pas grand-chose au problème. Ce sont les coureurs qui feront la course. Il y a parfois des étapes de plus de 200 kilomètres avec 5 cols où il y a très peu de spectacle, alors que là l'étape du Galibier et de l'Alpe d'Huez ne fera que 109 kilomètres mais sera sûrement spectaculaire. Ça dépendra des conditions météo, de qui a le maillot, s'il y a des coureurs qui se détachent... Y-a-t-il des étapes que vous comptez aller reconnaître ? Je connais les Alpes quasiment par coeur, donc ce ne sera pas la peine. Sans être un grimpeur, je connais tous les virages du Galibier. Il sera plus intéressant d'aller reconnaître l'étape du Massif Central (Issoire - Saint-Flour le 10 juillet, ndlr). Mais il faut recadrer les choses. Je ne joue pas le général. Ne pas connaître la bosse, ne m'empêchera pas, si je suis échappé et que j'ai les jambes, d'aller gagner l'étape. En revanche, les coureurs qui jouent le général feraient bien d'aller repérer l'étape du Cap-Fréhel pour ne pas se faire surprendre. La fin de parcours est tortueuse et exposée au vent. "Je suis un coureur passe-partout" Certaines étapes, notamment en Vendée et en Bretagne, ont l'air très belles pour vous... Oui, mais le problème, c'est que ce qui correspond à mon profil correspond à la majorité des autres coureurs. Je suis un coureur passe-partout : nul nulle-part, mais extrêmement bon nulle part aussi ! Mais c'est vrai que ces étapes n'ont pas l'air pas mal pour moi. Mais si vous n'êtes pas motivé en Vendée, vous ne le serez jamais ! C'est clair. Mais de toute façon, quand vous êtes Français, si vous n'êtes pas motivé sur le Tour c'est qu'il y a un problème. Cette fois-ci, on démarre « à la maison ». Si on n'est pas motivé, autant rester chez soi à faire des barbecues ! J'ai déjà couru le Tour en Vendée, en 2005. J'étais échappé et j'avais pu prendre le maillot à pois devant le siège de l'équipe aux Essarts. Mais courir à domicile, c'est à double tranchant. Ça stimule mais cette année l'étape vendéenne ne me convient pas forcément. Au Mont des Alouettess, cela risque d'être une étape pour sprinteurs. Et ensuite il y a le contre-la-montre par équipes, où on ne pourra certainement pas rivaliser avec des équipes comme la Saxo Bank. Vous allez retrouver le Plateau de Beille, sur lequel vous aviez brillamment défendu votre maillot jaune en 2004... C'est la première fois qu'on y repasse depuis 2004. C'est maintenant, avec le recul, que je réalise ce qu'il s'était passé ce jour-là. Porter une nouvelle fois le maillot jaune peut-il être l'un de vos objectifs ? Non, pas vraiment. Évidemment, si l'occasion se présente, comme tous les coureurs, ce serait merveilleux pour moi de le revêtir à nouveau. Ce qu'il s'est passé en 2004, c'est la rareté qui en fait la beauté. Il faut quand même un concours de circonstances et de la réussite. Et j'ai quand même un peu moins de liberté qu'il y a 6-7 ans... "Le dopage ? J'ai l'impression que cela va de mieux en mieux" Avez-vous un favori pour cette édition 2011 ? Andy Schleck. Il y a beaucoup de montagne, peu de contre-la-montre, c'est taillé pour lui. Concernant l'absence d'Alberto Contador aujourd'hui, Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, a exprimé son désir de voir la décision de l'UCI arriver vite. C'est délicat de ne pas aborder le sujet. C'est le personnage n°1 du Tour de France. Mon avis est qu'il faut faire du tapage quand ça vaut le coup. Si la tricherie est avérée, au-delà de l'affaire Contador, il faut que les sanctions tombent. Si ce n'est pas avéré, on aura tapé sur le vélo pour rien. Indépendamment du cas Contador, cela fait 10 ans que je suis dans le cyclisme professionnel et j'ai l'impression que cela va de mieux en mieux, que les contrôles sont de plus en plus efficaces. Il n'y avait aucun contrôlé positif il y a 15 ans, je ne pense pas que tous les coureurs étaient propres. Pour résumer, cela va de mieux en mieux, il y a des mesures de prises, mais il ne faut pas croire que tout est parfait. Il faut garder foi en tous ces coureurs qui font leur métier proprement. Mais il faut être lucide. Heureusement, j'ai passé l'âge d'être découragé...