Scandale financier à Angers

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avec Jérôme Lacroix , modifié à
LIGUE 2 - Le jeune président du club, Willy Bernard, est soupçonné d'abus de biens sociaux.

Le SCO d'Angers vit un drôle de mois de février. Le 1er, le club se qualifiait avec autorité pour les quarts de finale de la Coupe de France aux dépens de Strasbourg (2-0). Moins de dix jours plus tard, son président, Willy Bernard, a subi près de 48 heures de garde à vue dans le cadre d'une enquête sur de possibles abus de biens sociaux.

Le plus jeune président de club pro de France, 32 ans, est soupçonné d'une ou plusieurs infractions financières : il s'agit "d'abus de biens sociaux principalement puisés dans les caisses du club soit au profit des sociétés qu'il gère, soit à son profit personnel", selon une source judiciaire citée par l'AFP. Déféré au parquet d'Angers jeudi, il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire en début de soirée, annonce Ouest-France.

Un préjudice de 1,35 million

Le préjudice global pour le club porterait sur "1,35 millions d'euros", sur lesquels une somme de 700.000 euros aurait déjà été remboursée. Interrogé par Ouest-France, le président du SCO conteste les sommes annoncées. "J'ai pris connaissance du contenu des articles parus dans la presse alors que j'étais toujours en audition. Je conteste par ce communiqué les chiffres qui ont été publiés", a-t-il déclaré jeudi. Il a été convoqué devant le tribunal correctionnel d'Angers le 8 avril prochain. Jusqu'à cette date, il lui est interdit de gérer le SCO, de quitter le territoire et d'entrer en contact avec des personnes données.

Ex-PDG d'AB fenêtres, société liquidée en décembre 2008, Willy Bernard a racheté le SCO en juin 2006 dont il est aujourd'hui l'actionnaire majoritaire (51%). Willy Bernard doit notamment s'expliquer sur un contrat de 400.000 euros qu'il a fait souscrire au club au profit d'une société spécialisée dans l'événementiel dont il a le contrôle. En outre, le bail du siège d'une autre de ses sociétés situé à Paris aurait été réglé par le club à hauteur de 144.000 euros.

La ville se porte partie civile

Partenaire financier du club auquel elle verse 610.500 euros de subvention par an, la mairie d'Angers s'est portée partie civile. "Depuis qu'il est arrivé, on n'avait pas eu de problème majeur, de finances. C'était calme, ça fonctionnait bien", explique au micro d'Europe 1 Michel Houbdine, adjoint au maire Jean-Claude Antonini. "Là, je suis déçu, nettement, on ne peut pas se douter de choses comme ça, même dans les bilans financiers donnés, parce que la DNCG elle-même ne l'avait pas vu. Je suis déçu aussi pour les Angevins."

Le frère de Willy Bernard, Jonathan, gérant de la société sise rue de la Boétie et spécialisée dans le photovoltaïque, et le manager du SCO, Olivier Pickeu, qui avaient été placés en garde à vue, ne seront pas poursuivis. Cet épisode judiciaire est le résultat d'une enquête de 18 mois liée à des "anomalies" - contrats "étranges" souscrits par le club, mais aussi location de jets privés, versement d'une prime non justifiée, etc. - qu'auraient signalées le commissaire au compte chargé de superviser la gestion du SCO, 14e du classement de Ligue 2, avec quatre points d'avance sur le premier relégable.