Lièvremont: "Toujours ambitieux"

  • Copié
Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Si ses récents propos sur l'état du rugby français, et notamment son Top 14, ont pu créer le malaise, voire même choquer, Marc Lièvremont persiste et signe à la veille de l'annonce de la liste des 30 mercredi pour les test-matches d'automne. Le sélectionneur national revendique le droit de tenir un discours lucide et franc, qui ne l'empêche pas de nourrir des ambitions toujours intactes pour le XV de France à un an de la Coupe du monde.

Si ses récents propos sur l'état du rugby français, et notamment son Top 14, ont pu créer le malaise, voire même choquer, Marc Lièvremont persiste et signe à la veille de l'annonce de la liste des 30 mercredi pour les test-matches d'automne. Le sélectionneur national revendique le droit de tenir un discours lucide et franc, qui ne l'empêche pas de nourrir des ambitions toujours intactes pour le XV de France à un an de la Coupe du monde. Marc, comprenez-vous que vos récents propos sur le rugby français ont pu créer un malaise à un an de la Coupe du monde ? J'ai voulu être à la fois lucide et franc, comme souvent dans mon discours. Je dis ce que je pense, à tort peut-être parce qu'à certains moments, on égratigne ou ça ne plaît pas. Il n'empêche que ça ne remet pas en cause en tout cas ma détermination, ça ne remet pas en cause l'envie que j'ai de gagner toujours plus avec ce groupe, qui a montré qu'il avait de la moelle et du potentiel. C'est un discours que je tiendrai à mes joueurs dès ce mois de novembre. Ce tableau très pessimiste que vous avez dressé a néanmoins pu passer pour un défaitisme malvenu de la part du sélectionneur national... C'était une réaction par rapport à ma situation, pas par rapport au statut de l'équipe de France, à ses ambitions ou sur cette saison de Coupe du monde. Si ça a été interprété comme ça, alors tant pis, ou alors je le regrette... Il est vrai que dans mon quotidien, durant cette période estivale, derrière une tournée de juin où ça s'est plus ou moins bien passé, c'est souvent extrêmement frustrant quand on compare avec l'organisation d'autres nations. Mais encore une fois, notre championnat présente de très bons côtés, le rugby français est devenu un peu l'Eldorado du rugby international. "Je suis tout le temps inquiet..." L'inquiétude que vous exprimez sur ce temps d'avance que possède le Sud... (il coupe) Mais je suis tout le temps inquiet, alors après je me dis: « M... ! », parce que ça peut passer pour un manque d'ambition. Mais je suis tout simplement, à mon sens, toujours ambitieux, mais exigeant aussi, et compétiteur. Le fait que j'ai très peu souvent mes joueurs à disposition et que je dresse un constat assez froid et lucide me conduit à effectuer des comparaisons entre le meilleur du rugby international et notre quotidien dans le Top 14. Mais le Sud a toujours eu un temps d'avance sur le Nord, on y gagne quand même que très rarement, mais ça arrive encore assez régulièrement pour qu'on croit en nos chances en Nouvelle-Zélande. Ce décalage, lié à l'interprétation des nouvelles règles, j'espère qu'on va le combler petit à petit. Mais ce ne sera pas une raison suffisante pour expliquer une forme de déséquilibre par rapport au jeu sur les matches que j'ai pu voir cet été. Selon vous, l'équipe de France n'et pas en mesure de rivaliser sur le registre des All Blacks ? En tout cas, pas directement, pas aujourd'hui. Parce que notre quotidien ne nous permet pas de passer d'un extrême à l'autre. Donc il va falloir nous faire violence, mais aussi travailler avec les spécificités de notre rugby français, qui n'est pas forcément le « french flair », dont beaucoup se sont inspiré et que beaucoup ont mis en avant, mais avec nos caractéristiques actuelles. Néanmoins, ce n'est pas quelque chose de nouveau. Est-ce vraiment le bon moment pour remettre ce sujet au coeur du débat et cela ne peut-il pas déstabiliser votre groupe ? Je le rappellerai à d'autres, même si je garderai la primeur de mes propos à mes joueurs. Mais je ne vois pas en quoi ça déstabiliserait mon groupe. C'est plutôt une forme d'adversité qu'il faut dépasser et qui nous rendra meilleur.