Gasperini, le gentil fantôme ?

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Olivier CORTINOVIS , modifié à
Appelé à pallier la fugue parisienne de Leonardo, Gian Piero Gasperini est déjà sous pression à l'heure où l'Inter Milan accueille la Roma, samedi à San Siro, pour le compte de la 3e journée de Serie A. Avec l'ancien entraîneur du Genoa aux commandes, et trois revers en autant de matches officiels, les Nerazzurri concèdent le plus mauvais départ de leur histoire depuis 1921. Autant dire que les jours du "Special Gasp" sont déjà comptés...

Appelé à pallier la fugue parisienne de Leonardo, Gian Piero Gasperini est déjà sous pression à l'heure où l'Inter Milan accueille la Roma, samedi à San Siro, pour le compte de la 3e journée de Serie A. Avec l'ancien entraîneur du Genoa aux commandes, et trois revers en autant de matches officiels, les Nerazzurri concèdent le plus mauvais départ de leur histoire depuis 1921. Autant dire que les jours du "Special Gasp" sont déjà comptés... Gasperini doit avoir les oreilles qui sifflent. Et pas uniquement à cause des quolibets, stridents et virulents, qui ont accompagné sa rentrée aux vestiaires après le hold-up de Trabzonspor, mercredi à San Siro, en Ligue des champions (0-1). Depuis ce troisième revers en autant de rencontres officielles, la liste de noms susceptibles de prendre sa succession s'allonge en même temps que son espérance de vie à la tête de l'Inter diminue. Les médias transalpins annoncent en effet la signature imminente d'un Claudio Ranieri ou même d'un Luis Figo, jusque-là ambassadeur du club, alors que les tifosi clament leur préférence pour le divin Roberto Baggio. C'est là leur seul point de distension car tous s'accordent en revanche à dire que celui qui siège sur le banc intériste depuis 270 minutes n'est pas l'homme de la situation. Alors, Gasperini, grossière erreur de casting ? Tout porte à croire que oui. A commencer par le contexte d'une arrivée aussi express qu'inattendue. En juin dernier, Massimo Moratti ne s'attend pas à ce que Leonardo, qu'il a couvé d'amour et d'eau fraîche, déserte son poste pour relever le challenge parisien. Et se trouve fort dépourvu quand la bise du Brésilien fut venue. Face à l'urgence et devant l'échec des négociations avec plusieurs pointures (Bielsa, Villas Boas, Mihajlovic), le président intériste se rabat sur celui dont Mourinho disait qu'il était "l'entraîneur qui (l)'a le plus mis en difficulté". Une référence, donc, mais aussi un choix par défaut qui contraste radicalement avec le profil de ses récentes conquêtes. Car là où un Mourinho ou un Benitez débarquaient en Lombardie avec un sacré palmarès et une personnalité alambiquée, Gasperini et son absence de référence se voit confier les rênes d'un grand d'Europe pour la première fois de sa carrière. Une aubaine pour cet "homme rangé" qui rêvait secrètement de franchir un palier après avoir ramené le Genoa au tout premier plan. Le soutien de Moratti Certains aficionados voyaient en ce choix un retour à la normale de l'Inter post-Calciopoli (4 titres entre 2007 et 2010) là où d'autres se plaisaient à croire que "Special Gasp" et l'enthousiasme de ses 53 printemps redonneraient au vestiaire lombard un second souffle après une dernière saison mitigée. "Je veux ramener de la sérénité dans l'équipe, explique-t-il lors de sa première conférence de presse. Je veux un groupe qui sache jouer aussi pour s'amuser. Et pour divertir les gens. Je ne veux pas avoir toujours l'inquiétude du résultat". Il va pourtant falloir faire avec ! A l'aulne de recevoir l'AS Roma d'un Luis Enrique, avec qui il partage les affres du bizutage, le Piémontais joue en effet ni plus, ni moins que sa tête. Et ce, même si Moratti fait (provisoirement) office de bouclier. "Son départ n'est pas d'actualité. Comment voulez-vous qu'il travaille sereinement si j'annonce que son avenir dépend du match de la Roma ? Laissons-lui le temps de travailler.". Ce genre de plaidoirie n'est pas vraiment bon signe quand on connaît un minimum le personnage de Moratti. Le volubile propriétaire de l'Inter avait défendu mordicus le bilan, pourtant pas fameux, de Benitez avant de le lâcher en décembre dernier sous la pression des tifosi. Il avait été beaucoup moins patient avec Marcello Lippi qu'il n'avait pas hésité à éjecter au bout d'une seule journée de championnat. Gasperini peut donc commencer à pointer au chômage d'autant que ses choix tactiques et notamment ses options défensives (système à trois centraux) ont déjà volé en éclats sous le dictat de Moratti. Une thèse, confirmée par le patron intériste, mais qui l'a plongé dans une colère noire mercredi, dirigée contre les journalistes, ces "gens qui ne connaissent rien au football". Un entraîneur qui blâme les critiques ras de pâquerettes du pays, des médias qui reprochent à l'entraîneur son incompétence. Le symbole que l'Inter de Gasperini ne tourne pas vraiment rond en ce début de saison.