Diarra, un train de retard

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LAURENT DUYCK , modifié à
Titulaire indiscutable sous Raymond Domenech, Lassana Diarra est l'autre victime, avec Jérémy Toulalan, du milieu de terrain en équipe de France depuis l'arrivée de Laurent Blanc au poste de sélectionneur. Un statut que le Madrilène se dit prêt à accepter chez les Bleus, moins au Real où il ne se satisfera pas longtemps de jouer un match sur deux...

Titulaire indiscutable sous Raymond Domenech, Lassana Diarra est l'autre victime, avec Jérémy Toulalan, du milieu de terrain en équipe de France depuis l'arrivée de Laurent Blanc au poste de sélectionneur. Un statut que le Madrilène se dit prêt à accepter chez les Bleus, moins au Real où il ne se satisfera pas longtemps de jouer un match sur deux... "On avait deux ou trois heures de retard. Il n'y a pas de quoi s'alarmer..." Peut-être pas... Mais, Lassana Diarra, réprimandé par Laurent Blanc, comme son coéquipier au Real Madrid, Karim Benzema, pour avoir raté l'heure du rassemblement lundi à Clairefontaine, n'a-t-il pas raté un rendez-vous plus important avec les Bleus ? Autrefois membre indéboulonnable du milieu de terrain de l'équipe de France avec Jérémy Toulalan, à une époque où Raymond Domenech avait fait de ce duo ses sentinelles à la récupération, le Madrilène ne sera, sauf improbable surprise, que remplaçant samedi au Stade de France face à la Roumanie. Oublié par Laurent Blanc, son ancien compère du milieu s'en contenterait. L'intéressé, contraint de renoncer à la Coupe du monde en raison d'un problème sanguin, n'est pas dupe, conscient d'avoir récupéré ce strapontin grâce à sa polyvalence... "Je peux rendre service en latéral droit mais avant tout je suis milieu", se lamentait-il quasiment, mardi à Clairefontaine. "C'est là que je m'exprime le mieux. Je veux qu'on sache que Lassana Diarra est milieu de terrain." Un secteur malheureusement bouché. En équipe de France où le trio Diarra-Diaby-M'Vila a impressionné les observateurs contre la Bosnie et séduit le sélectionneur qui veut le revoir à l'oeuvre. Et à Madrid où il est en concurrence avec Xabi Alonso et Sami Khedira. "Un champion du monde et un demi-finaliste de la Coupe du monde", comme il le souligne lui-même. Résultat, un statut d'intermittent du milieu. Que l'ancien Havrais, passé à côté face à la Norvège dans un match où il y avait pourtant beaucoup à gagner, semble plus disposé à accepter chez les Bleus qu'à la Maison Blanche. "Ils ont fait un match complet là-bas, c'est la réalité, dit-il à propos de ses coéquipiers tricolores. Maintenant, je sais ce que je peux apporter. Je suis à la disposition du coach. Je travaille tranquillement, il n'y a aucun souci." Un discours plus feutré que lorsqu'il évoque sa situation à Madrid. "Je ne suis pas au Real pour regarder les matches" "Honnêtement, je suis très fier de ma carrière. J'ai 25 ans et quand je regarde ce que j'ai fait, je suis content. Au Real Madrid, je joue un match sur deux. Il faut y être pour savoir ce que c'est", se défend-il. Avant d'être plus explicite concernant ses frustrations actuelles. "Dans quelques temps, j'en tirerai des conclusions. Si je suis satisfait pas de souci, sinon je ferais un bilan. J'aspire à jouer, comme tout le monde. Si je suis content ou pas ? Ça me regarde. Je ne suis pas au Real pour regarder les matches. Le moment viendra où je dirai ce que je pense, si je ne suis pas content, je ferai ce qu'il faut." Evoqué cet été, un départ semble de nouveau d'actualité. "Si je suis là, c'est parce que Mourinho voulait que je reste", précise Diarra, qui avait claqué la porte d'Arsenal, faute de temps de jeu suffisant à son goût, six mois après son arrivée en provenance du Chelsea d'un certain Mourinho... "Il n'y a pas que le foot qui m'a fait partir d'Arsenal", proteste-t-il. "Je ne suis pas dans le même état d'esprit qu'il y a trois ou quatre ans. Aujourd'hui, je ne me prends pas la tête, les gens me connaissent et ça ne me ferait pas peur de rejoindre un club moins important que le Real. J'ai 25 ans, j'ai déjà joué dans trois des dix meilleurs clubs au monde, j'ai réalisé presque tous mes rêves dans le football, alors je ne me plains pas. Être footballeur, c'est un très beau métier. Et puis vous savez, dans l'histoire du Real Madrid, il y a eu peu de Français qui ont réussi à s'installer longtemps. C'était plutôt des courts passages, hormis Zidane évidemment..." Lui d'abord Pourquoi ce malaise ? Pourquoi déjà envisager un départ ? "Il y a des petites choses qui me dérangent, mais je les garderai pour moi, déclare-t-il. En tout cas, contrairement à ce qui peut être dit ou écrit, je prends du plaisir au Real et je n'ai aucun souci avec mon entraîneur. José Mourinho sait ce que je pense..." Qu'il aime, Toulalan peut en témoigner, le contact du ballon plus que le replacement tactique ? Qu'il ne s'exprime jamais aussi bien que lorsqu'il est libre comme il l'était à Portsmouth ? "Au Real, tout le terrain est quadrillé et chaque joueur récite sa partition", avoue-t-il. "C'est dans l'état d'esprit...", ajoute un Diarra plus énigmatique que jamais. Le sélectionneur tricolore n'a-t-il pas la même ambition que l'entraîneur madrilène, avec lequel il échange par ailleurs beaucoup sur Benzema notamment, d'imposer une certaine rigueur tactique ? Lassana Diarra ne semble pas s'en soucier. Comme il ne placera pas l'intérêt de l'équipe de France avant le sien en cas de possible transfert. "C'est en fonction de soi, assume-t-il. Quand on est heureux et qu'on se sent bien, on donne le meilleur. Quoi que je fasse dans ma carrière, d'abord je le fais pour moi et ma famille. Tout ce que j'ai pu faire dans ma vie, je le fais pour moi d'abord." Loin, très loin des aspirations de Laurent Blanc...