Blanc n'a pas "entendu parler" de quotas

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avec AFP et la rédaction d'Europe 1 , modifié à
REACTIONS - Les acteurs du foot semblent surpris après les révélations de Mediapart.

Le football français a un temps semblé accuser le coup après les révélations de Mediapart. Jeudi, le site internet a révélé que les plus hautes instances de la Fédération française de football (FFF) auraient approuvé le principe de quotas discriminatoires dans les centres de formation du pays pour réduire la part de joueurs noirs ou arabes. Mais vendredi, certains démentent, comme Laurent Blanc, et beaucoup font part de leur scepticisme.

Deschamps au secours de Blanc

Mis en cause nommément dans l'enquête de Mediapart, Laurent Blanc a réagi vendredi à Bordeaux, en assurant n'avoir "pas entendu parler d'un tel projet" à la FFF. "En ce moment, les petits (gabarits) sont pénalisés, ce qui est discriminatoire", a remarqué le sélectionneur de l’équipe de France en faisant une analyse des pôles Espoirs et des centres de pré-formation. "Je veux permettre à ces jeunes joueurs qu'on ne soit pas radical. (…) "Ce qui me dérange le plus, c'est qu'on y ajoute des couleurs. Qu'on me reproche ce type de discrimination, ça me dérange", a-t-il commenté.

"A ma connaissance, il n'y a pas de projet", précise Blanc :

Le coach des Bleus a reçu le soutien de son ex-partenaire de l’équipe de France, Didier Deschamps. "Cela me paraît impossible de tenir de tels propos. Je connais bien Laurent Blanc aussi, et je ne peux pas croire à de telles réunions et décisions", a déclaré l’entraîneur marseillais. "On met en cause l'OM [Mediapart affirme qu'une discrimination cachée y est pratiquée au centre de formation, ndlr]. Mais regardez notre équipe. Nos joueurs viennent d'Afrique du nord, d'Afrique noire, d'Amérique du sud... Le sport est universel, il n'est pas question de discrimination."

"Ça me paraît tellement déplacé", estime Deschamps :

D’autres se montrent plus offensifs. "Aucun de nos dirigeants n'a jamais eu connaissance officiellement ou officieusement de pratiques de cet ordre, c'est faire insulte à notre sport et à ses responsables que de laisser entendre que ceci ait pu avoir cours et qui plus est être cautionné", a affirmé Jean-Pierre Louvel, président de l'UCPF, syndicat des clubs professionnels. "Si Mediapart dispose de preuves tangibles, nous demandons qu’elles nous soient communiquées et procéderons aux mesures qui s'imposent. Dans le cas contraire, nous nous réservons toute suite à donner à l'encontre de Mediapart".

L’affaire est remontée jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Sans commenter directement le fond, Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, s'est déclaré vendredi "viscéralement opposé à toutes les formes de quotas, a fortiori les quotas ethniques. Faire des quotas c'est la fin de la République", a estimé ce proche du chef de l’Etat. De son côté, la ministre des Sports, Chantal Jouanno, a estimé qu'il était complètement surréaliste et inimaginable que ça (le principe de quotas ndlr) puisse être cautionné ou validé à quelque niveau que ce soit."

"Le foot français n'est pas raciste", souligne Jouanno :

En attendant, pour faire toute la lumière sur cette affaire, Fernand Duchaussoy a annoncé l’ouverture prochaine d’une enquête interne. "Toute la lumière sera faite sur cette affaire, j'ai une confiance absolue en mes collaborateurs", a assuré le président de la FFF. "Nous allons faire une enquête interne, peut-être avec une direction du ministère de la Jeunesse et des Sports et peut-être avec une personne incontestable du monde du football".

"Ce n'est pas dans notre culture", déclare Duchaussoy :

Et le dirigeant a répété n'être au courant de rien. "On m'a parlé de réunion secrète, je ne peux pas tout savoir. C'est un sujet que j'ai découvert avec beaucoup de surprise jeudi, je suis tombé des nues, j'ai cru que c'était une plaisanterie de mauvais goût, a affirmé Fernand Duchaussoy. C'est une diatribe terrible qui m'a complètement indigné et meurtri".