Yachvili: "On ne lâche rien"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Avec à son actif plus de 60 % des points inscrits cette saison par le Biarritz Olympique, Dimitri Yachvili s'avère plus que jamais indispensable au club basque, dont le demi de mêlée et buteur est le grand artisan de la montée en puissance. Confortés par leur parenthèse européenne, les Biarrots veulent confirmer sur le front du Top 14 dès samedi, à Aguiléra, face aux Champions de France clermontois.

Avec à son actif plus de 60 % des points inscrits cette saison par le Biarritz Olympique (voir par ailleurs), Dimitri Yachvili s'avère plus que jamais indispensable au club basque, dont le demi de mêlée et buteur est le grand artisan de la montée en puissance. Confortés par leur parenthèse européenne, les Biarrots veulent confirmer sur le front du Top 14 dès samedi, à Aguiléra, face aux Champions de France clermontois. Dimitri, quatre essais inscrits au cours de la seconde période face à l'Ulster, peut-on parler de mi-temps référence pour le Biarritz Olympique depuis le début de saison ? Mi-temps référence, oui, au niveau des intentions offensives, on est parvenu à bien se trouver, à bien avancer sur les impacts et à bien libérer nos ballons en imprimant de la vitesse au jeu, chose qu'on n'avait pas su vraiment faire ces derniers temps. Donc une bonne mi-temps de ce point de vue, mais je n'oublie pas la première, qui a été bonne aussi par l'organisation défensive dont on a su faire preuve ; même sans être efficaces sur tous les plaquages, avec la solidarité de chacun, on a su rattraper les coups. Au final, ça fait un match très intéressant pour nous. N'en déplaise à certains, qui avaient pu mettre en cause votre préparation physique à une époque, le BO démontre des ressources impressionnantes. C'est l'autre enseignement positif de ces dernières rencontres, où vous parvenez à faire la différence après le repos... Ça prouve qu'on bosse bien physiquement, qu'un match ne se prépare pas uniquement d'un point de vue tactique, mais qu'il existe un gros travail physique derrière. C'est bien, il faut continuer, s'appuyer dessus, mais ne pas compter non plus que sur la dimension physique de notre jeu. Même s'il est certain que ça peut nous sauver des matches. "J'espère simplement que ça ne tient pas qu'à un fil..." Comment expliquer que cette Coupe d'Europe reste à ce point la parenthèse enchantée du BO. Avec ces deux victoires, n'avez-vous pas fait le plus dur ? Le plus dur, gagner à Bath, c'est certain, ça représente une grosse opération pour nous. Il fallait à tout prix savoir confirmer ce premier succès par une autre victoire contre l'Ulster, ça a été chose faite à domicile, qui plus est avec le bonus offensif à la clé. Il n'y a évidemment rien de fait, en Coupe d'Europe, ça reste toujours très fragile... Mais je dirais qu'on fait ce qu'il faut pour se placer de manière plus confortable et se mettre dans les meilleures dispositions pour continuer l'aventure dans cette compétition. Plus que la victoire dans le derby, est-ce que ce ne sont pas surtout vos trois victoires à l'extérieur lors de vos quatre derniers déplacements qui illustre le véritable coup d'envoi de votre saison ? Depuis le match à Perpignan, où on avait réussi à décrocher le bonus - et si on s'était imposé là-bas, il n'y aurait pas grand-chose à redire... - on ne lâche rien, depuis quelques semaines, on est déterminés, on est solidaires et surtout on n'a pas envie de perdre. C'est cet état d'esprit qui nous fait avancer ces derniers temps. Est-ce que la pseudo-crise du début de saison n'a pas malgré tout provoqué une prise de conscience pour ne plus céder à la sinistrose aux moindres vents contraires ? Oui, ça nous pollue, c'est vrai que c'est fatiguant de voir qu'il y a une crise au Biarritz Olympique à chaque fois qu'on perd un match. C'est plutôt pénible pour nous en tant que joueurs. Maintenant, on s'attache à se concentrer sur ce qu'on fait sur le terrain, sur notre implication dans l'équipe, sur l'aspect tactique d'un match, mais il est certain que c'est fatiguant. Avez-vous dans l'idée que le coup de gueule de Jean-Michel Gonzalez a contribué à cette prise de conscience non seulement au sein de l'effectif, mais dans toutes les composantes du club ? Non, je ne pas sûr que ça ait fait réellement du bien au groupe et à l'équipe. On a su se remettre en question seul en tant que joueur ; j'espère simplement que ça ne tient pas qu'à un fil et qu'à la prochaine défaite, ce sera encore la crise... C'est pour ça qu'on fait tout pour que ça n'arrive pas. "Il n'y a que le travail qui paye" Vous y contribuez largement. Ce « rôle bâtard » de buteur que vous évoquiez récemment, vous semblez actuellement l'assumer mieux que jamais. Peut-on perler d'une sorte de plénitude ? Plénitude, je ne sais pas... Ce qui est sûr, c'est que j'évolue derrière un pack qui avance ces derniers temps, un paquet d'avants vraiment impressionnant, qui avance sur les impacts, on possède une très bonne conquête. C'est plus facile pour moi de bien lancer l'attaque, c'est aussi pour ça qu'on entreprend un gros travail de domination physique de nos adversaires. En tout cas pour ce qui est des tirs au but, c'est derrière beaucoup de travail personnel aussi, beaucoup d'entraînement pour être le plus régulier possible. Espérons que ça continue, il n'y a que le travail qui paye. Sur cette responsabilité très forte qui vous incombe, c'est bien de voir revenir un joueur aussi décisif que peut l'être Damien Traille ? (enthousiaste) Bien sûr, bien sûr... Damien qui prend ses responsabilités sur le jeu au pied, ça nous décharge un peu et nous fait essentiellement du bien. C'est un cadre indiscutable de l'équipe, c'est bien pour lui et c'est bien pour nous. Si votre jeu d'attaque se met à place, c'est aussi une manière de vous enlever un peu de cette responsabilité énorme que vous endossez depuis le début de la saison en tant que buteur... C'est bien parce que ça nous manquait un peu. Quand on est en période de doutes comme on l'a été, en se reconcentrant d'abord sur les bases et la conquête, on a pris les choses dans le bon sens. La preuve aujourd'hui avec cette bonne conquête, plutôt que d'être euphorique et d'envoyer du jeu un peu partout, il vaut mieux savoir restreindre un peu le jeu et une fois qu'on l'a bien assimilé, prendre un peu plus de risques et avoir plus d'intentions offensives, chose qu'on a su faire le week-end dernier.