Wilkinson poussé vers la sortie...

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S.L., envoyé spécial , modifié à
A 32 ans, Jonny Wilkinson pourrait avoir disputé son dernier match sous le maillot de l'équipe d'Angleterre. L'ouvreur toulonnais, qui à la veille du quart de finale de Coupe du monde face à la France, se réjouissait à l'idée d'affronter le pays, où il a retrouvé la joie de jouer, a montré comme rarement ses limites sans jamais pouvoir peser sur l'issue du match. Sa réflexion quant à son avenir international s'annonce douloureuse.

A 32 ans, Jonny Wilkinson pourrait avoir disputé son dernier match sous le maillot de l'équipe d'Angleterre. L'ouvreur toulonnais, qui à la veille du quart de finale de Coupe du monde face à la France, se réjouissait à l'idée d'affronter le pays, où il a retrouvé la joie de jouer, a montré comme rarement ses limites sans jamais pouvoir peser sur l'issue du match. Sa réflexion quant à son avenir international s'annonce douloureuse. Les grands joueurs ne meurent jamais. Sans doute, mais le spectacle de leur chute a lui quelque chose de bien cruel. A voir samedi Jonny Wilkinson à ce point impuissant à enrayer la descente aux enfers de l'équipe d'Angleterre face à des Bleus déchaînés, il y avait comme un parfum de fin de règne. Au point qu'après un tel camouflet pour le XV de la Rose, réduit à égaler son pire résultat en Coupe du monde, on peut légitimement se demander si "Wilko" n'a pas disputer à l'Eden Park son dernier match international. Une question que le n°10 anglais se posera dès le coup de sifflet final, au micro de TF1, sans y apporter de réponse définitive: "Quant à savoir si c'était, ou non, mon dernier match sous le maillot anglais, je ne sais pas, c'est encore trop tôt pour le dire. C'est une décision très importante, je dois encore réfléchir ce qui sera le meilleur pour l'équipe d'Angleterre, pas pour moi." Le plus grand joueur anglais de la dernière décennie ne veut rien précipiter, surtout pas à chaud, et se laisser le temps de peser le pour et le contre avec l'intérêt collectif pour seule préoccupation. Lâché par Johnson et la fédération... Titulaire à l'ouverture face au XV de France et associé à son concurrent, Toby Flood, replacé au centre, Wilkinson n'aura jamais vraiment su se situer, les deux joueurs donnant l'impression le plus souvent de se marcher sur les pieds. Un flou tactique qui, avant que Flood ne succède à son aîné, remplacé à l'heure de jeu, et ne pointe un peu plus sa faillite par une capacité immédiate à redynamiser le jeu anglais, va rejaillir sur leurs coéquipiers, à l'image du demi de mêlée Ben Youngs déboussolé. Même le jeu au pied ne permettra pas à "Wilko" de se refaire. Déjà crédité d'un taux de réussite accablant avant cette demi-finale (45%), le champion du monde 2003, qui n'avait besoin que de sept points pour reprendre le record de points inscrits au niveau international à Dan Carter, ne transformera son seul et unique coup de pied de la rencontre qu'à la 55e minute de jeu. Ses 1 246 points pourraient rester à jamais gravés sur les tablettes. Si elle consacre le mauvais choix tactique de Martin Johnson, l'élimination de l'Angleterre marque aussi la fin d'une ère et avec elle d'une génération, celle des champions du monde 2003, dont Wilkinson restait l'un des derniers représentants au milieu d'une nouvelle vague, qui lors de ce Mondial pouvait donner l'impression d'un certain isolement du joueur toulonnais. Quand certains de ses partenaires défrayaient la chronique par leurs dérapages en dehors du terrain, lui préférait s'acquitter de bonne grâce des activités proposées par l'IRB, comme cette séance d'entraînement avec de jeunes collégiens néo-zélandais. Loin des frasques nocturnes et autres dérapages grivois de certains de ses coéquipiers, qu'il semblait dénoncer à mots couverts samedi: "On a essuyé beaucoup de critiques de l'extérieur, on a eu beaucoup de distractions. Mais c'est la Coupe du Monde et c'est dur." Exigeante comme Wilkinson ne cesse pourtant de l'être avec lui-même. Aussi impitoyable que sera la réponse d'un Martin Johnson, déjà cerné de questions dès la fin du match, sur son avenir et celui de son célèbre n°10: "C'est un joueur fantastique, on ne peut jamais dire: « Ce sera le dernier match. » Il y aura d'autres joueurs qui auront la possibilité de jouer à sa place." Et cette dernière appréciation qu'on jurerait en forme de condamnation: "Il faut toujours savoir saisir sa chance quand elle se présente, c'est pour ça que c'est très décevant." Wilkinson s'apprête lui à rentrer se ressourcer à Toulon, où il s'apprête à évoluer sous les ordres de Bernard Laporte. C'est depuis le Var qu'il pourrait officialiser une retraite internationale que le durcissement de la règle concernant l'éligibilité en équipe d'Angleterre -les exilés sont décrétés persona non grata- semble rendre un peu plus probable.