Une peur bleue !

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SYLVAIN LABBE , modifié à
L'équipe de France a remporté un succès important ce dimanche, à Dublin, en clôture de la 2e journée du Tournoi des VI Nations (25-22). Les Bleus, menés à la pause et coupables de plusieurs trous d'air inquiétants en défense, ont pourtant encaissé 3 nouveaux essais. Mais un essai de Médard, combiné à la botte de Parra puis de Yachvili, ainsi qu'une domination toujours pas démentie en mêlée, ont permis aux Tricolores d'assurer l'essentiel. Mais que ce fut dur...

L'équipe de France a remporté un succès important ce dimanche, à Dublin, en clôture de la 2e journée du Tournoi des VI Nations (25-22). Les Bleus, menés à la pause et coupables de plusieurs trous d'air inquiétants en défense, ont pourtant encaissé 3 nouveaux essais. Mais un essai de Médard, combiné à la botte de Parra puis de Yachvili, ainsi qu'une domination toujours pas démentie en mêlée, ont permis aux Tricolores d'assurer l'essentiel. Mais que ce fut dur... Et de sept ! Invaincus depuis sept matches dans le Tournoi, les joueurs de Marc Lièvremont peuvent envisager égaler le record en la matière pour une équipe de France de huit succès de rang. Il faudra pour cela s'en aller marcher sur Twickenham dans quinze jours. Mais ça c'est une autre histoire... Laissons ces Bleus de France, qui reviennent de trop loin pour ne pas goûter pareille performance, savourer cet instant. Une victoire à Dublin n'est pas anodine, même si force est de constater qu'après son heureuse victoire en Italie en ouverture de ce Tournoi, l'Irlande avec ce nouveau revers devant son public (22-25) se prépare des lendemains difficiles. Oui, ces Verts étaient un brin palots et les Bleus peinent encore à briller de mille feux, mais ce test probant, puisque c'en était un, permet au moins à Thierry Dusautoir, encore monstrueux ce dimanche, et ses coéquipiers de construire et de travailler pour l'avenir dans la sérénité. On se gardera en revanche de penser que les Champions d'Europe sont de retour à leur meilleur niveau. Ils en sont même loin, si fragiles dans l'adversité qu'on en viendrait presque à se demander comment tant de maladresses n'ont pas porté à plus de conséquences. Trois essais de plus dans la musette de la défense française, qui font six après l'Ecosse, suffisent à pointer les limites de l'exercice. Poitrenaud en souffrance Le dernier avertissement de Lièvremont avant ce choc dublinois exhortait ses troupes à en faire plus. Plus en attaque comme en défense. Force est de constater que les Bleus n'ont pas les moyens de respecter la parole de leur coach, pris à la gorge comme ils le sont dès les premières minutes. Les 22 mètres tricolores sont d'emblée transformés en maison de passes. Et si l'essai de Luke Fitzgerald est refusé pour un en-avant (3e), c'est reculer pour mieux sauter. Malgré tout, c'est sur une passe mal réceptionnée par Clément Poitrenaud suite à une relance audacieuse de Yoann Huget devant la ligne que les Verts frappent d'entrée. Un relais parfait au ras de Cap'tain O'Driscoll et Fergus McFadden fait déjà chavirer l'Aviva (7-0, 6e). Si le XV du Trèfle voulait se rassurer, il ne pouvait pas rêver entame plus idéale. Réagir et vite, les Bleus s'y emploient et leur première séquence, maîtrisée, à défaut de progresser, offre à Morgan Parra ses premiers points (7-3, 11e). Pas de quoi toutefois retrouver le sourire, d'autant que la mêlée tricolore, qui fait si peur aux Irlandais, est sanctionnée d'entrée ou presque. Sexton en profite (10-3, 15e). Alors que Poitrenaud, encore mal inspiré sur une nouvelle relance, vit un début de match plus que compliqué, la défense française se reprend et petit à petit renverse la pression adverse. Au point de placer par deux fois (18e, 22e) Parra en bonne position: le petit Caporal, bien dans son match, ne tremble pas et le XV de France revient sur les talons de son hôte (10-9). La furie irlandaise s'étiole à force de mauvais choix, à l'image du demi de mêlée, Thomas O'Leary, déjà sur la sellette. C'est presque logiquement que Parra donne pour la première le score aux siens à la demi-heure de jeu (10-12, 28e). On imagine alors les Bleus capables d'élever le curseur, selon le désir de leur sélectionneur, comme sur cette belle étincelle entre Aurélien Rougerie et Clément Poitrenaud (31e), mais bien au contraire, la Verte Eirin se réveille et d'une touche dans les 22 français fait un festin à pilonner la ligne adverse avec cet essai rédempteur de O'Leary, non transformé par Sexton (15-12, 38e). Pour une nouvelle absence du rideau français... Si fébriles ces Bleus que l'on voudrait retrouver aussi sûrs de leurs forces qu'ils l'étaient il y un an. Le drop contré, et pas loin de sourire à Imanol Harinordoquy (43e), d'un François Trinh-Duc jusqu'à présent très discret indique que rien n'est perdu... D'autant que Parra, toujours à 100%, sanctionne la faute au sol de Paul O'Connell pour égaliser (15-15, 50e). Médard frappe encore Le coaching de Lièvremont est à portée psychologique avec les entrées combinées de Chabal, mais aussi de deux des pires cauchemars du rugby irlandais, Sylvain Marconnet et Vincent Clerc ; en même temps qu'il confirme le duel en neuf avec l'entrée encore très tôt dans le match de Yachvili en lieu et place d'un Parra pourtant parfait (54e). Du sang neuf et enfin l'essai tricolore, derrière la mêlée française, que Rougerie, blackboulant Gordon D'Arcy, son vis-à-vis, initie d'une percée plein champ pour servir Maxime Médard, le Toulousain sorti de sa boîte pour inscrire son deuxième essai du Tournoi, que Yachvili souligne de deux points supplémentaires (15-22, 56e). Le meilleur marqueur du Top 14 a encore frappé et c'est toute l'Irlande qui vacille tout à coup. En même temps que La Marseillaise, qui retentit, réveille de bons souvenirs en bleu du vieux Lansdowne Road. En échec sur sa première tentative, Yachvili creuse l'écart sur la deuxième (15-25, 63e). Dix points pourtant effacés par les hommes du Trèfle au prix d'une séquence de « pick and go » incroyable à plus de vingt phases de jeu sur la ligne française jusqu'à l'essai en coin de ce diable de Jamie Heaslip, que le sauveur de la patrie, Ronan O'Gara, entré en jeu, transforme (22-25, 68e). On ne respire plus à Dublin dans cette fin de match, où les maladresses vont s'enchaîner avec un art consommé chez les Bleus à jouer à se faire peur. Une sainte trouille qui malgré tout garde le rêve de Grand Chelem intact.