Une année de natation

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Par Laurent Duyck , modifié à
Si tous n'ont déjà d'yeux que pour les Jeux Olympiques l'été prochain à Londres, Laure Manaudou comprise, nageurs et nageuses de la planète ont eu droit en 2011 à une répétition générale à l'occasion des Mondiaux de Shanghai. Une compétition ouverte à Cesar Cielo malgré la polémique, au cours de laquelle Ryan Lochte s'est payé le luxe d'éclipser Michael Phelps et qui a permis à l'équipe de France de confirmer son rang, portée notamment par Camille Lacourt et Jérémy Stravius.

Si tous n'ont déjà d'yeux que pour les Jeux Olympiques l'été prochain à Londres, Laure Manaudou comprise, nageurs et nageuses de la planète ont eu droit en 2011 à une répétition générale à l'occasion des Mondiaux de Shanghai. Une compétition ouverte à Cesar Cielo malgré la polémique, au cours de laquelle Ryan Lochte s'est payé le luxe d'éclipser Michael Phelps et qui a permis à l'équipe de France de confirmer son rang, portée notamment par Camille Lacourt et Jérémy Stravius. Nageur de l'année : Ryan Lochte Il avait crevé l'écran en 2010 à Dubaï avec six titres (200m, 100, 200 et 400m 4 nages, 200m dos, 4x100m 4 nages) et deux records du monde (200 et 400m 4 nages) à son compteur mais ce n'était que du petit bassin... Qu'à cela ne tienne, Ryan Lochte a remis ça cet été lors des Mondiaux de Shanghai. Loin d'être un inconnu de la planète natation (triple champion olympique, dix médailles d'or mondiales en grand bassin) mais trop souvent éclipsé par son compatriote Michael Phelps, le Floridien a enfin obtenu l'attention qu'il méritait. Pas seulement pour son look de surfeur et ses baskets vertes qui ont fait le bonheur des photographes en Chine, mais pour ses performances dans l'eau où ses coulées impressionnent et asphyxient ses adversaires. Avec cinq titres (200m nage libre, 200m et 400m 4 nages, 200m dos et 4x200m nage libre) en plus d'une médaille de bronze avec le relais américain du 4x100 en ouverture des Mondiaux, pour un record du monde (sur 200m 4 nages), le premier depuis la disparition des combinaisons, et surtout deux victoires sur Phelps (200m et 200m 4 nages), Lochte aura été l'homme de la semaine. Et donc, comme en 2010, le nageur de l'année pour la Fédération internationale (Fina). Reste à devenir l'homme des Jeux Olympiques... L'équipe de l'année : Equipe de France "Historique." Un mois après, Francis Luyce, le président de la Fédération française de natation, en avait encore plein la bouche à l'occasion de la traditionnelle conférence de rentrée. C'est vrai que les Bleus ont encore fait forts à Shanghai. Un an après Budapest et des championnats d'Europe déjà exceptionnels en termes de récompenses (21 médailles, dont huit en or, 7 en argent et 6 en bronze), l'équipe de France a confirmé en Chine son statut de première nation européenne derrière les Etats-Unis (29 médailles dont 16 en or), la Chine (14, 5), le Brésil (3 médailles d'or) et l'Australie (13, 2). Mieux, avec dix médailles dont deux en or, la France a battu à cette occasion son record dans des championnats du monde qui datait de Melbourne en 2007 (six médailles dont deux titres). Un bilan plus que très bon, qui aurait pu toucher à l'exceptionnel si les deux titres récoltés ne faisaient pas en réalité qu'un seul, Jérémy Stravius et Camille Lacourt étant montés de concert sur la plus haute marche du podium sur 100 mètres dos (voir ci-dessous). Prometteur, quoiqu'on en pense, pour les JO de Londres... La polémique de l'année : Cesar Cielo Cesar Cielo devait-il être autorisé à participer aux Mondiaux de Shanghai ? Comme le public chinois, partagé entre sifflets et applaudissements au moment de saluer ses deux nouveaux titres mondiaux (50m nage libre et 50m papillon), le monde de la natation était divisé sur la question. Certains ne se sont pas privés de conspuer le Brésilien, d'autres de baisser le pouce à son passage. Certains se moquaient de sa présence, Frédérick Bousquet, qui a longtemps été son coéquipier d'entraînement, s'en félicitait. "Il est là, c'est cool !", disait-il au moment d'apprendre la nouvelle. Contrôlé positif, comme trois de ses compatriotes, à un diurétique (un produit masquant) en mai lors d'une réunion à Rio de Janeiro, le maître du sprint (jusqu'à l'avènement à Shanghai de l'Australien James Magnussen, titré sur 100 mètres) n'avait écopé que d'un simple avertissement de la part de la Fédération brésilienne, laquelle a jugé crédible la défense de son nageur (contamination par un complément alimentaire). Une non-sanction confirmée à la veille des Mondiaux par le Tribunal arbitral du sport (TAS), invité par la Fédération internationale de natation (Fina) à se pencher sur le cas du Brésilien. Ce n'est pas cher payé... ou plutôt si : deux médailles d'or mondiales ! Le match de l'année : Stravius-Lacourt 52"76 pour l'éternité ! Pas un centième de plus, pas un de moins. Rien n'a pu séparer Jérémy Stravius et Camille Lacourt ce 26 juillet 2011 au bout de 100 mètres d'efforts sur le dos. La France attendait son premier champion du monde de l'histoire, elle en aura deux ! Indissociables, la Fina se refusant le droit de fouiller au millième près (le chronométreur officiel est le seul à véritablement connaître le vainqueur...). La présence du Marseillais, triple champion d'Europe à Budapest (50 et 100m dos, 4x100 4 nages), sur la plus haute marche du podium n'est alors pas une surprise, même s'il a eu du mal en cette année 2011 à digérer son statut de nouvelle star de la natation tricolore, pour preuve sa deuxième place, « seulement », sur 50 mètres dos. Celle à ses côtés de l'Amiénois est une promesse, ce dernier s'imposant comme la révélation française de ces Mondiaux, fort de ses deux médailles d'argent obtenues avec les relais 4x100 et 4x200 mètres nage libre. Les deux hommes, qui se respectent à défaut d'être complices, se retrouveront en mars à Dunkerque (du 18 au 25) pour les championnats de France. Avant une nouvelle explication olympique à Londres ? Le voeu pour 2012 : Que Manaudou réussisse son pari Sa véritable sortie, lors des Jeux Olympiques 2008, avait fait peine à voir. Complètement perdue, dans l'eau comme en dehors, dépassée par son statut d'icône de la natation tricolore, bouleversée dans ses amours et dans ses désirs de femme, Laure Manaudou s'était noyée à Pékin, septième du 100 mètres dos, huitième et dernière de la finale du 400 mètres, sa distance de prédilection qui lui avait d'être championne olympique quatre ans plus tôt à Athènes. Après deux ans et demi d'une première retraite, le temps de donner naissance à une fille, la compagne de Frédérick Bousquet a été rattrapée par le virus de la compétition. Un retour louable, que d'autres ont fait avant elle. Mais sera-t-elle prête à temps, c'est-à-dire pour les championnats de France de Dunkerque du 18 au 25 mars qualificatifs pour les JO de Londres ? On l'espère, pour elle, pour tout ce qu'elle a apporté à la natation française, pour le spectacle, même si on en doute...