Une année de golf

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Par Thomas Siniecki , modifié à
Si l'année 2011 a été marquée par la poursuite de la déliquescence puis un début de renaissance pour Tiger Woods, l'éclosion de Rory McIlroy et la formidable régularité de Luke Donald ont également marqué les esprits. Les Européens dans leur ensemble ont confirmé leur domination nouvelle sur le golf mondial, pendant que Bubba Watson, en France, s'emportait contre les conditions de jeu sur le Vieux continent.

Si l'année 2011 a été marquée par la poursuite de la déliquescence puis un début de renaissance pour Tiger Woods, l'éclosion de Rory McIlroy et la formidable régularité de Luke Donald ont également marqué les esprits. Les Européens dans leur ensemble ont confirmé leur domination nouvelle sur le golf mondial, pendant que Bubba Watson, en France, s'emportait contre les conditions de jeu sur le Vieux continent. Le golfeur de l'année: Luke Donald La suprématie est absolue. Luke Donald n'a pas laissé la moindre miette en tête des classements en 2011, et l'Anglais devient le premier joueur de l'histoire à finir l'année à la première place des deux circuits. Comme une évidence, Donald termine aussi n°1 mondial, avec une large avance sur son dauphin: 10,03 pour lui, contre 8,06 pour son compatriote et dauphin Lee Westwood. Le gouffre qui le sépare de Rory McIlroy sur le circuit européen est tout aussi monstrueux: 5 323 400 euros pour Donald, un tout petit peu plus de quatre millions pour McIlroy. Moins archi-dominateur sur le PGA Tour, le monstre de régularité a tout de même amassé 6 683 214 dollars, contre 6 347 353 dollars pour son plus proche poursuivant, Webb Simpson. Logiquement élu joueur de l'année sur les deux circuits, le glouton termine avec un bilan sportif édifiant, majestueux: 10 fois classé dans le top 10 en 13 tournois sur l'European Tour, il a gagné à trois reprises (dont un WGC et l'Open d'Ecosse). Sur le circuit américain, Donald a terminé dans les 10 premiers à 14 reprises, sur 19 tournois disputés (dont certains couplés aux deux calendriers, comme les Majeurs ou les WGC) pour une victoire fin octobre à Disney World, qui lui a d'ailleurs permis de recevoir le trophée des mains de Donald... Duck. Au pays de la magie et du rêve, l'Anglais a dû penser à son étoile pour l'instant inaccessible, à savoir le gain d'un Majeur. L'équipe de l'année: Europe La tendance avait déjà été très largement ébauchée en 2010, elle s'est confirmée l'année suivante. Déjà victorieux de la Ryder Cup l'an passé, les golfeurs européens ont à nouveau régné sur le jeu. Les joueurs extérieurs au Vieux continent ont quand même remporté deux Majeurs sur quatre, avec Charl Schwartzel au Masters et surtout Darren Clarke à l'USPGA, qui a mis fin à une disette de six tournois sans victoire pour les Américains. Mais avec un quatuor 100% européen en tête du classement mondial, il n'est nul besoin de tourner en rond pour désigner les grands vainqueurs de ce millésime. Derrière Donald et Westwood, McIlroy et Martin Kaymer devancent en effet l'Australien Adam Scott et Steve Stricker, représentant n°1 des Etats-Unis à la 6e place. A la même époque l'an passé, Tiger Woods était encore 2e, Phil Mickelson 4e et Jim Furyk 5e. Alors que l'Europe devra défendre son titre à l'extérieur en septembre prochain lors de la Ryder Cup 2012, le ton est donné. Et le symbole est remarquable, l'année de la mort de l'immense Severiano Ballesteros, six fois vainqueur de la plus prestigieuse des compétitions en tant que joueur (1979, 1983, 1985, 1987, 1989 et 1995), et une fois en tant que capitaine (1997). Le tournoi de l'année: US Open Plus que le tournoi en lui-même, c'est son vainqueur qui a marqué un tournant dans l'histoire du golf mondial. Jeune phénomène de 22 ans, successeur annoncé de Woods, McIlroy a survolé l'US Open avec une aisance qui en dit long sur les incroyables possibilités du bonhomme. Si ce Majeur ne fut pas le plus indécis qui soit, loin de là, c'est justement cette marge incroyable et cette maturité qui ont fait de ce week-end de juin un moment rare. Le Nord-Irlandais, qui s'était écroulé au Masters d'Augusta deux mois plus tôt - en terminant en 80 alors qu'il disposait de quatre coups d'avance au départ du dernier tour - a réagi avec fracas sur les greens du parcours de Bethesda. Non content de devenir le plus jeune joueur de l'histoire à remporter l'US Open, à 22 ans et un mois, il a également signé le record de la compétition en finissant à -16 sous le par. Ces deux références appartenaient précédemment à Jack Nicklaus et au "Tigre" Woods. Rien que ça. Il est également devenu le sixième joueur à mener un US Open de bout en bout, et le premier depuis 1994 à jouer les quatre tours sous le par (65, 66, 68 et 69). "Woods était peut-être un poil plus fort mentalement au même âge, mais techniquement, je pense que McIlroy, à 22 ans, est meilleur, nous indiquait Grégory Havret peu après cet incroyable succès. Je ne suis même pas sûr que Woods ait déjà aussi bien joué que ça." Rien à ajouter. La polémique de l'année: Bubba Watson à l'Open de France Quand un Américain débarque à Paris, ça ne se passe pas toujours forcément bien. Dans le monde très codifié et fair play du golf, il est souvent bien difficile de trouver trace du moindre commencement de polémique, alors le fantasque Bubba Watson s'en est chargé lors de l'Open de France. Sorti après deux tours à Saint-Quentin-en-Yvelines, avec un médiocre score de +6 (74+74), l'Américain notait ainsi des différences notables avec le circuit PGA: "Ce n'est pas un tournoi normal. Il y a des caméras, des téléphones, il y a de tout. Il n'y a pas de sécurité. C'est difficile de marcher d'un trou à l'autre, il n'y a pas de barrières. Je ne suis pas habitué à ça (...) A chaque départ, il y a écrit: 'Pas de téléphones, pas de caméras.' Et à chaque départ, il y en a des centaines." Impossible de savoir si le discours de l'Américain aurait été différent s'il avait passé le cut... Thomas Levet, vainqueur magnifique de l'Open de France, expliquait après coup: "Quand on est dans le coup, on ne sent rien, c'est quand on n'y est pas que c'est difficile à avaler. Les mots de Watson, c'était plus de la frustration qu'autre chose." La maladresse, toutefois, semblait évitable. Même si elle a au moins eu le mérite de bousculer l'ordre très établi de la petite balle blanche. Le voeu 2012: Tiger Woods gagne un Majeur Et si Thousand Oaks était le début de tout ? Le début d'une deuxième vie, d'une rédemption qu'attend impatiemment la planète sportive dans son ensemble. Vainqueur de son premier tournoi depuis plus de deux ans et 26 apparitions en compétition, Woods a offert un récital qui a forcément rappelé des souvenirs impérissables à tous les fans de golf. Mené d'un coup au départ du n°17, le "Tigre" a terminé sur deux birdies, avec un putt d'exception en prime. Classé 4e du Masters, la légende vivante avait manqué le cut à l'USPGA en août, juste après son retour de blessure qui l'avait tenu éloigné de la compétition durant près de deux mois, et lui avait notamment fait manquer le British Open. La superstar s'est alors recentrée sur son jeu, et surtout sur l'entraînement, trois mois durant. Comme par enchantement, le résultat a immédiatement suivi. "Je pense que si je fais une belle année en 2012, je peux être dans les cordes pour être élu come-back de l'année", déclarait l'intéressé non sans humour juste après sa victoire à Thousand Oaks, pour le site du PGA Tour. En cas de victoire sur un Majeur, ce serait bien plus que ça. La tornade médiatique serait peut-être même sans précédent dans l'histoire du jeu.