Une année de cyclisme

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Par François Quivoron , modifié à
L'omnipotent Philippe Gilbert, l'insaisissable Mark Cavendish, l'imprévisible Thomas Voeckler et l'énigmatique Alberto Contador, voilà quelques-uns des grands noms de la saison 2011. Des classiques aux Mondiaux, en passant par le Tour de France, les douze derniers mois ont offert de bien belles explications que l'on espère revoir en 2012, année olympique.

L'omnipotent Philippe Gilbert, l'insaisissable Mark Cavendish, l'imprévisible Thomas Voeckler et l'énigmatique Alberto Contador, voilà quelques-uns des grands noms de la saison 2011. Des classiques aux Mondiaux, en passant par le Tour de France, les douze derniers mois ont offert de bien belles explications que l'on espère revoir en 2012, année olympique. Le coureur de l'année: Philippe Gilbert A l'heure de désigner le meilleur coureur de la saison 2011, il n'est pas nécessaire de se triturer les méninges tant Philippe Gilbert a fait preuve d'une étonnante domination. Avec 18 victoires au compteur, dont un fabuleux triptyque ardennais (Amstel Gold Race, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège), un succès d'étape sur le Tour de France et une journée avec le maillot jaune, les titres de champion de Belgique de la course en ligne et du chrono, le rang de n°1 mondial au classement UCI et le Vélo d'Or 2011, le Belge a tout écrasé sur son passage. Interrogé par Vélo Magazine, Gilbert retient deux moments forts: "La période des Ardennaises parce que ma série était assez phénoménale. (...) Et puis ce que je retiens également, c'est la série du 13 avril au 2 juillet où je n'ai pas été battu. C'est extrêmement long." Rarement un coureur n'a dégagé une telle confiance en lui et une telle crainte chez ses adversaires, pour beaucoup battus d'avance quand ils avaient Gilbert à leur côté. En 2012, dans sa nouvelle équipe BMC, il aura une sacrée pancarte. Mais son tempérament de compétiteur pourrait le propulser encore au sommet et pourquoi pas gagner les principales courses qui manquent à son palmarès (Milan-San Remo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix et le Championnat du monde). L'équipe de l'année: HTC-Highroad Dans le sillage de Mark Cavendish, la formation HTC-Highroad a une nouvelle fois cannibalisé les victoires. Son total de 53 succès, dont 14 pour le seul sprinteur britannique et nouveau champion du monde sur route, tout au long de la saison est impressionnant. Tony Martin, spécialiste du contre-la-montre et médaillé d'or de l'effort solitaire à Copenhague, y a aussi grandement contribué en décrochant douze victoires. L'équipe américaine a surtout fait preuve d'une étonnante régularité, en décrochant les lauriers un peu partout dans le monde, de la première épreuve (Tour Down Under avec Matthew Goss) à la dernière (Chrono des Nations avec Martin). Ce copieux festin n'a pas empêché le sponsor principal de se retirer du cyclisme professionnel à l'issue de la saison. Une décision qui a placé sur le marché des transferts des coureurs très demandés, comme Cavendish, recruté par le Team Sky, et Martin, l'un des futurs leaders de l'équipe Omega Pharma-Quick Step. La course de l'année: Issoire - Saint-Flour (9e étape du Tour de France) Rarement une course n'avait accumulé autant de faits marquants. La neuvième étape du Tour de France entre Issoire et Saint-Flour, longue de 208 kilomètres, a proposé un scénario incroyable, dans son développement comme dans son épilogue. Pas verni depuis le départ de la Grande Boucle en Vendée, Alberto Contador chute une nouvelle fois, sans gravité. Rien à voir avec celles dont sont notamment victimes Alexandre Vinokourov et Jürgen Van den Broeck dans la descente hasardeuse du col du Pas de Peyrol. La visibilité réduite provoque des chutes en série et le Belge, candidat au podium, ne s'en relève pas, touché par une fracture de l'omoplate. Vinokourov, lui, se brise la hanche et le fémur en tombant quelques mètres plus bas dans le fossé, avant d'être relevé par ses coéquipiers et de quitter le Tour. A l'avant de la course se produit ensuite l'impardonnable maladresse d'une voiture suiveuse siglée France Télévisions qui tente de doubler les coureurs échappés mais, dans un écart de trajectoire, balance littéralement Juan Antonio Flecha et Johnny Hoogerland, ce dernier finissant sa cabriole dans les barbelés. Thomas Voeckler, Sandy Casar et Luis Leon Sanchez évitent l'accident de peu. L'Espagnol remporte finalement cette étape dantesque devant Voeckler, qui s'empare du maillot jaune pour ne le lâcher qu'à deux jours de l'arrivée à Paris, où Cadel Evans a triomphé pour la première fois de sa carrière. Etape 9: Issoire-Saint Flour par tourdefrance La polémique de l'année: Le marathon judiciaire de Contador Près de dix-sept mois après les faits, la suspicion qui entoure Alberto Contador n'est toujours pas levée. La sera-t-elle un jour ? Rien n'est moins sûr. Son contrôle anormal au clenbutérol sur le Tour de France 2010 a largement écorné l'image du champion espagnol, qui ne l'a pas améliorée en soutenant la thèse d'une contamination alimentaire en guise de défense. Mais le flou qui entoure cette affaire a été entretenu par les instances dirigeantes du cyclisme international : la Fédération espagnole d'abord, en blanchissant le triple vainqueur de la Grande Boucle, puis le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui a reporté le plus possible l'audience de Contador après l'appel formulé par l'Union cycliste internationale (UCI) et l'Agence mondiale antidopage (AMA). Initialement programmé en juin, puis fin juillet, le passage du Madrilène devant ses juges a eu lieu fin novembre. Et la décision ne sera rendue qu'en janvier. Un marathon judiciaire qui dessert la crédibilité d'un sport miné par les affaires de dopage mais sur la voie de la rédemption. Le voeu 2012: Une grande victoire française Un succès tricolore sur le Tour de France est peut-être encore présomptueux, même si Thomas Voeckler s'en est approché l'été dernier. Mais les organisateurs de la Grande Boucle ont décidé de favoriser les audacieux en juillet prochain. Alors pourquoi pas. Les victoires du contingent français ont été nombreuses en 2011, mais aucune des principales épreuves du calendrier ne lui a souri. Pas de podium sur les grands Tours (Voeckler 4e du Tour, comme John Gadret sur le Giro), pas de succès dans les classiques (Sylvain Chavanel 2e de Tour des Flandres). Sans doute ne faut-il pas trop rêver pour les trois grandes courses à étapes de la saison, autant que pour les Jeux Olympiques promis à Mark Cavendish. Mais la valeur intrinsèque de certains coureurs français peut leur ouvrir de belles perspectives: Chavanel dans les courses d'un jour, Pierre Rolland dans les courses à étapes, peut-être l'excellent grimpeur Thibaut Pinot et le talentueux Tony Gallopin.