Un volcan s'éveille

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Sous pression sur leur pelouse de Marcel-Michelin, où leur manque de réussite loin de leurs bases les contraint à un sans-faute, les champions de France clermontois ont signé samedi un match référence pour surclasser (27-3) le Stade Français, invaincu depuis cinq matches. Une victoire assortie du bonus offensif qui pourrait bien avoir lancé la saison de l'ASM, à l'image d'un Morgan Parra, auteur de 13 points, dont l'un des trois essais clermontois.

Sous pression sur leur pelouse de Marcel-Michelin, où leur manque de réussite loin de leurs bases les contraint à un sans-faute, les champions de France clermontois ont signé samedi un match référence pour surclasser (27-3) le Stade Français, invaincu depuis cinq matches. Une victoire assortie du bonus offensif qui pourrait bien avoir lancé la saison de l'ASM, à l'image d'un Morgan Parra, auteur de 13 points, dont l'un des trois essais clermontois. "L'important était de se retrouver, de se régaler et de tenter beaucoup de choses, de les réussir aussi. Aujourd'hui, on a tenté jusqu'au bout." Il est heureux Julien Malzieu au micro de Canal+. Et il y a de quoi pour l'ailier clermontois qui, s'il n'a pas amélioré son total de cinq essais inscrits depuis le début de la saison, a pris sa part, comme chacun de ses partenaires, à la victoire bonifiée (27-3) des Champions de France ce samedi, à Marcel-Michelin, face au Stade Français. Clermont cherchait un match référence, ça tombe bien, l'ASM l'a sans doute trouvé face à des Parisiens qui, longtemps, auront pointé les insuffisances du début de saison des Auvergnats. Une récurrente incapacité à transformer des intentions évidentes, mais trop stériles, qui laissaient à la pause les Auvergnats sous la menace d'un Stade Français accrocheurs, à défaut d'être vraiment dangereux. Lionel Beauxis l'admettra aisément au coup de sifflet final: "On a été trop juste dans notre jeu, on a commis trop de fautes, rendu trop de ballons, dont on sait que les Clermontois savent très bien les utiliser. Ça fait mal..." Très mal même pour une équipe de la capitale, qui aura fini par se perdre totalement. Là où Clermont s'est retrouvé. "Même si on a eu du mal à scorer en première période, on était confiants dans notre jeu et sur nos bases. Même si on en a perdus beaucoup, on a su garder la main sur le ballon. La qualité et la fraîcheur des remplaçants a fait la différence. On est contents ce soir." Paris cède après le repos Les Clermontois l'ont dit et répété au cours de la semaine: leur frustration, née de leurs courts échecs répétés à l'extérieur, a atteint des limites. Quoi de mieux dès lors que de retrouver l'écrin de Marcel-Michelin pour se remettre la tête à l'endroit, à condition de ne pas finir par y subir une pression légitime à devoir défendre cette précieuse invincibilité à domicile... Les Champions de France y semblent totalement imperméables au cours de vingt-cinq premières minutes menées tambour battant face à des Parisiens qui sont dans l'impossibilité de mettre la main sur le ballon. Des munitions confisquées, qui permettent à l'ASM d'allumer ça et là des étincelles, mais sans jamais parvenir à déborder la défense adverse. Au moins, Morgan Parra est-il lui bien réglé face aux perches et de deux coups de pied gagnants (3e, 13e) à plus de trente mètres permet à ses troupes de faire la course en tête (6-0). Mais Paris s'enhardit, à l'image de son capitaine Sergio Parisse, qui par deux fois au cours de cette première période, fausse compagnie à la défense clermontoise, mais par deux fois aussi oublie ses extérieurs (16e, 27e). Une seconde action sur laquelle Mathieu Bastareaud, sans doute soucieux de montrer aux sélectionneurs du XV de France qu'ils se sont trompés à son sujet, mais loin d'aider son équipe, joue vite ce ballon à cinq mètres de la ligne, trop vite puisqu'il le joue... avec la cuisse et rend cette trop rare munition aux Clermontois. Au regard de l'investissement consenti par l'ASM dans ce premier acte, ces six points d'avance ne sont, c'est peu de le dire, pas cher payé. A l'image de leur début de saison, Rougerie et ses coéquipiers souffrent encore d'un manque évident de concrétisation de leurs intentions, que confirme Parra sur ce premier échec au pied aux 35 mètres, légèrement décalé face aux barres. Le public de Marcel-Michelin a des raisons de s'inquiéter à la pause... Comme pour mieux instiller le doute dans les esprits clermontois, Lionel Beauxis, d'un drop qui doit beaucoup à l'abnégation de son capitaine Parisse dans la récupération, ouvre le score de son équipe dès la reprise (6-3, 43e). La menace se précise pour l'ASM qui voit pourtant comme une aubaine l'arbitre-assistant signaler un plaquage à retardement peu évident de Parisse sur Morgan Parra. M. Rebollal sort le carton jaune et laisse Paris à quatorze (46e). La sanction est immédiate et l'arbitre aggrave son cas auprès des joueurs de la capitale avec cette obstruction involontaire sur les défenseurs parisiens, qui contribue à ouvrir la voie de l'essai à Parra (13-3, 47e). Si le demi de mêlée des Bleus cherchait son match référence, il l'a peut-être trouvé. D'autant que rien ne sourit au Stade Français avec cette pénalité des 58 mètres sur laquelle Martin Rodriguez trouve le poteau (53e). Ce match bascule pour de bon avec ce mouvement d'envergure qu'initie Rougerie, prolonge Napolioni Nalaga, parfait au raffut sur Ollie Phillips, avant que le jeu ne rebondisse sur la largeur et d'une série de passes au cordeau n'atteigne en bout de ligne le talonneur Ti'i Paulo, auteur du deuxième essai clermontois, que transforme Parra (20-3, 56e). Paris a abdiqué et Clermont va porter le fer jusqu'au bout dans la plaie avec sur l'ultime action à la sirène un essai venu du bout du monde. "Cette année, on a un super banc", se félicite Malzieu. Les remplaçants clermontois le prouvent avec cette relance de Gonzo Canale le long de la ligne de touche, qui distance Bastareaud, s'offre au relais de Paulo, avant que Vincent Debaty, autre suppléant, n'aplatisse le troisième essai du bonus offensif. Cinq points qui signent le retour du Champion aux affaires !