Un rêve de finale

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Encore marquée cette semaine par une alerte au tsunami, conséquence d'une activité sismique incessante, la Nouvelle-Zélande, dans l'attente de la Coupe du monde, espère un premier titre samedi, à l'occasion de la somptueuse finale du Super 15 (11h40, heure française). Face aux Reds du phénomène Quade Cooper, les Crusaders de Richie McCaw chercheront, comme tout au long de la saison, à honorer la mémoire des victimes du séisme de Christchurch.

Encore marquée cette semaine par une alerte au tsunami, conséquence d'une activité sismique incessante, la Nouvelle-Zélande, dans l'attente de la Coupe du monde, espère un premier titre samedi, à l'occasion de la somptueuse finale du Super 15 (11h40, heure française). Face aux Reds du phénomène Quade Cooper, les Crusaders de Richie McCaw chercheront, comme tout au long de la saison, à honorer la mémoire des victimes du séisme de Christchurch. Ils ont fait un long voyage. Les Crusaders reviennent de loin, de très loin. 114 000 kilomètres très exactement. C'est la distance parcourue par la province néo-zélandaise au cours de ce Super 15, nouvelle formule, pour rejoindre samedi, après 141 jours de compétition et un total de 124 matches joués, le Suncorp Stadium de Brisbane et cette finale de rêve, qui opposera l'antichambre des All Blacks, équipe la plus sacrée dans l'histoire de l'épreuve (sept titres au total), aux Reds du Queensland, premiers de la conférence australienne et leaders de la saison régulière, dont e sera la première apparition à ce niveau. Orphelins de l'AMI Stadium, leur antre historique frappé de plein fouet et dévasté comme toute la ville de Christchurch par le séisme du 22 février dernier, Richie McCaw et ses coéquipiers sont devenus une équipe itinérante, sans stade fixe, contrainte de visiter les enceintes de Wellington, Timaru, Nelson et même de Twickenham, où en mars dernier, 80 000 spectateurs se pressaient pour venir en aide et rendre hommage aux victimes de la catastrophe en assistant à la victoire pleine d'émotion des Crusaders sur les Sharks (44-28). Dans un tel contexte, la seule présence en finale des Crusaders, encore capables d'aller s'imposer le week-end dernier au Cap, sur le terrain des Stormers (10-29) -première victoire d'une équipe à l'extérieur en demi-finales depuis 1999- constitue une authentique performance, dont ne se satisfait pourtant pas Dan Carter, le célèbre n°10 de l'équipe néo-zélandaise. Carter: "Il faut gagner pour les gens de Christchurch" "Remporter le titre serait vraiment spécial pour tout ce que nous avons connu cette année et pour ceux qui sont restés à la maison, soulignait cette semaine en conférence de presse Carter en pensant aux 180 victimes du séisme. Il faut gagner pour les gens de Christchurch. Beaucoup nous tapent dans le dos et nous félicitent pour ce que nous avons fait, mais je sais qu'ils n'auraient pas été contents si nous nous étions arrêtés en demi-finales." Au pays du long nuage blanc, où l'émotion reste palpable et l'activité sismique incessante, un huitième sacre des Crusaders samedi serait considéré à la fois comme le plus beau des hommages, mais aussi comme un premier pas vers la victoire attendue par tout un peuple en Coupe du monde l'automne prochain. Encore faudra-t-il pour cela savoir prendre la mesure d'un adversaire redoutable. Aux Crusaders et leur brochette de All Blacks, les McCaw, Carter, Read, Whitelock et autre Sonny Bill Williams, les Reds s'opposent comme un adversaire devenu enfin crédible. Sous les ordres de l'ancien coach du Stade Français, Ewen McKenzie, aux commandes de la province depuis 2009 (voir par ailleurs), la province du Queensland est passée en seulement deux ans de la treizième place de feu le Super 14 à la première, tout en développant surtout un jeu ouvert et spectaculaire, porté par une paire de demis aussi jeune que talentueuse, composée des deux joyaux des Wallabies, Quade Cooper et Will Genia (23 ans tous les deux). La saison dernière, le succès (41-20) des Reds sur les Crusaders mettait fin entre les deux équipes à une série de dix revers de rang concédés entre 2000 et 2009 par la franchise australienne. De là à y voir une passation de pouvoir... Et le duel majuscule entre Carter, jusqu'à ce jour le meilleur n°10 de la planète, et Cooper, bombardé sans doute à raison par bon nombre d'observateurs, encore subjugués par ses éclats de génie de la demi-finale victorieuse face aux Blues (30-13), comme le meilleur joueur du monde à l'heure actuelle, pourrait d'ailleurs conditionner l'issue de ce choc. A un peu plus d'un mois de la Coupe du monde, l'ambitieux Cooper, auteur de la pénalité de la gagne lors du match de saison régulière entre les deux formations (17-16), a l'occasion de marquer son territoire, même si la densité et l'expérience des Crusaders font des hommes de Christchurch les favoris légitimes de cette finale. "Je crois que la plupart des équipes ont modelé une partie de leur jeu sur ce que les Crusaders ont accompli, abonde le capitaine des Reds, James Horwill. "Ils ont eu tellement de succès, ce n'est pas pour rien. Il y a des parties de notre jeu dont on peut dire qu'elles sont similaires à la manière dont les Crusaders aiment contre-attaquer. Avec les qualités d'attaque que possèdent les deux équipes et l'habileté à faire quelque chose d'un rien, il y a toutes les chances que ce soit un match de rugby enthousiasmant." L'élève dépassera-t-il le maître...