Un nouvel élan bleu ?

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Guillaume BARDOU , modifié à
Quel retour ! Deuxième nation au tableau derrière l'Autriche, la France rentre des Mondiaux de Garmisch-Partenkirchen avec quatre médailles et deux titres, loin du zéro pointé subi l'an dernier à Vancouver. Grange et Worley, très attendus, ont rempli leur rôle de chef de file, faisant un temps oublier le nouvel échec d'une équipe de vitesse encore loin des podiums. Le chantier y demeure conséquent...

Quel retour ! Deuxième nation au tableau derrière l'Autriche, la France rentre des Mondiaux de Garmisch-Partenkirchen avec quatre médailles dont deux titres, loin du zéro pointé subi l'an dernier à Vancouver. Grange et Worley, très attendus, ont rempli leur rôle de chef de file, faisant un temps oublier le nouvel échec d'une équipe de vitesse encore loin des podiums. Le chantier y demeure conséquent... "Six médailles d'or en un jour, qui a dit que la France n'en gagnerait pas une ?" La plaisanterie de la slalomeuse Anne-Sophie Barthet, relayée sur son Twitter après l'épreuve par équipe, illustre l'état d'esprit des Bleus durant ces Mondiaux de Garmisch-Partenkirchen. Arrivés avec quelques certitudes mais aussi la pression d'enfin effacer le fiasco des JO de Vancouver (aucune médaille), les Français n'ont pas déçu. Car si l'épreuve par équipes ne rapporte évidemment qu'une seule breloque au tableau des médailles, malgré l'engagement de six skieurs (trois hommes et trois femmes), les Bleus rentrent bien avec quatre médailles, dont deux titres (le team event donc et le slalom hommes remporté par Jean-Baptiste Grange dimanche). Dur, dur en vitesse Un total plus atteint depuis 1974 mais à nuancer, l'épreuve par équipe n'existant que depuis peu et ayant été notamment annulée à Val d'Isère en 2009. Souvent perçu comme un lot de consolation, ce nouveau format avait sauvé les Bleus de la déroute à Bormio en 2005. Cette fois, il aura agi comme un véritable détonateur. Taïna Barioz, Anémone Marmottan, Tessa Worley, Thomas Fanara, Cyprien Richard et Gauthier de Tessières auront offert mercredi un joli spectacle et relancé une équipe jusque là fanny après une première semaine bien difficile. Car, une fois encore, les Bleus auront dû s'en remettre aux portes serrées du géant et aux piquets du slalom pour ne pas rentrer bredouilles... La vitesse femmes, en panne depuis plusieurs saisons malgré la médaille mondiale de Marchand-Arvier en Super-G en 2009, semble en effet totalement hors du coup. Il suffit d'ailleurs de regarder les classements pour s'en convaincre avec une 17e place en Super-G et une 18e en descente comme meilleurs résultats ! Plus inquiétant encore, ces deux performances sont l'oeuvre d'Ingrid Jacquemod, 33 ans. En plein doute, Marchand-Arvier et Rolland ont du pain sur la planche, ne serait-ce que pour guider les plus jeunes, Bailet et Revillet en tête. Le chantier demeure immense et le DTN, Fabien Saguez, devra se résoudre à opérer quelques changements dans les prochains mois. Chez les hommes, on attendait beaucoup d'Adrien Théaux. 10e du Super-G, le Pyrénéen a chuté dès la première partie d'une descente où il avait brillé à l'entraînement. Johan Clarey y a toutefois signé une 8e place intéressante, son troisième top 10 de la saison après Lake Louise et Chamonix. Worley, sacrée "puce", Grange comme un très grand Heureusement, il y avait Tessa et "Priou" pour relancer la machine. Sur les traces du team-event, les deux géantistes ont livré deux superbes journées jeudi et vendredi, marquées par des deuxièmes manches exceptionnelles d'intensité. A 31 ans, Cyprien Richard tient sa revanche. Blessé à de nombreuses reprises, obligé de repasser par le circuit Coupe d'Europe, le skieur de Morzine-Avoriaz aura été énorme, finissant à huit petits centièmes du maître Ted Ligety. Qu'on se le dise, ce Richard là a un gros coeur ! Déçue par un premier passage trop agressif sur une neige difficile à dompter car très changeante au fil des jours, Tessa Worley a, elle aussi, éclaboussé la deuxième manche du géant pour reprendre 16 positions et terminer à la 3e place. A 21 ans, la Bornandine représente à merveille une jeune génération prometteuse, capable d'entourer les petits nouveaux, Alexis Pinturault en tête (17e du slalom à même pas 20 ans). Si Worley souhaite essayer la vitesse durant les prochaines semaines, le globe de cristal de géant lui tend désormais les bras. A la petite bombe bleue (1 mètre 57) de clore en apothéose une saison fabuleuse, déjà marquée par trois victoires en Coupe du monde. L'apothéose, Jean-Baptiste Grange connait le concept à merveille, clôturant ces Mondiaux sur la plus haute marche du podium. Le slalomeur de Valloire n'a cette fois pas craqué dans un grand rendez-vous et se sera montré impérial dimanche sur un Gudiberg ravagé par les 29 précédents passages. Tout en maitrise après avoir une fois encore remporté la première manche, le vainqueur de la Coupe du monde de slalom en 2009 apporte le premier titre masculin depuis 1982 (Michel Vion sur le combiné), le premier en slalom depuis 1970 et un autre Mauriennais, Jean-Noël Augert à Val Gardena. A 26 ans, un an seulement après sa blessure le privant des JO, Grange peut agir comme une locomotive, idéal pour replacer durablement le ski français parmi les tout meilleurs... A l'encadrement de faire désormais les bons choix pour poursuivre l'élan jusqu'à Schladming en 2013, répétition avant les anneaux olympiques de Sotchi l'année suivante.