Un banc millésimé

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Si Marc Lièvremont, en cantonnant de nouveau Chabal et Thion sur le banc dimanche, au coup d'envoi du choc face à l'Irlande, a fait le plein de puissance en vue de son coaching de seconde période, les remplaçants tricolores sauront aussi peser en termes d'expérience. Et pour cause avec 361 capes réunies, dont 150 pour les deux seuls Sylvain Marconnet et Yannick Jauzion, auxquelles les intéressés ne prêtent aucune attention.

Si Marc Lièvremont, en cantonnant de nouveau Chabal et Thion sur le banc dimanche, au coup d'envoi du choc face à l'Irlande, a fait le plein de puissance en vue de son coaching de seconde période, les remplaçants tricolores sauront aussi peser en termes d'expérience. Et pour cause avec 361 capes réunies, dont 150 pour les deux seuls Sylvain Marconnet et Yannick Jauzion, auxquelles les intéressés ne prêtent aucune attention. Sylvain MARCONNET (34 ans ; 80 sélections) Marconnet et l'Irlande: 5 matches à Dublin, 3 victoires, 2 défaites Pour Sylvain Marconnet, l'Irlande constitue du haut de ses 80 sélections un véritable fil rouge ; et pour cause, le pilier international y a connu son premier match dans le Tournoi, puis décroché son 50e maillot bleu - "J'ai eu la malchance d'y faire ma 50e le même jour que la 100e de Fabien Pelous, qui m'a totalement éclipsé (rires)." - avant d'y devenir avec une 70e cape en 2007 le pilier le plus capé de l'histoire de l'équipe de France. A 34 ans, de retour une nouvelle fois en sélection, le Biarrot ne fait pas de secret de ce lien particulier: "C'est certainement l'un de mes déplacements préférés dans le Tournoi parce que j'ai eu la chance de m'y imposer assez souvent, mais aussi parce qu'il y a beaucoup de respect entre les deux équipes et autour du rugby, c'est une terre de rugby." La boîte aux souvenirs est refermée aussi sec... "Ce sont de bons souvenirs, mais on a une histoire à écrire avec cette équipe", préfère souligner l'ancien Parisien, totalement relancé à Biarritz vers son objectif de disputer une deuxième et dernière Coupe du monde. "Les souvenirs, c'est bien de se les repasser de temps en temps, mais aujourd'hui, le contexte est différent, c'est une année de Coupe du monde et on sait que si on veut effacer un peu plus novembre dernier, ça passe par une victoire en Irlande pour légitimer le travail qu'on fait là et faire rentrer dans le subconscient des gens que novembre n'était qu'un accident." Un rendez-vous dans ce Lansdowne Road rénové, "The new one !", comme il le dit, où le 23e homme de l'Ecosse sera promu dimanche sur le banc des Bleus. "Parce que c'est un match qui se jouera peut-être plus dans le combat devant, ma polyvalence joue en ma faveur, le fait de pouvoir passer d'un côté à l'autre, note-t-il. Mon expérience à 34 ans fait que je suis plus efficace dans le combat que dans le déplacement. Il y avait un premier match compliqué à aborder, une forme de pression qui s'est évacuée. On va évoluer dans un contexte irlandais plutôt hostile, moi, j'aime bien... On n'a pas grand-chose à perdre, tout à gagner dans ce déplacement, c'est le genre de rencontres que j'aime bien." Son vécu parle sans doute pour lui et auprès de ses partenaires. "Il y a des jeunes qui ont envie de profiter de l'expérience d'anciens, qui comme moi ont le désir de la communiquer parce qu'ils sentent bien qu'ils sont au bout d'une aventure. Le groupe vit bien et la victoire lui a fait beaucoup de bien, il ne faut pas se le cacher. Il faut rester vigilant parce qu'on a le potentiel pour gagner ce Tournoi, certes compliqué avec trois déplacements assez difficiles, mais il est réalisable. (...) Il y a dix ans d'écart, mais on vit tous le même quotidien, à savoir beaucoup d'exigence sur le terrain et une colonie de vacances en dehors." Dont Marconnet se veut encore aujourd'hui l'un des GO surtout crédibles. Yannick JAUZION (32 ans ; 70 sélections) Jauzion et l'Irlande: 3 matches à Dublin, 2 victoires, 1 défaite A ceux qui avaient pu imaginer Yannick Jauzion devant sa télé passer sa déception, voire sa colère sur sa télécommande en regardant France-Ecosse (34-21), il faudra repasser. C'est mal connaître le Maître Zen toulousain qui, du haut de sa grande sagesse, a encaissé sa non sélection pour ce match d'ouverture face au XV du Chardon sans broncher. Ou presque. "C'est toujours une déception, avoue-t-il bien volontiers, mais ce qui est intéressant, c'est de pouvoir postuler et avoir la chance de revenir quand il y a un petit pépin, malheureusement, comme avec Maxime. Il faut continuer à travailler et savoir se remettre en question perpétuellement, mais c'est la vie d'un sportif de haut niveau. Je ne vais pas me taper la tête contre les murs. Ma colère, je l'exprime lorsque je reviens sur le terrain. Il faut savoir passer au-delà, prendre du recul, se dire simplement que les joueurs titulaires sont bons et méritent leur place ; ça m'est déjà arrivé par le passé et l'important, c'est d'être performant lorsqu'on revient. Il ne faut pas toujours se poser trop de questions, même si c'est toujours frustrant de ne pas y être." Lui, l'ex-indéboulonnable de la ligne de trois-quarts tricolores devra dimanche se contenter d'un statut de remplaçant, qui confine à la rareté dans son parcours chez les Bleus. Mais ne cherchez pas, Jauzion absorbe les déconvenues avec la même sérénité. "Il faut savoir aussi être performant quand on est sur le banc, d'autant plus aujourd'hui que les matches se jouent de plus en plus sur la fin. Je serais sans doute amené à rentrer et je devrais amener à l'équipe." Quant à savoir s'il voit un clin d'oeil dans sa cohabitation sur le banc avec Marconnet, l'un des autres dinosaures de la sélection, la réponse fuse: "On s'en fout un peu des sélections, c'est le passé. Ce qui compte, c'est ce que qu'on va réaliser sur le terrain, sinon on appellerait tous les anciens joueurs pour accumuler les sélections." Et le Toulousain, comme son compère biarrot, n'ont toujours pas l'intention de faire de la figuration.