Traille: "Il n'y a pas d'équipe n°2"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE, envoyé spécial , modifié à
A nouveau opérationnel et titulaire pour affronter le Canada dimanche, à Napier, Damien Traille voit s'écrire la suite de son parcours en bleu au poste d'arrière, où Lièvremont souhaite le fixer. A 32 ans, le Biarrot, qui s'apprête à devenir face aux Canucks l'international tricolore en activité le plus capé de l'histoire (85), relativise la difficile entrée en matière face au Japon et plaide lui aussi pour un roulement de l'effectif. "On est un groupe de trente, trente pour un objectif."

A nouveau opérationnel et titulaire pour affronter le Canada dimanche, à Napier, Damien Traille voit s'écrire la suite de son parcours en bleu au poste d'arrière, où Lièvremont souhaite le fixer. A 32 ans, le Biarrot, qui s'apprête à devenir face aux Canucks l'international tricolore en activité le plus capé de l'histoire (85), relativise la difficile entrée en matière face au Japon et plaide lui aussi pour un roulement de l'effectif. "On est un groupe de trente, trente pour un objectif." Damien, avez-vous craint un moment après vous être blessé à Bordeaux, en match de préparation, de devoir renoncer à la Coupe du monde ? Non, avec le recul qu'on avait sur ce genre de blessure, j'en ai tout de suite discuté avec le médecin du club et avec les soins qu'il fallait, j'allais pouvoir postuler pour cette Coupe du monde. Je savais que ce serait compliqué pour le premier match, mais que pour la suite en revanche, c'était jouable. Du fait de cette blessure, aviez-vous la certitude de débuter ce deuxième match ? Il y a toujours un doute. Une première équipe a été alignée pour affronter les Japonais, par rapport à ce qu'avait annoncé le staff, il y a cette volonté de roulement sur les deux premiers matches pour permettre à tout le monde d'avoir un peu de temps de jeu, sachant que pour certains, on avait joué le match de Bordeaux et que cela faisait un moment qu'on n'avait pas de compétition. Donc on avait besoin de temps de jeu pour les deux prochains matches, être tous disponibles avec un certain temps de jeu pour prétendre à une place dans le groupe. Le déchet important enregistré face au Japon vous a-t-il encouragé sur l'espoir de jouer ? Vous savez, un début dans la compétition, c'est très difficile. J'ai fait partie de l'aventure 2007 avec un premier match perdu face l'Argentine. On avait vraiment gros mal de tête le lendemain matin, Là, contre les Japonais, on avait mal à la tête, mais ça n'était pas pareil. On a gagné, certes avec beaucoup de maladresses, mais dues aux premiers matches et à l'entrée dans la compétition, beaucoup de stress. Peut-être a-t-on pris ce match un peu trop à la légère par rapport à ces Japonais très difficiles à jouer et qu'on avait déjà eu du mal à battre en 2003. Je crois que ce match, malgré les imperfections, va nous être bénéfique pour la suite de la compétition, ça a permis d'appuyer sur certains points et montré qu'il nous restait encore beaucoup de boulot sui on veut décrocher ce titre de champion du monde. Donc il faut rester positif dans nos propos, avoir confiance dans ce qu'on veut mettre en place et continuer à bosser parce qu'il y a eu de très bonnes choses. "Eviter que je joue sur trois postes" N'est-il pas un peu compliqué de se sentir concerné par des fautes qu'on na pas commises ? On est un groupe. On ne peut pas dire que si on avait été sur le terrain, on n'aurait pas fait autant de bêtises. C'est le collectif qui a voulu ça, chacun a fait sa petite erreur ; et c'est ce qu'on s'est dit : ce sont ces erreurs qu'il faut gommer si l'on veut être beaucoup plus performant, et notamment lors des semaines d'entraînement, donc beaucoup d'application pour cette équipe du Canada qui va nous poser des problèmes bien différents que ceux que nous ont posé les Japonais. N'y a-t-il pas la crainte pour ceux qui rentrent face au Canada de ne venir faire qu'un intérim ? Ou est-ce que c'est une question que vous ne vous posez pas du tout ? Franchement, ce n'est pas une question qu'on se pose. Au vu de la logique du staff, ils l'ont toujours dit, il n'y a pas d'équipe une, ni d'équipe deux. Ça, ce sont des problèmes que vous vous posez. Nous, on est un groupe de trente, trente pour un objectif ; la compétition est longue, il peut y avoir des contre-performances individuelles, il peut y avoir malheureusement des blessures et tout le monde se tient prêt si on fait appel à lui. C'est toujours un honneur de faire partie du groupe, et on est tout le temps déçu quand on n'y est pas parce qu'on est tous des compétiteurs et qu'on a envie de jouer. Mais ça fait partie du jeu au début, on sait tous qu'il y aura des heureux et des malheureux. Mais on fait tous bosser ceux qui jouent quand on n'y est pas. Marc Lièvremont a clairement indiqué qu'il souhaitait vous voire vous fixer au poste d'arrière et qu'il ne comptait plus sur vous notamment à l'ouverture. Ça a fait l'objet d'un échange avec le sélectionneur ? Pas de puis la blessure de David (Skrela), mais en début de préparation, on en avait parlé notamment lorsqu'il m'avait dit qu'il ne comptait plus sur moi qu'au poste d'arrière pour cette Coupe du monde et éviter que je joue sur trois postes et que j'ai des repères qui reviennent le plus souvent possible. "Jouer une Coupe du monde, c'est quelque chose de magique" Quel souvenir gardez-vous de votre premier match de Coupe du monde ? Et quels conseils pouvez-vous donner à vos jeunes partenaires qui vous accompagneront dimanche sur le terrain et qui découvriront l'évènement ? C'est un très bon souvenir, jouer une Coupe du monde, c'est quelque chose de magique. C'est un évènement dont on doit profiter au maximum parce que certains joueurs ont fait une très grande carrière, mais n'ont pas eu la chance de la jouer. Mon premier match en 2003 -ça ne me rajeunit pas- contre les Fidjiens (victoire 61-18, Traille avait remplacé Jauzion à la 86e minute, ndlr), malgré mon peu de temps de jeu ce jour-là, ça a été un moment fantastique, l'ambiance qui règne autour de cette compétition et de cet évènement font qu'il faut en profiter pour ne rien regretter par la suite parce que ça va très vite et que l'on ne sait pas si dans quatre ans, pour ma part, non, mais pour d'autres s'ils la feront. C'était déjà un premier match très tendu, voir fébrile pour une équipe de France ? Oui, un match tendu, qui s'était débridé en début de seconde période. Mais on l'a vu, encore cette année, beaucoup d'équipes se sont fait peur, on a vu les Ecossais en difficultés face aux Roumains, les Irlandais face aux Américains. Ça prouve qu'il y a pas mal de fébrilité dans toutes les équipes. Ça fait un petit moment que les équipes n'ont pas joué depuis leurs derniers matches de préparation, d'où un manque de repères et d'automatismes. Je pense d'ailleurs que ce second match pour toutes les équipes va être beaucoup plus accompli que les autres.