Traille: "Faire au plus simple..."

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Sans surprise, et malgré une copie très perfectible rendue face aux Pumas à Montpellier, Damien Traille connaîtra samedi, au Stade de France, une troisième titularisation au poste d'ouvreur du XV de France cet automne à l'occasion du choc face à l'Australie. Dépositaire d'un jeu d'attaque tricolore, qui reste à l'état d'ébauche, le Biarrot fait l'éloge de l'alternance et de la patience.

Sans surprise, et malgré une copie très perfectible rendue face aux Pumas à Montpellier, Damien Traille connaîtra samedi, au Stade de France, une troisième titularisation au poste d'ouvreur du XV de France cet automne à l'occasion du choc face à l'Australie. Dépositaire d'un jeu d'attaque tricolore, qui reste à l'état d'ébauche, le Biarrot fait l'éloge de l'alternance et de la patience. Damien, quel bilan avez-vous tiré ce cette courte victoire face aux Argentins (15-9) ? Je crois qu'il y a eu de bonnes amorces, de bons lancements, malheureusement, on a fait la passe de trop et on a perdu ce ballon, qui en produisant un temps de jeu de plus, aurait permis de mettre en difficulté beaucoup plus les Argentins. Une fois qu'on transperce, on a envie de finir les coups et on a envie de les finir trop vite, c'est toujours bénéfique de traverser la ligne et d'aller au bout sur un premier temps de jeu, malheureusement, le rugby, ça serait trop facile si ça se passait comme ça. On l'a vu, face à ces Pumas, on a su traverser plusieurs fois, malheureusement, on n'a pas su concrétiser sur nos temps forts. Personnellement, quel regard portez-vous sur votre prestation à ce poste d'ouvreur ? J'ai essayé de prendre le jeu à notre compte, de faire jouer au mieux la ligne de trois-quarts et celle des avants et d'alterner un peu plus le jeu par rapport à la semaine dernière, où les conditions étaient vraiment difficiles à jouer et où on avait été très restrictifs dans le jeu ; samedi après-midi, on a eu vraiment peur quand on a vu le temps qui se présentait (à Montpellier, il pleuvait averses encore quelques heures seulement avant le coup d'envoi, ndlr). Mais malgré un ballon glissant, on a essayé d'alterner le jeu avec la ligne de trois-quarts, au près, là les Argentins nous attendaient, essayé de pousser le ballon au loin pour faire de l'alternance. Je crois qu'on a assez bien alterné, malheureusement, on n'a pas marqué et c'est ce qui est le plus difficile sur ce match parce qu'avec l'alternance qu'on y a mis, à certains moments, en étant plus patients, on aurait pu enfoncer le clou, notamment en fin de première mi-temps. "Si on a autant de déchets face à l'Australie..." Peut-on dire qu'il s'agit d'un poste où vous vous sentez de mieux en mieux ? Physiquement, c'est encore un peu dur parce que je n'ai pas joué durant cinq mois. J'essaye de faire jouer plus que je ne joue les ballons et d'être cohérent dans la gestion du match par rapport aux zones du terrain et à l'état des joueurs pour alterner le mieux possible. Mais, pour le reste, ça va, disons que c'est facile avec Yannick (Jauzion) à côté. On était habitués à jouer au centre ensemble, là, on se retrouver à côté, au niveau de la communication, c'est plus facile. On a essayé d'alterner, ce n'était pas évident parce que par rapport à la semaine dernière, sur la feuille, j'étais le seul survivant, d'où un manque de repères et d'automatismes entre nous. Donc on a essayé de faire au plus simple pour poser des problèmes à cette équipe d'Argentine. Etes-vous conscients qu'il va falloir passer l'étape au-dessus face aux Australiens ? Qu'une telle copie ne suffira sans doute pas ? Oui, bien sûr, si on a autant de déchets face à l'Australie, ce sera très compliqué. Face à ces Argentins, on a montré qu'on pouvait être ambitieux dans notre jeu, dans son alternance. Maintenant, en perdant autant de ballons, face à de grosses écuries, ça sera très difficile. On savait qu'en égarer autant face à l'Argentine, ce serait très compliqué, ça l'a été parce ça a été chaud jusqu'à la fin. Face à l'Australie, ce sera encore plus dur. A nous d'essayer de garder cette alternance, cette discipline, et éliminer tout ce déchet pour passer cette équipe d'Australie. Cette victoire face aux Pumas est suffisamment rare pour être appréciée comme il se doit, mais ne conservent-ils pas malgré tout cette capacité à vous déjouer ? Non, je ne pense pas parce qu'on a proposé du jeu. Après, c'est nous qui, individuellement et collectivement, avons commis des fautes, qui les ont remis dans le jeu, alors qu'en étant plus patients, on aurait pu avoir un écart plus conséquent à la mi-temps et les empêcher d'espérer. Comment expliquer cet écart vertigineux entre la maîtrise de la première et de la seconde période ? En première mi-temps, on a un jeu cohérent, qui répond aux attentes données par le staff. En seconde, par précipitation ou par manque de lucidité, on a péché dans l'organisation de notre jeu et on est rentré dans celui des Argentins. Il est vrai qu'on doit travailler dessus, pour être cohérent deux mi-temps. On ne peut pas se contenter d'une première mi-temps correcte et d'une seconde, où on se met à ce point en difficultés. " On en demande beaucoup aux avants..." N'aurait-il pas fallu plus jouer avec vos avants en seconde période ? Peut-être, oui, mais on en demande beaucoup aux avants aussi, notamment en première période, ils ont accompli un gros travail. En seconde, ils ont eux aussi peut-être un peu marqué le pas physiquement, ça a été difficile et on s'est précipités dans nos choix de structures qu'on veut mettre en place, tout ça va s'améliorer avec les automatismes et le temps de jeu qu'on va gagner tous ensemble. Sans compter un gros coup de fatigue apparent à partir de l'heure de jeu... Oui, mais la fatigue était des deux côtés ; physiquement, on a marqué le pas et on a été en difficultés. Mais le plus important était de retrouver la victoire face à ces Argentins, ça faisait un moment qu'on connaissait des déconvenues contre eux. C'était important avant l'Australie de poursuivre sur une victoire, dans la tête, c'est toujours mieux de préparer un match avec une victoire.