Toulouse ne la tient plus

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Sylvain LABBE , modifié à
Le Stade toulousain ne deviendra pas la deuxième équipe de l'histoire à remporter la H Cup deux fois de rang, après Leicester en 2001 et 2002. Les tenants du titre se sont inclinés samedi sur la pelouse du Leinster, à l'Aviva Stadium (32-23). Même si les deux équipes ont chacune inscrit deux essais, la botte de Sexton, auteur de 22 points, a fait la différence pour les Irlandais, qui retrouveront donc le vainqueur de Northampton-Usap en finale.

Le Stade toulousain ne deviendra pas la deuxième équipe de l'histoire à remporter la H Cup deux fois de rang, après Leicester en 2001 et 2002. Les tenants du titre se sont inclinés samedi sur la pelouse du Leinster, à l'Aviva Stadium (32-23). Même si les deux équipes ont chacune inscrit deux essais, la botte de Sexton, auteur de 22 points, a fait la différence pour les Irlandais, qui retrouveront donc le vainqueur de Northampton-Usap en finale. La Coupe d'Europe est perdue : Toulouse a abandonné son trophée ce samedi, à Dublin. Les quatre étoiles, brodées sur le maillot rouge et noir attendront pour accueillir leur petite soeur. L'équipe de Guy Novès n'a pas à rougir de son élimination (32-23) face à ce Leinster, un adversaire, qui se sera montré plus que digne des recordmen des victoires dans l'épreuve, un statut que les joueurs de la Ville Rose sont assurés de conserver à l'issue de cette seizième édition. Non, il n'y a pas de regrets à avoir à tomber les armes à la main face à une telle machine à jouer. Si ce n'est que les Dublinois auraient pu terminer ce choc à quatorze suite à l'expulsion que méritait O'Brien (voir par ailleurs). Qu'importe, ce Leinster est grand, plus fort encore qu'il y a deux ans lorsque la province irlandaise avait atteint et gagné sa première finale de H-Cup. Supérieur aussi à l'équipe, qui s'était inclinée il y a un an, à ce même stade de la compétition, au Stadium (26-16). Un Leinster, habité par une philosophie de jeu que ne renieraient sans doute pas leurs victimes du jour. Une maigre consolation, mais l'idée que la Coupe d'Europe risque fort de tomber entre de bonnes mains... L'essai à zéro passe de Fritz Est-ce le doux soleil printanier sur Dublin, qui perturbe le Leinster, toujours est-il que les Toulousains ne pouvaient pourtant rêver meilleure entame de match. Alors que les Irlandais cafouillent en conquête, notamment dans l'alignement, les tenants du titre infligent d'entrée un essai casquette à leurs rivaux. Sur sa première tentative de pénalité, David Skrela touche du bois, mais le rebond du ballon profite à merveille à un Florian Fritz à l'affût, qui surprend des « Blue boys » totalement attentistes et aplatit sous les barres (0-7, 6e). Le réalisme toulousain est terrible avec ce drop parfait de Skrela à 30 mètres face aux perches (3-10, 13e). Un début de match parfait si ce n'était cette indiscipline coupable dans la fameuse zone de ruck, qui fait pleuvoir les pénalités sur le Stade et permet à Jonathan Sexton, précis sur chacune de ses premières tentatives (11e, 15e), de garder son équipe au contact (6-11). Ce n'est pas si fréquent, Toulouse fait face à un adversaire capable de lui proposer un volume de jeu égal, voire même supérieur à cet instant du match. Une attaque-défense en règle, qui met le rideau toulousain au supplice. Jusqu'à cette avalanche de temps de jeu, une séquence colossale de près de deux minutes et vingt temps de jeu, sur lequel ce ne sont pas quinze, mais près de 50 000 Irlandais, qui viennent enfoncer les Toulousains, pourtant admirables de résistance, et passer une main en terre promise, celle d'un Jamie Heaslip égal à lui-même dans les grands rendez-vous. Et le Leinster de prendre pour la première fois l'avantage au score (13-11, 32e). Tout le mérite des joueurs de Novès tient dès lors à une réaction superbe. Celle qui permet à Vincent Clerc de venir visiter les 22 mètres, où Brian O'Driscoll, coupable d'une grossière action d'antijeu sur l'ailier, est sanctionné d'un carton jaune indiscutable, qui s'il provoque les huées d'un stade, aux yeux de Chimène pour son idole, offre l'égalisation à Skrela (13-13, 38e). Le dernier écart au sol d'Albacete juste avant la pause, face aux poteaux, est d'autant plus rageant qu'il replace le Leinster devant (16-13, 40e). Ce Leinster est monstrueux ! Le Stade n'en parvient pas moins à contester son adversaire, alors qu'on a la sensation que ses avants n'ont pas encore produit le plus gros de leur effort. C'est chose faite à la reprise, qui refroidit l'Aviva Stadium. Une offensive Heymans-Clerc pour réinstaller le jeu dans les 22 adverses et une mêlée dominatrice derrière laquelle le jeune Jean-Marc Doussain, tel un vieux briscard, joue une 89 d'école avec Louis Picamoles, qui aplatit sans opposition un essai que transforme Skrela (16-20, 44e). Si elle permet l'entrée en jeu de Thierry Dusautoir, la sortie de Yannick Nyanga est le résultat d'une vilaine manchette de Sean O'Brien loin de l'action et du ballon... Mais une fois de plus, dans la foulée, Sexton convertit bien trop facilement trois points supplémentaires (19-20, 49e). Et la réponse des avants irlandais, qui enfoncent à leur tour le pack toulousain sur introduction adverse et renvoient Sexton peaufiner son récital, ne tarde pas (22-20, 54e). Toulouse revient dans le dur et à l'heure de jeu s'arc-boute de nouveau en défense, mais craque cette fois bien plus tôt face à un Leinster monstrueux dans sa capacité à trouver son second souffle. La revanche d'O'Driscoll, revenu en jeu, est éclatante pour aplatir aux dépens de Clerc, impuissant, le deuxième essai irlandais, que convertit là encore Sexton (29-20, 60e). Vingt minutes à jouer, mais Toulouse a beau vendre chèrement sa peau, imposant à son tour une pression de tous les diables à son adversaire sur ce dernier baroud superbe, finalement enrayé à cinq mètres de la ligne d'essai (72e), le Stade, malgré une dernière pénalité convertie des 50 mètres par Nicolas Bézy, suppléant de Skrela (29-23, 76e), ne reviendra pas. Le Leinster, conforté par l'ultime coup de pied gagnant d'un Sexton parfait de bout en bout avec un total de 22 points (32-23, 80e), a mérité sa finale, Toulouse rêve déjà de se consoler auprès du Brennus...