Toulouse l'a arrachée

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Le Stade Toulousain s'est qualifié pour les demi-finales de la H Cup, dimanche, à Anoeta, face au Biarritz Olympique (27-20, a.p.). Après avoir mené 17-0, les Toulousains ont été poussés en prolongation (17-17) pour finalement décrocher la victoire sur un ultime essai de Nyanga. Les tenants du titre affronteront le Leinster, à Dublin, pour une place en finale. Northampton-Usap sera l'affiche de l'autre demi-finale.

Le Stade Toulousain s'est qualifié pour les demi-finales de la H Cup, dimanche, à Anoeta, face au Biarritz Olympique (27-20, a.p.). Après avoir mené 17-0, les Toulousains ont été poussés en prolongation (17-17) pour finalement décrocher la victoire sur un ultime essai de Nyanga. Les tenants du titre affronteront le Leinster, à Dublin, pour une place en finale. Northampton-Usap sera l'affiche de l'autre demi-finale. Jusqu'à la caricature... Biarritz et Toulouse n'ont joué qu'une mi-temps ce dimanche, à Anoeta. C'est un peu court quand on joue un quart de finale de H Cup et qu'on prétend s'inviter dans le carré final. A jouer ainsi en décalé, les deux finalistes de la dernière édition ont produit les deux mi-temps les plus contrastées qui soient, que même un esprit chagrin, comme le temps basque du jour, aurait été bien en peine d'imaginer. 17-0 à la pause pour des Toulousains, déjà prêts à composter leur billet pour Dublin, avant que le BO ne pousse le mimétisme, ou le vice, diront certains, jusqu'à signer un score identique après le repos (17-0) ! Il fallait donc prolonger le plaisir. A ce jeu de roulette russe, Toulouse se montrait le plus fort. Si à la pénalité de Skrela (17-20, 82e) répondait le coup de pied de Yachvili (20-20, 96e), le Stade avait besoin d'un coup du sort -l'histoire de ce match tordu en somme- pour parvenir à ses fins et enfoncer le clou sur un contre de Yannick Nyanga sur ce même Yachvili (20-27). Le Champion revenait de très loin... Mais ils sont où les Biarrots ? De Barcelone à San Sebastian, des hauteurs de Montjuich à la cuvette d'Anoeta, le mercure accuse quinze degrés de moins et les retrouvailles entre Biarrots et Toulousains n'ont pas la chaleur annoncée. Un quart d'heure pour se toiser et jauger les forces en présence, c'est le temps qu'il faut pour voir ce choc de titans basculer une première fois. L'une des premières attaques plein champ et plein fer des trois-quarts toulousains fait mouche. Venu s'intercaler dans la ligne depuis son aile, Clerc sert à hauteur un Heymans lancé comme un TGV ! A 32 ans, l'ailier, qui retrouve une seconde jeunesse en n°15, s'en va enrhumer son homologue, Balshaw, pour s'ouvrir le chemin de l'en-but et du premier essai, que transforme Skrela (0-7, 17e). De glaciale, l'atmosphère en tribunes vire au polaire. D'autant que le Stade ne se trompe pas de cible. A focaliser l'attention sur le match des deux mêlées entre le contentieux de la finale perdue par les Biarrots au Stade de France et la pseudo-incertitude autour de la pubalgie d'un Human finalement frais comme un gardon, les Toulousains déplacent l'affrontement sur un autre terrain. Skrela, après s'être frotté d'un peu trop près à la barbe fleurie, mais compacte d'un E.Lund, peut bien quitter ses partenaires quelques minutes sur saignement (23e), l'attaque rouge et noire fait du 100%. La diagonale au pied de Bézy envoie en terre promise Médard, dont l'avance sur le ballon paraît toutefois bien douteuse... L'inoubliable M.Wayne Barnes, lui, n'en valide pas moins l'action et le mal est fait pour un BO décramponné après la transformation de Bézy, passé au but (0-14, 27e). Et alors que la pluie menaçante s'invite, c'est la mêlée biarrote, qui prend un grain et offre à Skrela, remis de ses émotions, une pénalité gagnante (0-17, 39e). Plus encore que ce score sans appel, ce geste d'impuissance d'Harinordoquy peu avant la pause en dit long sur la détresse de toute une équipe... Et sans la sortie sur blessure de Nicolas, touché à l'avant-bras, la copie du champion friserait la perfection. Mais ils sont où les Toulousains ? Le défi proposé aux Basques au retour des vestiaires est immense. Yachvili s'y attelle le premier en convertissant, et ça veut tout dire, sa première tentative du match (3-17, 42e) ! Le buteur biarrot passe du chômage technique aux cadences infernales et peut dire merci à des Toulousains restés aux vestiaires, dont les fantômes accumulent soudain les fautes. Un échec longue distance (44e) pour une réussite face aux perches (6-17, 47e) et c'est un mince espoir, qui renaît côté BO. A s'endormir sur ses lauriers, Toulouse, que le coaching de Novès ne secoue pas, file un mauvais coton. Et Yachvili de grappiller doucement, mais sûrement (9-17, 60e), soutenu à nouveau par tout un stade. Un réveil que le Stade Toulousain, rebranché sur courant alternatif, muselle un temps en renvoyant les Biarrots camper dans leurs 22 mètres. Mais la sérénité du tenant du titre n'en paraît pas moins entamée et la mêlée toulousaine d'offrir un nouveau rapproché au «Yach'», cette fois à portée d'essai (12-17, 82e). C'est le jour et la nuit pour l'équipe de Novès, qui fulmine depuis la touche devant ce gâchis qu'accentue la sortie sur carton jaune de Fritz, contraint à un geste d'antijeu à cinq mètres de sa ligne (82e). Pour la première fois, le BO sent enfin son adversaire à sa portée et, plutôt que de taper, choisit le défi en mêlée. Mal lui en prend, Toulouse se dégage en panique et, encore sanctionné, chaparde un lancer adverse qui vaut de l'or. Une qualification... qui s'échappe pourtant sur ce dégagement contré de Skrela par Yachvili, qui profite à Bolakoro. L'essai est offert à l'ailier fidjien, qui au lieu de faire le beau, a bien tort de ne pas prolonger sa course dans l'en-but. La tentative de transformation qu'il offre à son buteur n'est non seulement pas donnée, mais elle est surtout ratée par Yachvili (80e+1). On connaît l'épilogie, Bolakoro n'a pas fini d'entendre parler du Pays... Basque.