Seydoux, président producteur

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L.D. (avec Reuters) , modifié à
La réussite actuelle du Losc est en grande partie la sienne. Désireux de faire de son club une place forte européenne, Michel Seydoux, le président lillois, est en passe de gagner son pari. Après avoir longtemps vendu ses joueurs « bankables », ce producteur de cinéma a décidé de les prolonger pour permettre au club nordiste de rejoindre son nouveau stade avec une équipe compétitive.

La réussite actuelle du Losc est en grande partie la sienne. Désireux de faire de son club une place forte européenne, Michel Seydoux, le président lillois, est en passe de gagner son pari. Après avoir longtemps vendu ses joueurs « bankables », ce producteur de cinéma a décidé de les prolonger pour permettre au club nordiste de rejoindre son nouveau stade avec une équipe compétitive. Le football lui apportera-t-il ce que ne lui a jamais offert le cinéma ? Jamais récompensé d'une Palme d'or à Cannes en qualité de producteur, Michel Seydoux pourrait décrocher la palme avec le Losc dès cette saison avec un titre de champion de France de moins en moins utopique. "La réponse, on l'aura le 29 mai", répond, prudent, le président du club lillois qui ne refuse pas le parallèle entre le cinéma et le football. "Il existe énormément de points de convergence entre le football et le cinéma: le coach pourrait être un metteur en scène, les joueurs seraient les comédiens", explique-t-il dans un entretien accordé à Reuters dans les bureaux parisiens de sa maison de production, Camera One. "La grande différence entre les deux, c'est qu'au foot on sort toutes les semaines un film dont le scénario n'est jamais écrit." La saison dernière, l'histoire s'était mal terminée pour les Dogues, privés de Ligue des champions lors de la dernière journée et une défaite à Lorient (1-2). Cette année, le Losc veut croire à un happy end alors qu'un titre de champion de France n'était pas programmé au mieux avant la saison 2012-2013, quand le club nordiste aura pris possession de son nouveau stade de 55 000 places. Une enceinte chère au président lillois, conscient que son club ne pouvait pas échapper à cet investissement pour franchir un cap. "Lille est une grande capitale européenne, avec dans un rayon de 50 km autour de la ville un bassin de population de 4,5 millions d'habitants. Il fallait donc un grand projet européen", justifie-t-il. Garcia confirmé Et comme au cinéma, pas de spectacle sans acteurs « bankables », d'où les prolongations de contrat de la plupart des cadres de l'équipe nordiste : Rio Mavuba, Mickaël Landreau, Mathieu Debuchy, Franck Béria et aussi et surtout le jeune prodige belge, Eden Hazard, lié au Losc jusqu'en 2015. "Après plusieurs années de bilan positif, le club a accusé une perte de 1,1 million d'euros en 2009-2010, et nous savions depuis longtemps que les deux saisons suivantes seraient délicates financièrement", assume Michel Seydoux, actionnaire majoritaire du club qui, longtemps, a vendu ses meilleurs joueurs pour combler la perte de billetterie de son club contraint de s'exiler au Stadium Nord de Villeneuve d'Ascq et ses quelque 18 000 places assises depuis 2004. "Nous avons décidé d'investir sur ces deux saisons-là, et non pas de combler les déficits. Ce n'est pas du tout la même approche intellectuelle", ajoute-t-il. Une politique qui a un coût mais aura eu le mérite de convaincre Rudi Garcia, l'entraîneur nordiste, de prolonger l'aventure pour deux saisons supplémentaires, soit jusqu'en juin 2014. "Les négociations avec Rudi Garcia sont terminées. Avec Rudi, une fois qu'on s'est tapé dans la main, le problème est réglé. Ce sera officialisé très rapidement, c'est sûr à 100%", assure le président du Losc. La salle de spectacle, les acteurs, le réalisateur, tout est réuni pour faire du Losc un « blockbuster » selon son producteur, devenu l'un des acteurs majeurs du football français, lui qui a pris la responsabilité depuis deux ans du secteur-clé du marketing à la Ligue de football professionnel (LFP) avec comme principaux dossiers la réforme du calendrier ou la renégociation des droits télévisés. "J'ai essayé d'apporter mon regard d'homme de spectacle à une économie qui était assez renfermée sur elle-même, un monde, en tout cas pour mon club, qui vivait un peu en autarcie culturelle", résume-t-il. A quand l'Oscar du meilleur président ?