Schleck, encore raté

  • Copié
François TESSON , modifié à
Comme en 2009, et comme en 2010, Andy Schleck va terminer deuxième du Tour de France. Battu par Alberto Contador lors des deux éditions précédentes, le Luxembourgeois est cette fois tombé sur un Cadel Evans bien meilleur que lui lors du contre-la-montre décisif de Grenoble. Encore une fois, le leader de la Leopard-Trek voit le maillot jaune lui échapper avant Paris. A 26 ans, il a encore le temps. Mais cela commence à faire beaucoup.

Comme en 2009, et comme en 2010, Andy Schleck va terminer deuxième du Tour de France. Battu par Alberto Contador lors des deux éditions précédentes, le Luxembourgeois est cette fois tombé sur un Cadel Evans bien meilleur que lui lors du contre-la-montre décisif de Grenoble. Encore une fois, le leader de la Leopard-Trek voit le maillot jaune lui échapper avant Paris. A 26 ans, il a encore le temps. Mais cela commence à faire beaucoup. La prophétie ne s'est pas réalisée. Il y a cinq jours, avant le passage du Tour dans les Alpes, Andy Schleck s'était laissé aller à une petite prédiction sur les positions finales de son frère Fränk et lui à Paris. "Je ne vois qu'un de nous sur le podium, mais en jaune", avait glissé le cadet des Luxembourgeois. A son grand dam, il va s'avérer un bien piètre pronostiqueur. Car non seulement les Schleck vont terminer tous deux sur le podium (une première pour deux frères), mais en plus tous les lauriers vont aller vers Cadel Evans, qui s'est paré de jaune à l'issue du chrono de Grenoble. Evans, Schleck, Schleck, le podium est le même qu'à l'Alpe d'Huez, mais dans un ordre qui va forcément rendre amers les deux Leopard-Trek, et principalement Andy, 2e du Tour pour la troisième année consécutive (*). Là encore, c'est une première. Une minute et 34 secondes, c'est le temps qui va donc séparer Andy Schleck du futur vainqueur du 98e Tour de France. C'est beaucoup, au regard du scénario final. C'est en tout cas plus que les 57 secondes que le Luxembourgeois s'était octroyé en montagne, avant un contre-la-montre de 42 kilomètres qu'il savait favorable à Evans. En 2009, Schleck était tombé sur un grand Contador. En 2010, il y a eu cette histoire de dérailleur dans le Port de Balès, et ces fameuses 39 secondes. Et en 2011 ? La hiérarchie était moins lisible. Evans a été le plus intelligent, et surtout le plus régulier. Où les Schleck ont-ils perdu le Tour ? Difficile à dire, même en remontant le fil de ce Tour de France, 98e du nom. Jeu égal à l'Alpe d'Huez Avant le chrono de Grenoble, Andy Schleck a principalement perdu du temps sur Evans lors de la 16e étape, d'abord dans le Col de Manse puis dans la descente vers Gap (1'09''). Et si l'on excepte les deux secondes du Plateau de Beille, il n'a repris du temps à Evans que lors de son éclatante victoire sur les pentes du Galibier. C'est en surprenant l'Australien, et pas autrement, que Schleck, bien moins saignant que l'an dernier, est parvenu à reprendre l'avantage sur le leader de l'équipe BMC. A la pédale, en montagne, les deux hommes ont globalement fait jeu égal, et cela s'est vu vendredi sur la route de l'Alpe d'Huez. Aurait-il pu, en attaquant plus souvent, ou en utilisant mieux l'avantage que doit constituer la présence son frère, se construire un matelas plus important ? Impossible de le savoir. Schleck a dû se contenter de ces 57 secondes d'avance avant Grenoble, et cela aurait pu suffire, si on se souvient qu'en 2009, sur un parcours certes légèrement moins roulant, Andy Schleck n'avait perdu que 31 secondes sur Evans sur 40 kilomètres. Ce samedi, il a lâché deux minutes de plus. Beaucoup trop, et le fait qu'il n'ait pas reconnu le parcours avant le Tour n'explique pas un tel écart. Ullrich, Poulidor, Zoetemelk... Avec de telles lacunes contre la montre, Andy Schleck peut-il prétendre à remporter le Tour de France ? Très montagneuse, cette édition 2011 était taillée pour lui. Contador, son rival annoncé, n'était pas mieux. Le Luxembourgeois n'a que 26 ans, mais on peut se demander s'il n'a pas laissé passer sa chance. Révélé sur le Giro 2007, qu'il a terminé... 2e, Schleck n'a pas encore un palmarès à la hauteur de son talent : une victoire sur Liège-Bastogne-Liège qui commence à dater (2009), et trois (belles) victoires d'étape sur le Tour. Il faut bien sûr ajouter ces trois deuxièmes places au général. Dans le domaine, il rejoint certains grands noms. Raymond Poulidor, bien sûr, avec ses huit podiums entre 1962, et 1976. Jan Ullrich, évidemment, vainqueur en 1997 après sa 2e place en 1996, puis quatre fois dauphin de Pantani (1998) et Armstrong (2000, 2001, 2003). Ullrich a gagné son Tour très jeune (23 ans), puis est tombé sur plus fort que lui par la suite. Il est encore trop tôt pour craindre le même destin pour Schleck. Mais peut-être le Luxembourgeois, comme Joop Zoetemelk, 6 fois deuxième du Tour (1970, 1971, 1976, 1978, 1979 et 1982), devra-t-il patienter jusqu'à ses 33 ans pour enfin arriver en Jaune à Paris. Après tout, Evans, avec ses 34 ans, va devenir le plus vieux vainqueur du Tour depuis Henri Pellissier... en 1923. (*) Sous réserve de la décision du TAS dans le cas Contador