Sampdoria l'exploratrice

  • Copié
Olivier CORTINOVIS , modifié à
Neuvième à l'issue de la fin des matches aller, la Sampdoria n'a compilé que six petits points depuis le début de l'année, flirtant du même coup très dangereusement avec la zone rouge. Mais pouvait-il en être autrement après s'être débarrassée de son tandem d'artificiers Cassano-Pazzini lors du mercato hivernal ? Les dirigeants blucerchiati cherchent encore des explications à ce suicide avant le déplacement à Milan, samedi, pour la 33e journée de Serie A.

Neuvième à l'issue de la fin des matches aller, la Sampdoria n'a compilé que six petits points depuis le début de l'année, flirtant du même coup très dangereusement avec la zone rouge. Mais pouvait-il en être autrement après s'être débarrassée de son tandem d'artificiers Cassano-Pazzini lors du mercato hivernal ? Les dirigeants blucerchiati cherchent encore des explications à ce suicide avant le déplacement à Milan, samedi, pour la 33e journée de Serie A. La maxime "un seul être vous manque et tout est dépeuplé" commence à prendre tout son sens à la Sampdoria. Même si dans la capitale ligurienne, on préfère fonctionner en tandem plutôt que faire cavalier seul. Quatrièmes de l'exercice précédent, une place inattendue synonyme de strapontin pour le tour préliminaire de la Ligue des champions, les Dorians ont accepté de laisser partir l'été dernier deux des principaux responsables de cette soudaine rédemption. Et pas forcément ceux qu'on attendait. Débauché un an plus tôt de Bergame, le maître tacticien Luigi Del Neri ira donc poursuivre sa fructueuse collaboration avec le directeur sportif Beppe Marotta, au club depuis huit saisons, à la Juventus Turin. Après tout, ces deux hommes n'ont eu pour mérite que de tirer la quintessence d'un groupe ne vivant que par et pour un tout autre duo. Tout autre élément extérieur pourra faire l'affaire, pensait-on à Gênes. Car d'après le président Riccardo Garrone, c'est le tandem d'attaquants formé par Antonio Cassano et Giampaolo Pazzini qui tire le club génois vers le haut. L'aura, la palette tactique ou le palmarès du futur entraîneur n'importent que finalement très peu sur les performances de son équipe. Sauf que bâtir les fondations de la maison Blucerchiata sur un élément aussi instable que Fantantonio n'est pas vraiment gage d'assurance sur le long terme. Le président Garrone connaît son Cassano par coeur. Lui qui était entré dans le monde du football en 2002 avec des valeurs idéalistes en tête avait fait de l'enfant terrible du football italien un fils adoptif, dévouant une partie de son quotidien à tempérer ses sautes d'humeur, jusqu'à devenir le parrain du rejeton de son joueur fétiche. Avec un tel talent que celui de l'attaquant des Pouilles dans son onze de départ, il faut partir du postulat que tout ce qui touche au tableau noir est obsolète. Cassano fait ce qu'il veut sur le terrain, mais aussi en dehors, et le reste de l'équipe a intérêt à vite s'imprégner du monde imaginaire de Peter Pan. Une libre expression qui trouvait son plein régime quand bien même le trequartista, 31 buts en trois saisons, n'était pas forcément dans un grand jour. Pazzini, avec qui il partage cette élégance balle au pied mais aussi cette conception nonchalante du football, prenait alors le relais de son grand frère en l'accompagnant tout en haut du classement des buteurs. C'était avant le drame. A un point de la zone de relégation Le 26 octobre dernier, dans un bureau du centre d'entraînement, Garrone demande à son "fiston" de l'accompagner pour la remise d'un prix à une dizaine de kilomètres de Gênes. Pas la mer à boire. Mais devant l'insistance de son président, Cassano refuse et dérape complètement en l'insultant copieusement en public: "Va te faire foutre, sale vieux!" Si l'enfant de Bari n'en était pas à son coup d'essai, Fabio Capello ayant également tâté de sa gouaille à l'époque du Real - "T'es une merde, t'es plus faux que les billets du Monopoly" - son "dottore Garrone" est le premier à l'envoyer s'expliquer devant les tribunaux du pays. Et malgré la décision de la justice, qui donna gain de cause à l'insoumis, le divorce entre la Samp et son joueur vedette est scellé par un exil express à l'AC Milan. Tel un mari abandonné avec veaux, vaches et cochons par sa chère et tendre, le président de la Sampdoria accumule depuis cette scène de ménage les mauvaises décisions. Et par ricochet, son équipe, sixième début décembre, se retrouve aujourd'hui aux portes de l'enfer. Car après le départ tumultueux du chouchou Cassano, les dirigeants blucerchiata n'ont vraiment plus le coeur à retenir contre vents et marées le convoité Giampaolo Pazzini, auteur de 48 réalisations en 87 matches, et libéré à l'Inter contre 13 millions d'euros plus le Français Jonathan Biabiany. Un Biabiany, qui comme les nouveaux venus du mercato Massimo Maccarone ou Federico Macheda, errent comme des âmes en peine sur les pelouses transalpines, déboussolés par l'absence de tout schéma tactique. Il faut donc tout (re)construire, d'où le changement d'entraîneur avec Alberto Cavasin à la place de Domenico Di Carlo, tenter de nouvelles expérimentations, débrider des joueurs utilisés depuis des mois pour faire briller leurs deux divas. Mais la Samp, 17e à un point de la zone rouge, manque de temps. Depuis le début de la phase retour, les Dorians avancent en effet à un rythme d'escargot de 0,4 points quand ils ne se déplacent pas sous escorte policière pour éviter tout débordement des tifosi. Ces derniers demandent une confrontation avec le Président Garrone, que ce dernier, encore sous antidépresseurs, sèche encore et toujours pour ne pas avoir à répondre de ses actes. A défaut de l'explorer, la Sampdoria a bien touché le fond.