Ruyant évidemment !

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LAURENT DUYCK , modifié à
Vainqueur cette année de quasiment toutes les courses auxquelles il a participé, Thomas Ruyant a confirmé son insolente domination en Class 40 en remportant jeudi la Route du Rhum. A 29 ans, le Nordiste, qui a mené la course presque de bout en bout et résisté au retour de Nicolas Troussel, fait déjà figure de grande révélation des années à venir.

Vainqueur cette année de quasiment toutes les courses auxquelles il a participé, Thomas Ruyant a confirmé son insolente domination en Class 40 en remportant jeudi la Route du Rhum. A 29 ans, le Nordiste, qui a mené la course presque de bout en bout et résisté au retour de Nicolas Troussel, fait déjà figure de grande révélation des années à venir. Le compliment est de Jean-Yves Bernot, l'un des grands routeurs français qui a vu passé Michel Desjoyeaux, Ellen MacArthur ou encore Francis Joyon qu'il a conduit au record du tour du monde en solitaire en 2007. La confidence nous est racontée par Yann Eliès : "Jean-Yves Bernot, qui a travaillé avec lui, m'a dit qu'il avait trouvé en lui du Michel Desjoyeaux, ce n'est pas un compliment en l'air. Quel que soit le résultat de cette Route du Rhum, il a prouvé qu'il était un des grands champions des années à venir." Et quoi de mieux qu'une victoire sur la course préférée des Français pour donner du poids à la prophétie de notre chroniqueur sur cette Route du Rhum ! Après Franck Cammas dans la classe Ultimes, Roland Jourdain en Imoca et Lionel Lemonchois en Multi50, Thomas Ruyant a lui aussi franchi, jeudi à 12 heures, 12 minutes et 17 secondes (heure de Paris) ce jeudi après 17 jours, 23 heures, 10 minutes et 17 secondes de course, la ligne d'arrivée à Pointe-à-Pitre en vainqueur, celui de la Class 40, la flotte la plus imposante au départ de Saint-Malo avec 44 unités engagées. Tout sauf une surprise tant le Nordiste faisait figure de favori, devant les pointures que sont pourtant Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), qui disputait le Rhum en attendant la mise à l'eau de son prochain 60 pieds pour le Vendée Globe 2012, ou Nicolas Troussel (Crédit Mutuel de Bretagne), double lauréat de la Solitaire du Figaro. Un statut que le skipper de Destination Dunkerque doit à un palmarès déjà riche de victoires, pour sa première année à la barre d'un Class 40, sur le Grand Prix de Douarnenez, la Normandy Channel Race et le Record SNSM dans la foulée de son succès en 2009 sur la Transat 650 Charente-Maritime-Bahia, point d'orgue de ses années fastes en Mini (Mini Pavois 2009, Mini-Barcelona 2008, Mini Fastnet 2008 avec Yoann Riou). "C'est fabuleux !" A la barre de son plan Verdier, décrit comme un avion par ses concurrents ce qui mettra du baume au coeur à son architecte dont les trois dernières productions de 60 pieds (Foncia, PRB et Virbac-Paprec 3) ont déçu en Imoca, celui qui a fait ses armes notamment sous la coupe de Daniel Souben sur le Tour de France à la voile aura mené la course presque de bout en bout, vite débarrassé notamment de Stamm, victime d'un problème de barre. Ne restait qu'à contrôler ce diable de Troussel, parti dans une option radicale au sud dont il a le secret et qui lui a réussi par le passé sur le Trophée BPE en 2007. "Il va falloir la jouer finement ! La différence se fera sur un virement, sur un changement de voile opportun, bref, je suis dessus et je ne lâche rien", confiait alors le skipper de Crédit Mutuel de Bretagne. Mais à ce jeu-là, le Nordiste, hériter des Pascal Leys, Joe Seeten ou autre Damien Savatier, est loin d'être un manchot, croisant une soixantaine de milles devant Troussel pour s'imposer avec trois heures et demie d'avance. "Je ne m'attendais pas à avoir Nico (Troussel, ndlr) si proche de moi à l'arrivée, avouait-il. Quand il parti au Sud, je me suis dit chic, je ne donnais pas cher de sa peau. Mais il a toujours été très vite. C'est un sacré marin, il a chaque fois trouvé les portes de sortie qui vont bien. C'est lui qui m'a donné plus de mal, qui m'a fait le plus peur dans les derniers jours..." "Il a démontré une maîtrise totale quand le jeu était serré", résume Yann Eliès. De quoi forcer jusqu'à l'admiration de ses concurrents, notamment Rémi Beauvais (Routes du large), huitième à l'attaque de la Guadeloupe : "Petit message pour l'arrivée de Thomas : mes plus sincères félicitations, il a fait une course parfaite à la hauteur de son talent. C'est un grand..." Un futur grand nom de la voile qui ne cachait pas son bonheur à l'arrivée. "C'est fabuleux", exultait-il à quai. "Quand je suis parti de Saint-Malo, j'avais une grosse, grosse envie de me faire confiance, dans les choix que je prendrai, dans mes décisions. Rapidement, 3-4 jours après le départ, j'ai réalisé que je pouvais imposer mon rythme. Psychologiquement, c'est vachement important, ça m'a donné la niaque. Et emmener comme ça une flotte de 45 acharnés, c'est énorme !"