Réveillère revient de loin

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Olivier CORTINOVIS , modifié à
EQUIPE DE FRANCE - Le Lyonnais a retrouvé la sélection au prix de nombreux efforts.

EQUIPE DE FRANCE - Le Lyonnais a retrouvé la sélection au prix de nombreux efforts.Réveillère rêvait de rattraper le temps perdu. Très tôt exposé aux mises au vert avec les sélections de jeunes tricolores, l'enfant de Doué-la-Fontaine portait très bien le nom de sa ville de naissance. Vice-champion d'Europe avec les moins de 16 ans en 1996 puis avec les Espoirs en 2002, l'arrière latéral, formé à Angers, était prédestiné à une belle carrière en bleu à un poste déserté, jusqu'à compter rapidement cinq capes avec l'équipe fanion. La dernière en date remontait à novembre 2005 et une rencontre amicale face à l'Allemagne (0-0). Depuis ? Le néant et une histoire en pointillés sous le maillot orné du coq. Jusqu'à cette convocation, presque inespérée, parmi les 30 puis les 24 pour représenter son pays en Afrique du Sud. "J'avais plus prévu de me retrouver à Tignes pour la reprise avec Lyon. Maintenant dans la presse, on parlait de tel ou tel nom et tout le monde faisait ses pronostics. Pour moi, c'était toujours dans un coin de ma tête," déclarait-il pendant le stage dans la station savoyarde.Le Lyonnais n'a pourtant jamais été un as du timing. Ou du moins, quelques contre-temps malheureux l'ont privé des sommets internationaux. Doublure de Willy Sagnol avant la Coupe du Monde 2006, Réveillère se blesse aux ischios-jambiers en janvier avant de rechuter quelques semaines plus tard, laissant sa place dorée au surprenant Pascal Chimbonda, élu meilleur latéral droit en Premier League. Soumis ensuite à la concurrence de François Clerc dans son club, l'ancien Rennais baisse le pied à l'entraînement et laisse son jeune rival s'envoler vers l'Euro 2008. Les observateurs pensent alors que son tour est passé, d'autant qu'une vilaine rupture du ligament croisé du genou gauche le laisse face à un drôle de dilemme. Opération ou pas ? Son retour avec les Bleus se dessine ici..."Je sais d'où je reviens..."Car, en décidant contre l'avis de Claude Puel mais avec l'accord du préparateur physique Robert Duverne - qui officie également en Équipe de France - de ne pas passer sur la table d'opération et de procéder à un renforcement musculaire, Réveillère va rapidement retrouver le chemin des terrains, moins de quatre mois après sa blessure. Un gain de temps précieux au moment où les langues tournaient sur sa capacité à retrouver son meilleur niveau. "C'est une belle revanche par rapport à ça et aussi une belle récompense," apprécie-t-il aujourd'hui. J'ai pris cette décision, j'ai assumé et puis la meilleure réponse par rapport à tout ça, c'était de montrer sur le terrain que ça tenait. Mais je vais arrêter d'en parler et tourner la page, même si je sais d'où je reviens..." Une force de caractère qui lui a permis de remporter sa course contre-la-montre et de montrer des qualités de combattants jusqu'alors bien cachées.Qualifié à une époque de "bon touriste" par Raymond Domenech, l'ancien Rennais ne part pas en Afrique du Sud pour un "safari", pour paraphraser l'image de son coéquipier Patrice Evra, même s'il devrait commencer à 30 ans la compétition sur le banc de touche pour sa première phase finale internationale. En deux matches de préparation, il est d'ailleurs le seul joueur de champ à ne pas avoir disputé la moindre minute de jeu. Mieux que rien pour ce défenseur de couloir polyvalent, préféré sur le fil à Rod Fanni pour suppléer Bacary Sagna en cas de pépin physique ou de contre-performance. C'est d'ailleurs peut-être cette capacité à dépanner sur le côté gauche qui a convaincu le staff tricolore de bouleverser sa hiérarchie et de l'emmener à Knysna. Tout comme sa saison pleine avec l'OL, gratifiée de deux prestations majuscules contre le Real Madrid, où il tint en respect ses deux adversaires directs, Cristiano Ronaldo puis Kakà. Réveillère espère désormais continuer sur le même tempo, maintenant qu'il s'est mis à l'heure de l'Afrique du Sud.