Razzano: "Je dois me reconstruire"

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Propos recueillis par Alexandre SARKISSIAN , modifié à
On ne mesure certainement pas vraiment quel courage il a fallu à Virginie Razzano pour jouer mardi sur le Central de Roland-Garros. La défaite concédée face à Gajdosova est évidemment sans aucune importance par rapport au drame qui touche la joueuse française. De la force, elle en a également eu besoin pour se présenter devant les medias.

On ne mesure certainement pas vraiment quel courage il a fallu à Virginie Razzano pour jouer mardi sur le Central de Roland-Garros. La défaite concédée face à Gajdosova est évidemment sans aucune importance par rapport au drame qui touche la joueuse française. De la force, elle en a également eu besoin pour se présenter devant les medias. Où avez-vous trouvé la force pour être sur le court aujourd'hui ? Elle est inexplicable mais elle est grande, il m'a fallu beaucoup de courage pour entrer sur le court, c'était beaucoup d'émotion. C'est très difficile, c'est très dur, ça fait mal mais si je l'ai fait, c'est pour Stéphane, pour moi. Il me disait que devais continuer ma vie malgré les circonstances. Il croit en moi, il sait que j'ai cette force, celle qu'il avait aussi. C'est pour ça qu'on était courageux tous les jours et qu'on luttait ensemble. J'ai pris mon courage à deux mains mais je n'en ai pas beaucoup, je suis très fragile et je me sens seule même si j'ai beaucoup de gens qui m'entourent. Le témoignage que vous avez livré dans le journal L'Equipe était très beau et émouvant mais vous auriez pu le garder pour vous. Pourquoi ce témoignage ? J'ai raconté qui était Stéphane, comment il agissait vis-à-vis des autres, comment il était avec moi, pourquoi on était ensemble. Je voulais que les gens sachent quel homme il était. C'était quelqu'un qui ne jugeait personne, très respectueux de tous, il n'y avait pas de jalousie chez lui. Et le combat qu'il a mené tous les jours, cette force qu'il avait, je l'avais aussi en moi. C'était mon entraîneur, je perds deux personnes en même temps, et je perds ma moitié. Je suis un peu perdue, sous le choc, il me faut du temps pour me retrouver, je dois me reconstruire. Que vous a dit votre adversaire à la fin du match ? Et quel est le collier que vous portez ? Pour elle, ça ne devait pas être facile non plus, on en a beaucoup parlé à la WTA, les joueuses sont touchées aussi, à leur manière bien sûr. Elle a dû se mettre un peu à ma place. Quand elle m'a serré la main, c'était une manière de me dire bon courage. Ce collier, c'est celui de Stéphane. Je lui avais offert pour la Saint-Valentin à Anvers, il le portait tout le temps. J'étais avec lui tout le temps et il l'a porté jusqu'à son dernier soupir. Maintenant, c'est lui qui est avec moi. Il est là pour me réconforter. Vous avez choisi le tennis comme thérapie à votre douleur, comment envisagez-vous la suite ? La programmation qu'on avait faite avec Steph' allait jusqu'à Wimbledon, il y avait Birmingham et je revenais le voir après. Il m'avait dit "On verra", il sentait déjà les choses. Avant tout, je vais essayer de me refaire une santé car j'ai perdu beaucoup de poids, me refaire un physique. Pour les matches, je ne me prendrai pas la tête, si je ne le sens pas, je gérerais.