Ramoin: "Je vise un podium"

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PAULINE JOSEPH , modifié à
Un an après avoir décroché le bronze olympique à Vancouver en boardercross, Tony Ramoin vise un nouveau podium à La Molina, à l'occasion des Championnats du monde de snowboard (14-23 janvier). L'occasion pour le skieur d'Isola 2000 de se relancer après une première partie de saison en demi-teinte.

Un an après avoir décroché le bronze olympique à Vancouver en boardercross, Tony Ramoin vise un nouveau podium à La Molina, à l'occasion des Championnats du monde de snowboard (14-23 janvier). L'occasion pour le skieur d'Isola 2000 de se relancer après une première partie de saison en demi-teinte. Comment vous sentez-vous à l'approche des Championnats du Monde de La Molina ? J'ai eu un début de saison assez difficile. Je n'ai pas réussi à obtenir de très bons résultats. Mais durant les vacances de Noël, j'ai complètement coupé avec le boardercross. Je me suis consacré à d'autres activités et ça m'a vraiment redonné la pêche, donc j'aborde plutôt sereinement ces Championnats du monde. Quels seront vos objectifs en Espagne ? Je vise clairement un podium. Une finale me satisferait pleinement, mais si je venais à terminer quatrième, je serais vraiment frustré. Donc je préfère viser le podium. Les Championnats du monde sont totalement différents des Jeux Olympiques ou de la Coupe du Monde. C'est une course d'un jour et en général, c'est sur ce genre de compétition que j'arrive à tirer mon épingle du jeu. Une médaille pourrait-elle vous permettre de vous imposer définitivement dans le gratin mondial ? Si je reviens de La Molina avec une médaille, ça ne sera que du positif pour moi. Ça ne me garantit pas de pouvoir rééditer une telle performance plus tard, mais ça signifie que je serai capable de récidiver sur un gros évènement. Peut-être que cela servirait de déclic. D'autant que j'espère vite décrocher une médaille en Coupe du Monde. Que représentent pour vous ces Championnats du monde ? C'est une course particulière. Il y a un titre en jeu, ce qui est assez rare pour nous. Hormis les Jeux olympiques et les X Games, les Championnats du monde sont la seule compétition qui puisse nous offrir un titre, sur une seule course. C'est donc très important. Mais, même si être champion du monde c'est toujours bien, j'accorde beaucoup plus d'importance aux X Games et aux Jeux. "Le mental fait 90 % de la course" Avec près d'un an de recul, comment analysez-vous le bronze olympique obtenu à Vancouver ? (Rires). C'était tout simplement un jour parfait: le boarder était super, la neige exactement comme je l'aime, il y avait 30000 personnes en bas de la piste. Ça m'a donné des ailes. Je savais que j'étais capable de décrocher une médaille, car j'avais terminé cinquième lors de la manche de Coupe du monde précédant les Jeux et j'étais passé à rien de la finale. Je savais que j'allais avoir les mêmes adversaires à Vancouver et donc que j'aurais une carte à jouer. J'ai réussi. Qui plus est, pendant les JO, c'est tant mieux. Vous pensez-vous capable de rééditer cette performance à La Molina ? Je l'espère ! J'ai le niveau, je pense avoir le mental. Maintenant, tout reste à faire. Ce ne sera pas facile, mais c'est possible ! Le mental peut-il faire basculer la course ? Bien sûr ! Surtout dans des courses d'un jour comme celle-là, où c'est souvent celui qui a le plus de volonté qui va arriver à faire une performance. Je pense que le mental, à ce niveau-là, fait 90 % de la course. Au Canada, vous étiez le parfait outsider. Vous êtes aujourd'hui plus connu, donc forcément plus attendu. Cela peut-il vous desservir ? Je tirerai le bilan à la fin de la saison. Pour le moment, je n'en sais vraiment rien. Les gens m'attendent forcément, mais à ce niveau-là, je ne pense pas que ça puisse jouer. Chacun est capable de réaliser de bons résultats. En revanche, je pense que mon image a changé aux yeux des personnes qui ne sont pas dans le milieu du snowboard. Je sens que l'attente est plus grande. Avant, quand je m'engageais dans une compétition, tout le monde s'en fichait. Maintenant, je reçois des messages de soutien, d'encouragements. Mais je ne suis pas quelqu'un de naturellement stressé, donc ça ne joue pas forcément. Quels points devez-vous travailler pour vous imposer parmi les meilleurs mondiaux ? Je dois en priorité améliorer mes virages. Voire même apprendre à en faire (rires) ! Je bute également beaucoup sur les courbes. L'irrégularité est aussi un de mes points faibles. Je ne parviens pas à faire de bons scores sur chaque course de la saison, comme Pierre Vaultier par exemple. Il me manque encore un grain de folie pour y arriver. Au contraire, sur les courses d'un jour, je peux avoir un élan de surmotivation. Il y a ce petit truc en plus qui, généralement, me transcende. Cette émulation, ce stress, qui bloquent certains athlètes sur quelques courses, moi, ça m'encourage. "Les chances de médailles françaises ? Elevées !" Comment vivez-vous la concurrence interne avec Pierre Vaultier et Paul-Henry de le Rue ? (Rires) On la vit très bien ! C'est du sport. Dès le début, on savait qu'un jour, on allait être confrontés les uns aux autres. Avec Pierre, on se connaît depuis nos dix ans. Cela fait maintenant douze ans qu'on court ensemble. On s'entend très bien, on est très bons amis. Mais lorsqu'on est sur la piste, c'est pour gagner. Forcément. Avec Paulo, on se côtoie depuis moins longtemps mais on est avant tout une équipe. On s'entraide durant toute la saison. C'est aussi ça qui fait la différence, qui a amené l'équipe de France où elle est aujourd'hui. Mais on sait tous les trois qu'il n'y a pas de place pour tout le monde, qu'il n'y aura qu'un vainqueur. Leurs performances sont-elles sources d'inspiration pour vous ? J'ai eu mes idoles, comme tout le monde, quand j'étais jeune. Xavier de le Rue, c'était un Dieu pour moi et j'ai eu la chance de courir avec lui lors des trois dernières saisons. C'était génial. Les premières fois où j'ai ridé avec lui, j'étais comme un gamin. Des gens comme Xavier m'inspirent vraiment. Avec Paulo et Pierre, c'est différent. On est de la même génération. On s'entraide et on essaie d'avancer ensemble. Quelles sont, selon vous, les chances françaises à La Molina ? En un mot: élevées ! Pierre Vaultier est en grande forme. Il a gagné la dernière étape de Coupe du Monde, à Telluride. C'était de loin le meilleur mondial l'an dernier et il fait encore partie des plus forts cette saison. S'il arrive à gérer la pression et à ne pas craquer comme il l'avait fait aux JO, c'est une grande chance de médaille. Paulo est capable de réaliser un bon score également. Il ne faut pas oublier William Bankes. Je ne pense pas qu'il puisse faire une médaille, mais il est jeune, frais, en pleine ascension, alors qui sait ? Et pour finir, moi ! J'aimerais bien en décrocher une ! On est tous les trois capables de monter sur le podium. Il faudra tout mettre en oeuvre pour y parvenir et croiser les doigts !