Poulat s'explique sur Europe 1

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Vivement critiqué après sa prestation lors de la demi-finale de la Coupe de France entre Toulouse et Guingamp, Eric Poulat était l'invité exceptionnel de Marc-Olivier Fogiel, lundi matin sur Europe 1, afin d'évoquer le climat plus que tendu qui règne au sein du corps arbitral français.

Vivement critiqué après sa prestation lors de la demi-finale de la Coupe de France entre Toulouse et Guingamp, Eric Poulat était l'invité exceptionnel de Marc-Olivier Fogiel, lundi matin sur Europe 1, afin d'évoquer le climat plus que tendu qui règne au sein du corps arbitral français.Eric Poulat, l'arbitre fortement décrié après sa prestation lors de la demi-finale de Coupe de France entre Toulouse et Guingamp (1-2), a répondu aux questions de Marc-Olivier Fogiel sur les ondes d'Europe 1, lundi matin. L'occasion pour lui de s'expliquer et de se défendre après avoir été la cible de nombreuses attaques.Vilipendé dans la presse par Noël Le Graët (*), le président de l'En-Avant, le natif de Bron ne comprend pas toutes ces critiques : "J'ai été fortement choqué par ces propos, d'autant plus que, pour moi, il était une icône dans le football français. J'ai eu du mal à comprendre sa réaction après la demi-finale de la Coupe de France. Qu'il vienne me dire, les yeux dans les yeux, dans le vestiaire, ce qu'il pense, je l'accepte tout à fait. Mais s'épancher dans la presse comme il a pu le faire, c'est quelques chose qui me choque."Poulat affiche même une certaine lassitude devant ce phénomène : "Malheureusement, chaque fin de saison, avec les enjeux grandissants du foot, le moindre point devient primordial et systématiquement le bouc-émissaire, c'est l'arbitre. En fait, c'est surtout pour masquer les carences des joueurs qu'on s'attaque aux hommes en noir et je trouve ça un petit peu dommageable." L'atmosphère est en effet électrique dans le monde des arbitres hexagonaux en ce moment. A quatre journées du terme de la saison, la tension liée aux résultats et à l'aspect économique n'a jamais été aussi importante. Le Conseil supérieur de l'arbitrage a même décidé de convoquer tous les arbitres de l'élite pour un petit rappel à l'ordre en vue de cette fin d'exercice. "Parfois, c'est pile ou face"L'homme, âgé de 45 ans, défend pourtant ses collègues et pointe du doigt le manque d'aide qu'on leur apporte : "Les arbitres on toujours commis des erreurs, nous sommes des humains. Si on veut faire progresser les arbitres, il faut leur donner les outils et actuellement, nous n'en avons aucun. Qu'on arrête de nous tirer dessus, on ne peut pas se défendre."Le Rhodanien insiste et met en relief ses propos : "C'est facile quand on regarde un match à la télé avec des caméras et des ralentis. Le pauvre arbitre n'a que deux yeux, n'a pas le don d'ubiquité et n'a qu'un quart de seconde pour juger. On est complètement démunis. En plus dans un monde où les joueurs sont de plus en plus tricheurs et simulateurs... Je vais être clair, parfois une décision c'est pile ou face, on n'est jamais convaincu à 100 % de la décision que l'on prend."Celui qui prendra sa retraite à la fin du mois de mai après 31 saisons d'arbitrage admet que la pression fait partie du métier mais s'inquiète des conséquences de cette ambiance délétère : "La société n'est plus la même. Il y a eu des dérives et on les retrouve dans notre sport. Ce qui me fait le plus mal, ce sont les répercussions que peuvent avoir ces dérives médiatiques sur nos collègues de la base. Ce sont eux qui subissent les travers de la société et quand on voit le mauvais exemple du haut-niveau, inexorablement ce sont les arbitres de la base qui trinquent."En guise de conclusion, l'homme en noir ne manque pas d'envoyer un petit message vers ses anciens congénères qui jouent désormais les consultants dans les médias : "Je suis outré que certains de mes collègues, passés de l'autre côté de la barrière, aient parfois des propos acerbes sur les arbitres." En l'état actuel des choses et dans un monde du ballon rond où les enjeux d'un simple match dépassent l'entendement, ce genre de polémiques ne risque pas de se calmer de si tôt. Elles pourraient même prendre un peu plus d'ampleur, notamment lors de l'épilogue indécis que nous prépare la Ligue 1.(*) : Le président guingampais avait notamment déclaré : "Ce n'est pas un problème d'arbitrage, c'est un problème d'arbitre. Je crois que Monsieur Poulat est dépassé depuis très longtemps et il faut qu'il arrête."