Pas mal pour des doublures !

  • Copié
Sylvain LABBE , modifié à
Une semaine après sa victoire à Bordeaux (19-12), le XV de France s'est de nouveau imposé face à l'Irlande, samedi à Dublin, lors de son dernier match amical avant la Coupe du monde (26-22). Grâce à deux essais signés Heymans et Trinh-Duc, les Bleus concluent donc leur préparation sur une bonne note, et s'envoleront vers la Nouvelle-Zélande avec quelques certitudes.

Une semaine après sa victoire à Bordeaux (19-12), le XV de France s'est de nouveau imposé face à l'Irlande, samedi à Dublin, lors de son dernier match amical avant la Coupe du monde (26-22). Grâce à deux essais signés Heymans et Trinh-Duc, les Bleus concluent donc leur préparation sur une bonne note, et s'envoleront vers la Nouvelle-Zélande avec quelques certitudes. Voilà donc à quoi ressemblent ces doublures, telles que les avaient cataloguées un peu vite quelques mauvaises langues. On avait, c'est vrai, ici même pensé que les vainqueurs du premier test de Bordeaux avaient tout à gagner à s'éviter cette virée casse-gueule en terre irlandaise, où les treize nouveaux titulaires étaient censés essuyer un grain sévère de nature à les mettre au placard sur le chemin qui mènera les Bleus à la Nouvelle-Zélande. Et bien les doublures vous saluent bien ! Oh, chez eux, pas de départ pied au plancher, non, plutôt un bon vieux diesel, qui ronronne face à l'esprit revanchard des cadres irlandais, pourtant tous convoqués pour l'occasion, avant de passer la seconde et de réduire au silence l'Aviva Stadium. Les sélectionneurs voulaient que leurs joueurs leur posent des problèmes, ils sont servis. Car d'une semaine sur l'autre, si la progression est évidente, les titulaires du jour en sont les premiers responsables, capables de contenir sans frémir une Irlande qui a de quoi s'inquiéter. Dans le sillage d'un François Trinh-Duc, sorti comme un ressort de sa boîte, et d'un Morgan Parra, auteur d'un 100% au pied (5 sur 5), comme la plus belle des réactions dans le duel qui l'oppose à Yachvili, ces Bleus ont répondu à l'exigence de Lièvremont, qui réclamait en premier lieu de l'homogénéité au terme de cette préparation. Pas même une blessure -si ce n'est le KO de Skrela (voir par ailleurs)- pour venir perturber la nuit du sélectionneur... Rougerie, c'est signé ! Une semaine après le début de match en fanfare des Bleus à Bordeaux, on guette inévitablement au coup d'envoi la réponse du berger irlandais à la bergère tricolore... Elle ne tarde pas dans cette entame tout à l'avantage d'un XV du Trèfle cette fois en marche avant. Les pénalités pleuvent sur les Bleus, Jonathan Sexton ouvre le score (3-0, 3e), avant que le maître flanker des Verts, la révélation du dernier Tournoi, Sean O'Brien, ne laisse David Skrela en situation de KO technique, bras en croix au centre de la pelouse, pour déchirer la défense tricolore. Du rythme et des temps de jeu, sans atteindre l'intensité de la furia française de Chaban-Delmas, la réaction d'O'Driscoll et de ses hommes fait mouche avec en bout de ligne cette charge du pilier Cian Healy face à laquelle Morgan Parra et ses 76 kilos explosent littéralement. L'Irlande prend les devants (8-0, 10e). C'est à l'impact physique que les Bleus souffrent, à l'image d'un duel des n°8, où Jamie Heaslip éclipse totalement Louis Picamoles. Dépensée dans une défense quasi permanente, l'énergie à revendre des treize nouveaux rentrants français ne s'exerce pour l'heure que trop timidement dans les 22 mètres adverses, si ce n'est sur cette incursion d'Alexis Palisson (23e), et encore pour l'un des rescapés du premier test. C'est néanmoins le premier signe d'un réveil tricolore que Parra concrétise de sa première pénalité (8-3, 26e). Skrela, sorti par précaution et remplacé par François Trinh-Duc, l'ouvreur montpelliérain se signale sans attendre. Celui qui, selon les propres termes de son sélectionneur, avait "disjoncté" sur ses montées défensives du week-end dernier, a cette fois les fils bien branchés pour décocher un drop parfait des 40 mètres (8-6, 28e). Une inspiration qui a le don de libérer pour de bon les Bleus. Moins de trois mois après sa fracture de la malléole, Aurélien Rougerie signe son retour sur cette prise d'intervalle parfaite entre O'Driscoll et Gordon D'Arcy pour envoyer Cédric Heymans, intercalé dans la ligne, à l'essai, que Parra transforme (8-13, 31e). Une première main au tableau noir, qui donne aux Bleus un avantage que Parra confirme un peu plus avant la pause (8-16, 39e). La montée en puissance maîtrisée de cette nouvelle mouture de l'équipe de France, loin de l'extase trop précoce de sa devancière, impressionne favorablement. A confirmer dès la reprise, qui crée l'évènement avec le grand retour au jeu d'un Fabien Barcella, dont on peine pourtant à croire qu'il pourrait renverser une tendance que le dernier écho de Dublin annonce défavorable au pilier biarrot, comme à son homologue clermontois, Thomas Domingo. La belle partition française, elle, se poursuit sous la férule de Parra, impeccable au pied (8-19, 44e), ou encore sur ce déboulé sur l'aile d'un Picamoles libéré que Fulgence Ouedraogo gâche d'une faute de main (46e). Mais cette équipe d'Irlande, de plus en plus tétanisée par la perspective d'un troisième revers de rang, se noie, cafouille ses lancements de jeu dans ses propres 22 mètres et offre à Trinh-Duc une interception d'une main et avec le deuxième essai tricolore de l'après-midi (8-26, 50e). Face à la sévère défaite, qui se dessine, l'orgueil irlandais doit parler. Comme sur cette série de mêlées à dix mètres de la ligne française, qui mettent Barcella à l'épreuve, sans que les Bleus ne rompent (57e), si ce n'est sur ce baroud final de Sexton (13-26, 75e), puis d'O'Brien (20-26, 80e) en toute fin de match. Un des rares temps faibles de la performance française, au point de voir Médard essayé entre temps au centre. Ce XV de France, assurément, ce samedi, avait de la marge.