Noyade à la direction de course

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Jean-Philippe GUNET , modifié à
Départ sous la voiture de sécurité, pénalités discutables, plus de deux heures d'interruption au drapeau rouge: le Grand Prix du Canada a été transformé en un authentique capharnaüm. En cause, les décisions erratiques de la direction de course, visiblement partagée entre les nécessités de la sécurité et celles des retransmissions télévisées. Les spectateurs, eux, ne sont pas sortis gagnants.

Départ sous la voiture de sécurité, pénalités discutables, plus de deux heures d'interruption au drapeau rouge: le Grand Prix du Canada a été transformé en un authentique capharnaüm. En cause, les décisions erratiques de la direction de course, visiblement partagée entre les nécessités de la sécurité et celles des retransmissions télévisées. Les spectateurs, eux, ne sont pas sortis gagnants. Il est 15h50 à Montréal. Les tribunes autour du circuit Gilles-Villeneuve se sont en bonne partie vidées. Sur la grille de départ, les moteurs sont à nouveau démarrés. Sauf que la course est interrompue depuis plus de deux heures, et que le public québécois (pourtant fan de F1) a perdu patience. Le drapeau rouge a été présenté à 13h45: l'averse tombée au bout d'une dizaine de tours s'est transformée en déluge. L'interruption de la course paraît alors amplement justifiée, il n'est effectivement plus possible de courir. Les pilotes se regroupent donc sur la ligne droite des stands. Un à un, ils sortent de leurs cockpits. La voiture médicale et une voiture rouge apparaissent à intervalles réguliers pour évaluer l'état de la piste. Mais la direction de course, elle, reste désespérément muette. D'ordinaire, elle annonce un délai pour prendre une décision (généralement tous les quarts d'heure). Ici, rien. Cette absence d'information fait mauvais effet sur le public et sur les téléspectateurs. Sifflets dans les tribunes En fait, la direction de course était visiblement partagée entre sécurité et spectacle. Mais pour honorer les contrats avec les télévisions, il fallait à tout prix donner une chance au Grand Prix d'être relancé. Ce n'est que vers 15h35 que le redémarrage de la course est enfin annoncé. Un quart d'heure plus tard, les monoplaces repartent. Mais pendant plus de deux heures, il ne s'est rien passé. Dans les tribunes, les sifflets ont fusé. L'interminable retard serait justifié par la nécessité d'attendre que la pluie cesse. Au Grand Prix du Japon 1994, la course a aussi été interrompue par un déluge. Mais les officiels avaient alors été beaucoup plus rapides à prendre la décision de la relancer. Ce vide de deux heures n'est pas le seul point litigieux. Le départ a été donné derrière la voiture de sécurité. D'ordinaire, c'est ce qui se fait s'il pleut beaucoup avant le début de la course. Ici, la piste était mouillée, mais la pluie avait pour ainsi dire cessé. Au 13e tour, Button écope d'une pénalité "drive through" pour ne pas avoir respecté la bonne allure sous le régime de voiture de sécurité, alors qu'il s'arrêtait à son stand. Des enquêtes comme s'il en pleuvait Au 19e passage, un déluge s'abat sur la piste. La direction de course refait sortir la voiture de sécurité... et la laisse en piste pendant six tours, avant d'interrompre l'épreuve au drapeau rouge. Regrouper les monoplaces derrière la voiture de sécurité peut poser des soucis pour la pression des pneus ou pour la température des moteurs. Lorsque la course reprend, après deux heures de pause forcée, c'est à nouveau derrière la voiture de sécurité. A la radio, les pilotes annoncent au bout de quatre à cinq tours que la visibilité est acceptable. La pluie a diminué, voire cessé. Mais ce n'est qu'au bout de neuf boucles que la course reprend ses droits. Une gestion des événements erratique, donc. Mais aussi une pluie d'enquêtes décidée par les commissaires sportifs sur des incidents de course. Button est concerné pour deux accrochages: avec Hamilton, qui tentait de le dépasser au 8e tour, et avec Alonso, qu'il dépassait au 37e passage. Incapables de décider sur le moment, les commissaires sportifs ont préféré retarder leur verdict après la course. Quelques heures plus tard, un communiqué tombe: l'incident entre Button et Alonso n'étant qu'un "incident de course", "aucune mesure ne sera prise". Tout ça pour ça...