Normand: "Un côté un peu ultime"

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Propos recueillis par LAURENT DUYCK , modifié à
Plus jeune skipper à la barre d'un prototype, Thomas Normand, 25 ans, sera l'un des hommes à suivre sur la Transat 6.50 dont le départ sera donné dimanche de La Rochelle. Une première traversée de l'Atlantique en solitaire qui sera également sa dernière sur ces petits monocoques de 6,50 mètres, le protégé de Jean-Pierre Dick ayant convaincu son sponsor de l'accompagner en Figaro la saison prochaine.

Plus jeune skipper à la barre d'un prototype, Thomas Normand, 25 ans, sera l'un des hommes à suivre sur la Transat 6.50 dont le départ sera donné dimanche de La Rochelle. Une première traversée de l'Atlantique en solitaire qui sera également sa dernière sur ces petits monocoques de 6,50 mètres, le protégé de Jean-Pierre Dick ayant convaincu son sponsor de l'accompagner en Figaro la saison prochaine. Thomas, avec quel objectif prenez-vous le départ de cette course ? C'est ma première transatlantique, donc le principal objectif sera de se faire plaisir, sachant que le plaisir vient aussi de la performance. Mais je ne pars pas avec un objectif précis de place en tête. Après, si je suis devant avant le dernier virage à Salvador de Bahia, je ne lâcherai rien. Mais la priorité sera de préserver le bateau et de se faire plaisir. Vos résultats cette saison (*) font de vous un candidat au podium, non ? Oui, j'ai travaillé pour ça ces trois dernières saisons. Mais on est dix dans ce cas-là. Et n'ayant pas d'expérience de cette course, une course longue, je ne veux pas griller toutes mes cartouches d'entrée. Je veux prendre le rythme tranquillement et on verra ce que ça va donner. Ce serait osé de dire que je veux gagner. Il y a beaucoup d'étapes avant ça. Pour gagner, il faut déjà arriver. Je garde ça en tête. En toute humilité (sourires). Comment appréhendez-vous cette expérience nouvelle pour vous ? Ça a un côté un peu ultime de traverser l'Atlantique sur ces petits bateaux. On ne peut pas faire plus petit... D'ailleurs, c'est la plus solitaire des transats, c'est une réelle aventure. Mais, à ma grande surprise, je suis plus impatient que stressé. Je me demandais dans quel état d'esprit j'allais être. Et le résultat, c'est que j'ai hâte d'y aller. Ça fait trois ans que je me prépare, j'ai essayé de penser à tout - au sommeil, à la nutrition, etc. - pour répondre à toutes les questions et éviter le stress. Tout est à peu près clair dans mon esprit aujourd'hui. Préparer une transatlantique, ça ressemble à quoi ? J'ai la chance de faire partie de l'écurie de course au large de Jean-Pierre Dick. C'est un réel avantage parce qu'il y a pas mal de synergies, notamment dans la gestion de projet, que ce soit la partie administrative ou la partie technique. Jean-Pierre a déjà deux Vendée Globe à son actif, bientôt un troisième, donc il a accumulé avec son équipe tout un savoir-faire en termes de technologie, de gestion de soi au large - il a une banque de spécialistes avec lesquels il travaille sur le sommeil, la nutrition, la gestion du stress par exemple. "Cette transat est une étape" Et sur l'eau, allez-vous surveiller certains camarades en particulier ? Il y aura entre cinq et dix concurrents qui seront très affûtés et qui se bagarreront pour être aux avant-postes. Les noms, on les a en tête, il y a une dizaine de bateaux qui sont sortis du lot cette saison. Mais je pense que chacun fera sa course. Les options tactiques seront primordiales. Sur la première étape, le jeu devrait être assez ouvert, avec pas mal de près qui va nous obliger à louvoyer. Donc la flotte risque de se séparer en plusieurs groupes. Ce ne sera pas le moment de se contrôler les uns et les autres. Cette phase-là viendra dans un dernier temps, quand on arrivera à Bahia et quand ce sera le moment de calculer. Dans un premier temps, il faut creuser l'écart et suivre sa stratégie. Vous quitterez la classe Mini à l'issue de cette saison. Cette course a-t-elle valeur de test ? Quand je me suis lancé il y a trois ans, traverser l'Atlantique était déjà non pas une finalité mais une grosse part du gâteau. C'était un gros projet et j'avais du mal à me projeter au-delà. Mais mon partenaire titre, la Financière de l'Echiquier, m'a renouvelé sa confiance avant même le départ de cette Transat, l'objectif principal de la saison, pour basculer sur le Figaro. C'est une formidable occasion de voir à plus long terme et de prendre cette transat comme une étape. Pourquoi changer de classe à votre âge ? Le Mini apporte beaucoup, dans la gestion du large, la gestion du stress, la gestion des situations critiques. Le Figaro apporte d'autres choses: la confrontation aux meilleurs, le placement tactique à court terme. C'est vraiment complémentaire. Et dans l'idée de faite du plus gros bateau un jour, c'était le moment de passer au Figaro et de multiplier les expériences. Quand on fait partie de l'écurie de Jean-Pierre Dick, la suite, c'est forcément le Vendée Globe ? Pas forcément. C'est l'une des possibilités. C'est clair que ça fait rêver de voir Jean-Pierre préparer le Vendée Globe. Mais il y a beaucoup d'autres supports et de jolis bateaux. Je me laisse le temps. C'est un peu prématuré d'en parler maintenant. (*) 5e de la Demi-Clé 6,50, 3e de la Pornichet select, 5e du Trophée Marie-Agnès Péron, 2e du Mini Fastnet, 2e de la Transgascogne.