Navarro, c'est Zorro ?

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Thomas PISSELET , modifié à
Depuis deux matches, Juan Carlos Navarro affole tous les compteurs. Auteur de 26 points face à la Slovénie en quarts, puis de 35 points contre la Macédoine en demies, l'arrière espagnol aborde la finale de l'Euro 2011 contre l'équipe de France en pleine confiance. Au point d'éclipser l'autre vedette de la Roja, Pau Gasol ?

Depuis deux matches, Juan Carlos Navarro affole tous les compteurs. Auteur de 26 points face à la Slovénie en quarts, puis de 35 points contre la Macédoine en demies, l'arrière espagnol aborde la finale de l'Euro 2011 contre l'équipe de France en pleine confiance. Au point d'éclipser l'autre vedette de la Roja, Pau Gasol ? Comme ça, à vue d'oeil, il ne ressemble pas à grand-chose. En tout cas pas à un crack du basket européen. Pourtant, Juan Carlos Navarro est un monstre d'efficacité, de lucidité, dont on aurait adouci les traits pour le rendre un peu plus humain. Avec son club de Barcelone comme avec l'équipe nationale d'Espagne, l'arrière catalan a tout gagné. Et ce n'est pas qu'une coïncidence. Il n'est pas seulement là au bon endroit au bon moment, il est juste la bonne personne. Depuis tout petit, en plus. Champion d'Europe puis champion du monde juniors avec la Roja à la fin des années 1990, il s'est depuis bâti un palmarès à faire rougir pas mal de joueurs, avec l'or mondial en 2006, continental en 2009, plus deux titres en Euroligue et une tripotée d'autres en Liga ACB. Le plus impressionnant, c'est qu'il n'a pas l'air décidé à arrêter sa collection. En cette fin d'Euro 2011, alors que tout le monde focalise son attention sur les deux frères Pau et Marc Gasol à l'intérieur, "La Bomba" explose les compteurs en périphérie. Scariolo: "Un maestro, une peinture du Louvre""Juan Carlos Navarro rate très rarement un tir, constate Boris Diaw, le capitaine de l'équipe de France, que l'Espagne affronte en finale dimanche soir à Kaunas. Il joue à un super niveau et c'est sans doute l'un des meilleurs joueurs de cette compétition." Sa spécialité ? L'adresse. Ses trois dernières rencontres, il les a conclues avec plus de 50% de réussite à trois points, dont un 4/4... face aux Bleus. Mais c'est davantage contre la Slovénie (26 points, à 11/16 aux shoots) et la Macédoine (35 points, à 13/23) qu'il a impressionné son monde. "Il a joué comme un maestro, c'est comme s'il était une peinture du Louvre, a déclaré son coach Sergio Scariolo après la demi-finale contre les Macédoniens, que "JuanCa" a calmés en inscrivant 19 points dans le troisième quart-temps. C'est un artiste du basket européen. Dans les moments où il est chaud, il est perché sur son nuage, il crée. C'est une joie de l'avoir dans mon équipe, en tant que joueur mais aussi en tant que personne." Un homme que le star-system n'a pas gangréné, lui qui n'a pas su s'imposer en NBA lors de son bref passage aux Memphis Grizzlies en 2007-08. Batum: "Le seul mec inarrêtable, c'était Michael Jordan..." Comment l'arrêter ? "Ce n'est pas impossible, répond l'arrière français Nicolas Batum, qui défendra sur lui dimanche soir à Kaunas. Le seul mec qu'on ne pouvait pas stopper, c'était Michael Jordan... Il est très fort, c'est sûr, il a encore montré des grandes choses hier (vendredi) mais il n'est pas injouable non plus." N'empêche qu'il offre une option supplémentaire à l'Espagne, qui axe une grande majorité de son jeu dans la raquette, où Pau Gasol, notamment, fait un véritable chantier. Juan Carlos Navarro est-il, pour les Bleus, l'homme à abattre ? Le sélectionneur Vincent Collet pense que non. Au jeu des comparaisons, il lui préfère d'ailleurs largement Tony Parker. "Le premier danger reste Pau Gasol, estime-t-il. L'Espagne n'est pas la même équipe avec ou sans lui. On avait battu les Espagnols l'an passé sans lui. Tous les autres joueurs étaient là alors que nous, il nous manquait beaucoup de joueurs, mais on avait quand même gagné." Il n'y aura donc pas de plan anti-Navarro en finale. De toute façon, cette équipe espagnole est si complète, et son banc si profond, qu'il y aura toujours un joueur pour prendre sa relève si lui n'est pas dans le coup.