Nato: "Une vision de cauchemar"

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Propos recueillis par Anthony LEFORT , modifié à
Jeudi, l'équipe de France de boxe amateur est revenue d'Ukraine, où elle effectuait son deuxième stage de préparation en vue des championnats du monde de Bakou (du 26 septembre au 8 octobre), qualificatifs pour les JO. Là-bas, d'après le DTN Dominique Nato, les Bleus ont gagné en cohésion. Mais, malheureusement, ils ont encore perdu l'un des leurs, Abdelkader Bouhenia, victime d'une fracture de la mâchoire et d'ores et déjà forfait pour les Mondiaux.

Jeudi, l'équipe de France de boxe amateur est revenue d'Ukraine, où elle effectuait son deuxième stage de préparation en vue des championnats du monde de Bakou (du 26 septembre au 8 octobre), qualificatifs pour les JO. Là-bas, d'après le DTN Dominique Nato, les Bleus ont gagné en cohésion. Mais, malheureusement, ils ont encore perdu l'un des leurs, Abdelkader Bouhenia, victime d'une fracture de la mâchoire et d'ores et déjà forfait pour les Mondiaux. Dominique, la nouvelle qui fâche, c'est bien sûr le forfait d'Abdelkader Bouhenia, victime d'une fracture de la mâchoire en Ukraine, pour les championnats du monde... Abdelkader Bouhenia, c'était un garçon qui était médaillé d'argent aux championnats d'Europe, de bronze aux Mondiaux, donc c'était une valeur sûre en vue des championnats du monde de Bakou. Ça nous enlève une carte maîtresse. Vous qui étiez à ses côtés, dites-nous comment il a encaissé ce coup du sort... Il était abattu, comme nous tous. On était à l'hôpital de Kharkiv en Ukraine, il avait une douleur intense au niveau de la mâchoire... Il doutait, parce que, dans ces cas-là, il y a plein de films qui passent dans la tête de la personne concernée. Il faut savoir qu'il n'a pas été à Pékin, car il était déjà blessé, il n'avait pas pu participer au tournoi de qualification. Il avait travaillé énormément pour revenir après un accident de la route il y a quelques mois, il était à son meilleur niveau et, là, tout s'effondre... C'était une vision de cauchemar pour tout le monde. Mais bon, il faut vite reprendre le dessus, ne pas baisser les bras, positiver et le réencourager. Il reviendra et se qualifiera pour les Jeux, j'en suis sûr. Allez-vous le remplacer pour les Mondiaux ? Ce n'est pas possible, tout est enregistré depuis le 20 août. De toute façon, dans l'esprit... Bref, je ne vais pas m'étendre là-dessus, parce que ça va encore faire polémique. Rachid Azzedine a vécu la même chose à Cuba. Avez-vous de ses nouvelles ? Rachid va très bien depuis qu'il a été opéré. Il attend patiemment, ronge son frein, a envie de reprendre. Plus vite il reprendra, plus il aura de chances pour les Jeux, puisqu'il est d'ores et déjà qualifié (via les World series of boxing), lui. On vous sent très marqué par toutes ces blessures... C'est la loi des séries... On n'a pas eu ce genre de traumatismes depuis vingt ans que je suis à la Fédération. Alors deux en un mois, il y a des soucis. Avec le médecin fédéral et le prothésiste, on va voir si c'est un problème au niveau des protège-dents, on va tout examiner. Mais le protège-dents qu'avait Abdel, c'était le même depuis trois ans et il a toujours très bien fonctionné. C'est le destin, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Par contre, il faut le contrôler ce destin, car on ne peut pas se permettre d'avoir des blessures à répétition comme ça. "Qualifier entre six et huit garçons, plus une ou deux filles" Ludovic Groguhe et Nordine Oubaali ont-ils plus de pression que les autres, eux qui ont déjà manqué une occasion de se qualifier pour les JO à travers les WSB ? On est tous sous pression. Déjà, on ne reste pas sur un échec, on tourne la page pour ne pas le reproduire. Pour des raisons diverses, ils ont échoué: Groguhe, parce qu'il s'est blessé, il avait été opéré de la main, donc il n'était pas à 100% de ses moyens ; Oubaali, parce qu'il a fait des choix stratégiques qui n'étaient pas bons. On a fait le point, puis on s'est projeté vers l'avenir. Ne pas reproduire deux fois les mêmes erreurs, ça fait aussi partie de notre stratégie d'observation. Là, l'un comme l'autre sont bien préparés, puisqu'on a eu un mois d'août un peu chaud avec Cuba et l'Ukraine, ce qui se fait de mieux respectivement au niveau mondial et, avec les Russes, au niveau européen. On a durci volontairement la préparation, ils sont à leur meilleur niveau actuellement. Avec deux victoires et un nul, le stage en Ukraine a été plutôt bon, non ? La victoire ou le nul, ça ne veut rien dire ! On était parti là-bas dans un esprit d'élever le niveau de pratique de nos boxeurs, de repousser les limites de chacun. L'objectif a été atteint, parce qu'aller en Ukraine boxer contre les Ukrainiens avec trois juges et un arbitre ukrainiens, ce n'est pas facile. On a traversé l'Ukraine en train, ça nous a soudé. Il y en a qui font des stages au GIGN ou au RAID pour renforcer le mental des troupes. Nous, on a préféré faire ça: mettre les gens dans des conditions un peu précaires et leur demander le meilleur d'eux-mêmes face à des boxeurs de bon niveau. Ça a été porteur. Même s'il y a eu cette blessure, qui est venue pourrir tout le reste... Combien de boxeurs espérez-vous emmener à Londres ? (Rires). C'est une question de journaliste, donc je vous donne une réponse de coach: le maximum ! L'objectif avoué de la Fédération, c'est de qualifier entre six et huit garçons, plus une ou deux filles. Pour être plus précis, on a un quota acquis, l'idéal serait d'en récupérer au moins trois autres sur Bakou et deux ou trois encore au tournoi de qualification en Europe, qui aura lieu au mois d'avril. Enfin, quel est votre programme d'ici le début du Mondial, le 26 septembre prochain ? Là, c'est la fin de la préparation. On a un stage commun avec une dizaine de pays: l'Espagne, le Mexique, l'Algérie, etc. Tous les différents styles de boxe sont proposés. Du 10 au 21 août, on est donc à Bugeat en Corrèze. Le 21, on remonte à Paris et le 22, on est dans l'avion pour Bakou.