Monaco, une chute prévisible ?

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Olivier CHAUVET Br De Sports.fr , modifié à
Sept ans après avoir disputé la finale de la Ligue des champions, l'AS Monaco est reléguée en Ligue 2. Si peu aurait parié sur une descente du club du Rocher en début de saison, ce dernier évoluant au sein de l'élite depuis 1977, ce tremblement de terre du côté de la Principauté n'était pas forcément imprévisible, tant l'ASM a lentement mais sûrement dégringolé les échelons du football hexagonal.

Sept ans après avoir disputé la finale de la Ligue des champions, l'AS Monaco est reléguée en Ligue 2. Si peu aurait parié sur une descente du club du Rocher en début de saison, ce dernier évoluant au sein de l'élite depuis 1977, ce tremblement de terre du côté de la Principauté n'était pas forcément imprévisible, tant l'ASM a lentement mais sûrement dégringolé les échelons du football hexagonal. Ce fut un bien triste dimanche pour l'AS Monaco. Alors que la Principauté résonnait encore, comme de coutume en ce dernier week-end du mois de mai, du bruit des moteurs de Formule 1, le club monégasque s'inclinait face à l'Olympique Lyonnais au Stade Louis-II (0-2). Une défaite qui entraînait sa chute en Ligue 2 après 34 saisons consécutives au sein de l'élite. Si cette relégation constitue forcément une surprise pour un club de ce calibre, sacré sept fois champions de France et cinq fois depuis la remontée du club en 1977 (1978, 1982, 1988, 1997, 2000), elle n'est pas non plus totalement inattendue. Car, après avoir tutoyé les sommets et disputé la finale de Ligue des champions en 2004, l'ASM a vécu une descente progressive vers la division inférieure. Encore troisième de Ligue 1 à l'issue de la saison 2004-2005, le club de la Principauté a glissé dans le ventre mou du classement ces cinq dernières saisons (10e, 9e, 12e, 11e, 8e), avant de dégringoler à la dix-huitième place. Comment expliquer une telle déconvenue ? L'instabilité chronique qui règne au sein du club monégasque depuis plus de cinq ans en est la principale raison. Avec six entraîneurs lors des six dernières saisons depuis le départ de Didier Deschamps en 2005, si on exclut le court intermède de Jean Petit (Francesco Guidolin 2005-2006, Laszlö Bölöni 2006, Laurent Banide 2006-2007 et 2011, Ricardo 2007-2009, Guy Lacombe 2009-2011), l'ASM n'a jamais semblé en mesure de développer un projet à long terme avec un technicien bénéficiant de la confiance de ses supérieurs. Des dirigeants qui ont également été très nombreux à se succéder à la présidence du club. Si Jean-Louis Campora est resté 28 ans à sa tête (de 1976 à 2003), ses successeurs n'ont pas vraiment pu s'inscrire dans la durée, à l'image de Pierre Svara (2003-2004), Michel Pastor, resté tout de même quatre ans aux affaires (2004-2008), Jérôme De Bontin (2008-2009) et Etienne Franzi (depuis 2009). Cette instabilité a poussé vers la sortie bon nombre d'historiques du club, tels que Jean-Luc Ettori, remercié sans ménagement il y a trois ans. Banide et les jeunes pour relancer le club ? Forcément, ces changements répétés dans les coulisses se sont répercutés sur le terrain avec une politique sur le marché des transferts tous azimuts, mais rarement efficace. On ne compte plus en effet le nombre de flops survenus dans le recrutement de l'ASM ces dernières années, avec des noms ronflants arrivés en grande pompe sur le Rocher pour un résultat inversement proportionnel aux attentes suscitées. Javier Saviola, Ernesto Chevanton, Mohamed Kallon, Marco Di Vaio, Christian Vieri, Olivier Kapo, Jan Koller, Juan Pablo Pino, Bolivar Eidur Gudjohnsen, Mathieu Coutadeur, Dieumerci Mbokani, Daniel Niculae, Mahamadou Diarra... Ce recrutement à grands renforts de millions d'euros tourné vers l'international, aura, à quelques exceptions près (Yaya Touré, Nenê, Adriano, Chu-Young Park...), surtout contribué à empêcher l'éclosion de nouveaux talents d'un centre de formation pourtant très réputé. C'est du côté de la Turbie qu'ont notamment été formés et lancés dans le grand bain de la Première division plusieurs champions du monde 1998, Lilian Thuram, Emmanuel Petit, Thierry Henry et David Trezeguet, successeurs d'autres "pépites" locales, comme Jean-Luc Ettori, Manuel Amoros, Bruno Bellone, Alain Couriol, Didier Christophe, Claude Puel ou Dominique Bijotat. Un temps révolu, car si le centre de formation local continue à sortir des joueurs promis à un brillant avenir, avec, dans le sillage de Stéphane Ruffier, les Cédric Mongongu, Nicolas Nkoulou, Frédéric Bulot, Lukman Haruna, Thomas Mangani, Nampalys Mendy, ces derniers ne bénéficient plus, lorsqu'ils débutent, du précieux soutien sur le terrain d'anciens fidèles au club comme l'ont été par le passé les Jean-Luc Ettori, Claude Puel ou Marcel Dib. Reste que le salut du club passera sans doute par eux. Car si Ruffier devrait logiquement aller voir ailleurs, Laurent Banide, qui restera a priori entraîneur, s'appuiera sûrement sur ces derniers pour tenter de retrouver rapidement l'élite. Et le technicien asémiste pourra alors de nouveau rêver d'imiter son père, Gérard Banide, sacré champion de France sur le banc de l'AS Monaco en 1982... Mais c'est une autre histoire.