Mermoz: "Ne plus être spectateur"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Rappelé en équipe de France par Marc Lièvremont pour disputer le Tournoi, Maxime Mermoz n'ignore rien, au coeur d'une saison gâchée par les blessures, de la valeur de ce retour en bleu. A quelques mois de la Coupe du monde, le trois-quarts centre catalan y voit une marque de confiance forte, mais n'oublie pas sa fin de saison avec l'Usap, sous les ordres d'un Jacques Brunel sur le départ, auquel il doit beaucoup.

Rappelé en équipe de France par Marc Lièvremont pour disputer le Tournoi, Maxime Mermoz n'ignore rien, au coeur d'une saison gâchée par les blessures, de la valeur de ce retour en bleu. A quelques mois de la Coupe du monde, le trois-quarts centre catalan y voit une marque de confiance forte, mais n'oublie pas sa fin de saison avec l'Usap, sous les ordres d'un Jacques Brunel sur le départ, auquel il doit beaucoup. Maxime, que vous inspire ce retour en bleu pour le Tournoi dans un groupe dont on dit qu'il préfigure en majeure partie celui qui disputera la prochaine Coupe du monde ? C'est vraiment à la fois une très belle récompense, mais aussi une très belle opportunité pour s'exprimer et trouver plus d'affinités avec le groupe. Ce n'était pas évident pour moi qui ai raté les tests de novembre avant d'enchaîner avec quelques matches difficiles en club au mois de décembre. Je suis d'autant plus heureux aujourd'hui, mes coaches le sont également pour moi vu tout le travail fourni. Et même si parfois on n'est pas trop mis en valeur, il y a beaucoup de travail accompli dans l'ombre, sur le terrain comme en dehors. Je me prépare en tout cas tout le temps dans le but d'être performant pour le niveau. Lorsque comme c'est votre cas, votre carrière internationale s'inscrit par la force des choses en pointillés (*), on n'aspire, on l'imagine, avant tout à plus de continuité ? Exactement. C'est tellement rageant de se blesser en périodes internationales. On se dit qu'il y a un chat noir... Ou je ne sais quoi. Mais depuis peu, je n'y pense plus, je relativise et je me dis quand je suis appelé que c'est une chance énorme. Je ne suis en tout cas pas là à compter mon nombre de sélections ou de matches joués ou à jouer. Je veux juste jouer et m'éclater. "Mentalement, on a lâché !" Votre expérience du Tournoi est des plus réduites (un match face à l'Ecosse en 2008, ndlr), mais de quelle manière abordez-vous cette édition, forcément particulière avant la Coupe du monde ? A six mois de la Coupe du monde, ne pas être pris dans le groupe France, ça peut paraître inquiétant. Tout le monde aspire à cette continuité pour voir une équipe se définir et voir émerger des joueurs qui soient leaders sur le terrain comme en dehors. Le message est clair et nous, en tant que joueur, on n'en est plus à se poser des questions. On voit que les coaches comptent sur nous et il faut se donner à fond. Absent lors de la déroute de novembre face à l'Australie, vous aviez vécu les prémisses de ce relâchement l'été dernier, notamment lors de la claque reçue en Afrique du Sud ? Comment expliquer cette perte des repères nés du Grand Chelem 2010 ? Ce relâchement, s'il a été mental, était aussi collectif. Et je n'ai pas échappé à ce jugement... On sortait, nous les Catalans, d'une finale perdue au coeur d'une fin de saison bizarre marquée par un certain manque de rythme, avant d'enchaîner sur deux semaines de préparation à Marcoussis, où on a travaillé beaucoup de jeu, mais sans soigner suffisamment le collectif. Une fois sur le terrain, on a pris des essais très rapidement et à mon image, je m'en suis voulu d'avoir relâché un joueur sud-africain sans doute le moins costaud, mais très vif, qui m'a rebondi dessus. Alors qu'il y avait moyen de faire beaucoup mieux. En fin de saison, mentalement, on a lâché. Avec une bonne partie des effectifs sacrés Champions d'Europe et Champions de France, les qualités étaient là, mais on a lâché dans les têtes. Aujourd'hui, l'heure est venue selon vous pour les joueurs de s'approprier cet objectif et cette ambition ? C'est aux joueurs de se responsabiliser que ce soit pour cette Coupe du monde, ou la suivante, et de ne pas oublier que ce sont les joueurs les premiers responsables, même si on a des consignes. Je me souviens qu'avec les moins de 21 ans (sous les ordres de Ntamack et Retière avec lesquels il fut sacré champion du monde de la catégorie en 2006, ndlr), même s'il y avait des consignes, les joueurs étaient maîtres de leurs décisions. Il ne faut plus être spectateur. Peut-être y avait-il une appréhension par rapport à qui va être pris ou pas... Mais en tant que joueur, ce n'est même pas notre problème, ça tient plus en revanche à la communication. Aujourd'hui, dans le rugby, on le voit, tout le monde travaille dur, le talent est là, mais ce qui fait la différence sur le terrain, on le voit en club, c'est cette qualité de communication. "Finir en beauté avec Brunel..." Avec l'Usap, au coeur d'une saison difficile, la H-Cup et ce match décisif pour la qualification ce dimanche, à Aimé-Giral, face aux Scarlets, ne peuvent-ils pas constituer votre planche de salut ? Oui, vraiment. On y a pensé, nous, joueurs. Sans ces deux défaites à domicile, on sait que notre début de saison aurait pu être presque parfait, à compter parmi les six premiers, au lieu de quoi on est dixièmes et on se retrouve aujourd'hui à chasser les points, c'est difficile. Mais paradoxalement, on reste en course dans cette H-Cup, qui les saisons précédentes ne nous souriait pas trop. On a vraiment envie de s'accrocher, l'équipe est à un match d'un quart de finale à jouer à Barcelone (au stade olympique de Montjuich, ndlr). C'est une grosse source de motivation. Dans ce mois de janvier, c'est le gros match et un tournant avant notre prochaine échéance de la semaine prochaine à Biarritz, où on saura alors ce qu'on est en droit d'attendre de ces deux compétitions. Une fin de saison qui marquera aussi la fin de l'ère Brunel après l'annonce de son départ en juin prochain pour postuler en tant que sélectionneur de l'Italie. Il fallait que les choses soient dites, selon vous ? Pour moi, pour le coach et pour tout le monde, il est évident que c'est un soulagement. Quand on est dans l'incertitude, beaucoup de questions se posent... Et aujourd'hui, j'ai surtout envie de tout donner pour lui rendre la pareille puisqu'il est venu me chercher pour jouer à Perpignan. Je suis sûr qu'il a lui-même envie de finir en beauté avec nous et achever cette histoire sur un bon résultat en fin de saison parce qu'il a fait beaucoup de bien à l'Usap. (*) Depuis ses débuts en sélection le 5 juillet 2008 face à l'Australie, Maxime Mermoz ne compte à ce jour que sept sélections à son actif en équipe de France.