Mayence, la belle histoire

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GUILLAUME BARDOU , modifié à
Le surprenant leader accueille dimanche son dauphin, le Borussia Dortmund, lors du choc de la 10e journée de la Bundesliga. Avec huit victoires en neuf journées, Mayence impressionne avec des recettes qui ont tout de la success-story. Car la ville de Gutenberg, loin du voisin Hoffenheim et ses millions, s'appuie avant tout sur sa formation et une identité de jeu bien définie.

Le surprenant leader accueille dimanche son dauphin, le Borussia Dortmund, lors du choc de la 10e journée de la Bundesliga. Avec huit victoires en neuf journées, Mayence impressionne avec des recettes qui ont tout de la success-story. Car la ville de Gutenberg, loin du voisin Hoffenheim et ses millions, s'appuie avant tout sur sa formation et une identité de jeu bien définie. Le Bruchwegstadion sera encore trop petit ce week-end à l'heure de recevoir Dortmund et son peuple jaune toujours enclin à suivre son équipe sur tous les stades du pays. Qu'importe, si Mayence attend avec hâte la livraison de son nouvel écrin prévu pour la saison prochaine (35 500 places au lieu des 20 000 actuelles), le club rhénan tentera de reprendre une série à domicile entravée par une défaite malheureuse contre Hambourg lors de la 8e journée (1-0), puis en coupe cette semaine face au modeste Aix La Chapelle (1-2). Et faire de nouveau résonner le fameux chant du carnaval, Narrhallamarsch, traditionnellement repris par son public à chaque but inscrit. Un peu de folklore propre à séduire encore un peu plus un pays tombé sous le charme d'une équipe qui ne cesse de repousser l'échéance le renvoyant inévitablement à ses limites et à sa place promise : le ventre mou. Au mieux. Car le FSV n'a rien du club habitué aux honneurs. Une demi-finale de Coupe en 2008-2009 et une participation à la Coupe de l'UEFA en 2005-2006 acquise grâce... au classement du fair-play sont ses rares faits d'armes. Une aventure continentale historique que le club n'avait même pas pu disputé dans son antique stade, faute d'homologation et achevé au premier tour face au futur vainqueur Séville. Pourtant les Nullfünfer (les numéros 5, comme le nombre apposé au sigle du club, symbolisant la date de création du club : 1905) sont en passe de devenir les nouveaux chouchous d'un pays fou de ballon rond (sa fédération, la DFB, est la plus importante association sportive au monde avec 6,7 millions de licenciés). La raison ? Un jeu chatoyant basé sur l'offensive, la vitesse d'exécution et de transmission et surtout la jeunesse... Comme les bases d'une certaine équipe d'Allemagne, aux principes totalement revus au début des années 2000. Tuchel face à l'un de ses mentors Tout sauf une surprise puisque le sélectionner Joachim Löw et le jeune entraineur du FSV, Thomas Tuchel (36 ans), proviennent de la même école. Celle d'un Bade-Wurtemberg influencé par la tactique et les fondamentaux du VFB Stuttgart des années 1990, champion en 1992 sous la direction de Christoph Daum. Modeste joueur des Kickers de Stuttgart, club de D2, Thomas Tuchel se retrouve entraîneur des jeunes du VFB. Champion d'Allemagne junior, reconnu pour ses principes de jeu, le trentenaire est nommé à la tête de l'équipe des moins de 19 ans de Mayence avec qui il remporte un historique titre national. Fou de formation, disciple de Ralf Rangnick (actuel entraineur d'Hoffenheim), Tuchel dispose de toute la confiance des dirigeants de Mayence, alors orphelin de Jürgen Klopp, l'homme à l'origine de leur remontée et parti depuis... à Dortmund ! Le duel de dimanche sera donc aussi celui d'un jeune face à l'un de ses mentors, adoré à Mayence où il a évolué avant d'entrainer. Klopp est l'un des instigateurs des principes du FSV, tenant une identité de jeu commune avec son successeur (le Danois Andreasen ayant dirigé le club une saison entre ces deux hommes). La symétrie pourrait donc être bien présente sur le terrain même si Tuchel, amateur du Barça, revendique d'avantage l'héritage des hommes du VFB Stuttgart, Hermann Badstuber en tête (le père défunt du jeune défenseur du Bayern). Un coaching quasi miraculeux chaque week-end Logique donc avec un tel parcours de retrouver nombre d'anciens juniors au sein de l'effectif actuel de Mayence. Tuchel adore les jeunes "conscients de leur potentiel afin d'en tirer le maximum" comme il l'avouait régulièrement aux médias allemands. A la formation, le staff de Mayence, sans grand moyen, y ajoute des paris, basés sur les prêts de joueurs prometteurs barrés dans des clubs plus huppés. Adam Szalay, jeune prodige Hongrois barré au sein du centre de formation du Real Madrid, la Castilla, en fait partie. Séduit, l'homme aux quatre buts en éliminatoires de l'Euro 2012, a finalement signé cet été. Le défenseur allemand Fathi en a fait de même en étant de nouveau prêté par le Spartak Moscou. Holtby (de Schalke) Fuchs (Bochum), Rasmussen (Celtic Glasgow) et Risse (Leverkusen) ont suivi. Tuchel peut, grâce à cette politique risquée car privée d'assurances futures et de stabilité, s'appuyer sur un effectif complet où son coaching joue à plein. Un exemple ? Le week-end dernier, les Nullfünfer ne parviennent pas à trouver l'ouverture à Leverkusen. L'amateur du Barça ("pour son humilité et sa discipline dans le replacement"), adepte du coaching payant, opère un double changement pour faire entrer Ivanschitz et Schürrle. 40 secondes plus tard, le second offre le but de la victoire à l'Autrichien... Désormais reconnu, Mayence s'attend déjà à perdre nombre de ses joyaux. Le jeune prodige de l'équipe nationale Espoirs, André Schürrle, devrait être le premier d'une longue liste. Car le jeune attaquant a d'ores et déjà signé un contrat avec Leverkusen pour la saison prochaine. Raison de plus de faire encore un peu durer l'embellie face à Dortmund en permettant d'encore entonner le Narrhallamarsch.