Mattel prête à décoller

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Guillaume BARDOU , modifié à
A seulement 15 ans, Coline Mattel vise une médaille ce vendredi aux championnats du monde de ski nordique à Oslo. La jeune Française, sacrée chez les juniors cet hiver, est l'une des figures du saut à ski féminin, une discipline en quête de reconnaissance. Déjà parmi les meilleures mondiales, la sauteuse des Contamines-Montjoie pourrait être l'une des révélations des Jeux Olympiques de Sotchi en 2014...

A seulement 15 ans, Coline Mattel vise une médaille ce vendredi aux championnats du monde de ski nordique à Oslo. La jeune Française, sacrée chez les juniors cet hiver, est l'une des figures du saut à ski féminin, une discipline en quête de reconnaissance. Déjà parmi les meilleures mondiales, la sauteuse des Contamines-Montjoie pourrait être l'une des révélations des Jeux Olympiques de Sotchi en 2014... Un nom et un visage de poupée... A 15 ans, Coline Mattel n'a pourtant rien d'une Barbie. Malgré son air juvénile, la Haut-Savoyarde n'hésite pas à se lancer sur ses larges skis, s'envolant au-delà des 100 mètres ! L'adolescente avoue même sans angoisse rêver de dompter un jour les plus grands tremplins du monde, ceux de vol à ski à Planica, Obertsdorf ou Vikersund. En attendant, Coline Mattel scrute la création d'un circuit Coupe du monde organisé par la Fédération internationale de ski. La FIS l'a promis, la compétition est prévue pour l'hiver prochain. Comme les hommes, enfin ! Ces Mondiaux 2011 agissent donc comme une étape importante dans le développement du saut à ski féminin. 2011 devient une année décisive avec ces championnats du monde, la première Coupe du monde et surtout l'important rendez-vous de juillet. Alors qu'Annecy attendra fébrilement l'attribution des Jeux Olympiques 2018, le CIO officialisera également le nombre d'épreuves acceptées à Sotchi en 2014. Avec la compétition par équipe de patinage artistique et des épreuves de freestyle supplémentaires, le saut à ski féminin se présente parmi les favoris pour intégrer le gratin olympique. Coline Mattel en rêve, le petit groupe France également. Façonnée pour Sotchi "C'est pour ça qu'on a décidé de miser dessus il y a deux ans", nous confie le directeur sportif du saut à ski et du combiné nordique, Nicolas Michaud. "C'est toujours difficile en France de mettre de l'argent sur une discipline non olympique. Au Ministère, les dossiers envoyés pour obtenir de l'argent revenaient avec la même réponse: «Quand ce sera olympique, on vous aidera !»" Le patron des groupes France a donc dû gratter les fonds de tiroir pour monter un projet : "C'est sur le saut et le combiné hommes que j'ai dû prendre une somme pour monter cette cellule, miser sur ces filles, certes jeunes mais dont on savait qu'elles avaient du talent." Autour de ces ados dont Coline Mattel est la plus jeune, Nicolas Michaud a adjoint un homme d'expérience, Jacques Gaillard. L'ancien entraîneur du combiné, celui de Fabrice Guy et Sylvain Guillaume lors du doublé olympique à Albertville, y trouve un nouveau défi : "Il a vécu beaucoup de choses en 1992 avec le combiné", avoue Nicolas Michaud. "Il retrouve lui aussi des sensations, le fait de jouer le podium et est à fond dans ce défi. Pour gérer ses filles, il faut aussi du métier, c'est donc, je pense, la bonne personne." Une réflexion et un choix tirés aussi d'un élément inconnu : "C'est un peu nouveau pour nous de gérer des filles, on n'a pas l'habitude tant en saut qu'en combiné. Jusque là, il n'y en avait pas !" Une Autrichienne seule à résister La mayonnaise semble prendre, Coline déploie peu à peu ses ailes au plus haut niveau. Sacrée championne du monde junior à Otepää en janvier, elle cumule les podiums en coupe continentale senior, une mini-coupe du monde dont elle est assurée de la deuxième place finale. "Coline est vraiment à un super niveau actuellement", juge Nicolas Michaud. "Elle n'est pas sortie du podium sur les dix dernières compétitions. Donc, bien sûr, elle appréhende ces championnats du monde avec des objectifs de médaille. Mais elle a 15 ans, on sait que c'est un événement majeur pour une fille de cet âge alors qu'elle figure parmi les favorites. Il va falloir qu'elle ait les capacités à gérer cette tension et cette position de favorite." Pas évident, d'autant que la première mondiale, Daniela Iraschko, joue un peu à cache-cache ces dernières semaines. Âgée de 27 ans, Iraschko est la dernière à résister à Mattel sur le circuit continental. Et quand on souligne au patron que Mattel titille de plus en plus l'Autrichienne, celui-ci concède : "Iraschko est un peu blessée, c'est vrai. Elle a un problème de genou, n'a pas fait les derniers entraînements. Elle ne fera qu'un entraînement avant la compétition, n'est peut-être pas à 100%. Ça ouvre un peu la porte, mais il y a aussi une Japonaise qui saute loin (Sara Takanashi, ndlr). "Coline devra sauter à son meilleur niveau". Avant de finalement avouer : "Elle a le mental pour gérer cela ..." Oslo pourrait bien ainsi devenir plus qu'un point de passage sur la route espérée de Sotchi. En 2014, l'athlète des Contamines-Montjoie sera à peine majeure...