Lyon a changé de catégorie

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Par Axel Capron , modifié à
La double défaite de Lyon face au Real Madrid en phase de poules de la Ligue des champions compromet en partie les chances de l'équipe de Rémi Garde de se hisser en huitièmes de finale. Au lendemain du revers à Gerland, le constat est implacable: si le Real semble plus fort que les saisons précédentes, l'OL, lui, ne «boxe» plus dans la même catégorie.

La double défaite de Lyon face au Real Madrid en phase de poules de la Ligue des champions compromet en partie les chances de l'équipe de Rémi Garde de se hisser en huitièmes de finale. Au lendemain du revers à Gerland, le constat est implacable: si le Real semble plus fort que les saisons précédentes, l'OL, lui, ne «boxe» plus dans la même catégorie. Il fallait bien que ça se termine un jour ! Pour la première fois après quatre essais infructueux, le Real Madrid s'est donc imposé mercredi en terre lyonnaise, lors de la 4e journée de la Ligue des champions, grâce à un doublé de Ronaldo. Une victoire implacable, car si Lyon a eu des occasions de marquer en fin de première période ou au cours de la seconde, le Real Madrid aurait pu se mettre à l'abri bien plus tôt si ses attaquants avaient fait de meilleurs choix à l'approche du but adverse ou preuve d'un soupçon de réalisme en plus. L'OL n'a pas à rougir d'être tombé sur beaucoup plus fort que lui, mais après ce 6-0 encaissé en deux matches face au Real, on ne peut que dresser le constat, implacable, que Lyon a en quelques années perdu son statut de (presque) grand d'Europe. Qu'elles paraissent loin les démonstrations lyonnaises de 2005 (3-0) et 2006 (2-0) face à un Real Madrid qui ne dégageait certes pas la puissance et la solidité affichées mercredi à Gerland, mais comptait tout de même dans ses rangs des stars internationales comme Casillas, Sergio Ramos, Roberto Carlos, Guti, Beckham, Raul et Robinho en 2005, Cannavaro, Van Nistelrooy et Cassano en plus l'année suivante. Aujourd'hui, certains sont encore là (Casillas, Sergio Ramos), rejoints par d'autres (Pepe, Xabi Alonso, Khedira, Özil, Ronaldo, Benzema, Di Maria...) qui, sous la baguette de José Mourinho, sont en train de faire passer ce Real, jusque-là incapable de franchir le cap des huitièmes de finale de la C1, dans une autre dimension. "Ils ont une grosse faculté à faire de gros matches et ils sont très forts par rapport aux années précédentes", reconnaissait mercredi soir après la défaite, Maxime Gonalons, asphyxié pendant 90 minutes par le pressing espagnol. Certes, ce Real millésime 2011-12, en tête de la Liga et dont on attend avec impatience la première confrontation avec son grand rival barcelonais, programmée le 10 ou 11 décembre prochain, semble clairement avoir pris une dimension supplémentaire par rapport à ses prédécesseurs, mais force est de constater que dans le même temps, l'Olympique Lyonnais a, lui, suivi une trajectoire inverse, descendante, semblant aujourd'hui incapable de rivaliser avec une telle cylindrée. On avait déjà fait le constat la saison dernière avec une double confrontation (1-1 à Gerland, 3-0 à Bernabeu) assez nettement dominée par Benzema et consorts, on en a eu la confirmation cet automne, avec cette fois un fossé béant entre les deux équipes. "L'écart entre les deux équipes, entre les deux clubs, aurais-je envie de dire, est important. Le fossé est là", indique ce jeudi matin dans les colonnes de L'Equipe l'entraîneur rhodanien, Rémi Garde. La feuille de match dit tout... Paradoxalement, c'est depuis qu'il a atteint les demi-finales de la C1 en 2009-10, écartant au passage le... Real en huitièmes, que l'OL a amorcé sa descente européenne (et même française), victime de difficultés financières mais également de choix sportifs qui ne lui permettent plus de «boxer» dans la même catégorie. Un simple regard sur la feuille de match de mercredi soir suffit à mesurer le monde d'écart entre ce Lyon 2011-12 de ses devanciers: le seul international tricolore à part entière était Lloris (Réveillère et Gomis sont plus des «seconds choix» en Bleu, Gourcuff se rapproche de nouveau peu à peu de la sélection), tandis que les autres internationaux du onze de départ évoluent dans des sélections «mineures», comme Lovren avec la Croatie ou Källström avec la Suède. Certes, deux des meilleurs joueurs de l'effectif actuel, Lisandro Lopez et Bastos, faisaient défaut, mais difficile de comparer cette équipe lyonnaise en devenir, dont le banc est composé de jeunes certes prometteurs mais quasi-inconnus du grand public (Lacazette, Belfodil et B. Koné sont entrés en jeu, Fofana, S.Koné et Umtiti complétaient le banc), avec celle qui, avec les Coupet, Juninho, Abidal, Tiago, Toulalan, Malouda, Govou, Fred, Wiltord et Cris âgé de cinq ou six ans de moins, inspirait peur et respect à ses adversaires européens. Faute de moyens et contraint de miser encore davantage sur une politique de jeunes qui a fait ses preuves par le passé (Benzema, brillant mercredi, en est le plus bel exemple), Lyon est rentré dans le rang, il est finalement à sa place dans ce groupe D, à la lutte avec l'Ajax, large vainqueur mercredi du Dinamo Zagreb (4-0), pour décrocher la deuxième place, synonyme de qualification pour des huitièmes de finale encore à sa portée, puisque deux victoires face à la formation néerlandaise à Gerland puis à Zagreb contre le Dinamo «suffisent». A défaut, l'OL se contentera probablement des 16e de finale de la Ligue Europa et manquera des huitièmes de finale qu'il a toujours disputés depuis qu'ils ont été instaurés, en 2003/04. Ce qui serait tout un symbole...