Lucas: "C'est la vraie natation"

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
C'est ce lundi que Philippe Lucas lance officiellement sa nouvelle structure, basée à Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines. Présent à Chartres, ce week-end, où il a supervisé ses nageurs lors des championnats de France en petit bassin, le célèbre entraîneur bodybuildé a accepté d'évoquer ce Team Lucas, nouveau centre privé, en marge des subventions publiques, et sa vision de la natation française en quête de la nouvelle Manaudou...

C'est ce lundi que Philippe Lucas lance officiellement sa nouvelle structure, basée à Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines. Présent à Chartres, ce week-end, où il a supervisé ses nageurs lors des championnats de France en petit bassin, le célèbre entraîneur bodybuildé a accepté d'évoquer ce Team Lucas, nouveau centre privé, en marge des subventions publiques, et sa vision de la natation française en quête de la nouvelle Manaudou...Philippe, pouvez-vous nous parler de cette nouvelle structure, officiellement lancée ce lundi et qui sera basée à Saint-Germain-en-Laye (*)?Ce n'est pas moi, qui m'en occupe. Ce sont des gens issus du football, dont c'est le métier (sic), Thierry Gomez, l'ancien président du club de Troyes (PDG de Stimulation Marketing Communication, ndlr), qui met tout en oeuvre. Le projet est présenté ce lundi, au Palais Royal. Ça se met en place tout doucement...Vous rapprocher de la capitale, c'était un souhait ou une opportunité ?Moi, avant tout, ce que je voulais, c'était me rapprocher de Paris en raison de mes obligations. Après, si ça se passe bien, il n'y a pas de raisons que je ne reste pas. En tout cas, je resterai près de Paris."T'es bon ou si tu ne l'es pas, tant pis pour toi, tu dégages !"Vos nageurs de Canet-en-Roussillon vous accompagnent-ils dans cette nouvelle aventure ?Disons que c'est un départ. De ce groupe-là (une petite dizaine de nageurs et nageuses), je vais en garder deux, trois au pire, j'ai ma petite idée, et surtout, j'ai l'intention de faire venir des jeunes... Il me fallait un petit groupe de huit nageurs pour commencer. Se lancer dans ce genre de projet, c'est bien, mais c'est vous qui financez... J'ai des partenaires, qui veulent des résultats, et c'est normal. On n'est plus dans un système club avec une mairie, qui vous subventionne. Maintenant, on dit au nageur : « T'es bon ou si tu ne l'es pas, tant pis pour toi, tu dégages. » Les nageurs sont placés dans d'excellentes conditions, bien logés à Saint-Germain, on travaille avec le CFA du PSG, donc ils sont dans une école, à trois ou quatre par classe, ce n'est pas donné, non plus. Ils partent en stage... A partir de là, si tu n'as pas de résultats, c'est simple, tu t'en vas. On n'est pas dans un système associatif, subventionné par l'argent public. Là, on est dans un Team, financé par les sponsors, ce ne sont pas les mêmes données.Ce système de financement privé vous correspond-il plus ?Ce n'est pas le problème, j'ai travaillé 27 ans en club. C'est qu'aujourd'hui, j'ai envie d'avoir mon truc à moi, d'être peinard, de ne pas m'emmerder... J'en ai trop fait, 23 ans à Melun, 3 ans à Canet, et puis ce système a une limite. Un sponsor ne va pas mettre de l'argent dans un club, je vous le dis. Il va miser sur un personnage ou sur une tête d'affiche. Ça ne s'est jamais fait en France. Devoir rendre des comptes à un sponsor, c'est selon vous plus en adéquation avec l'état de la natation aujourd'hui et le contexte économique actuel ?J'ai toujours été habitué à la pression. C'est mieux surtout parce que les nageurs sont obligés de se "bouger". Ce sont comme des pros. Une nageuse (il emploie naturellement le féminin), qui n'a pas été bonne aujourd'hui, aux championnats, elle se rate encore, elle gicle, point. Le problème, c'est qu'ils sont trop dans un confort de club, on a peur qu'ils partent pour un autre... C'est fini, ce n'est plus ça. Là, il n'y a pas de relais. Ça peut arriver que tu sois pas bonne parce que t'es tombée malade, mais si c'est répété et qu'il n'y a pas d'investissement, tu dégages. C'est une bonne chose pour les nageurs, ça leur fait prendre conscience que si la natation n'est pas professionnelle, ils évoluent dans un système pro. Ce ne sont pas des assistés. Ils sont dans la vie réelle.C'est l'évolution naturelle de la discipline selon vous ?Vous savez, on critique beaucoup le football. Moi, je connais très bien le milieu. Je peux vous dire que tous les gamins de 17 ans, qui doivent aller chercher leur premier contrat pro, lorsqu'ils vont jouer leur premier match avec l'équipe première et que dans le couloir, ils prennent une gifle, un coup de coude, un geste d'intimidation, et qu'il faut qu'ils gardent leur place, eux sont habitués à la vraie vie, au combat. Nous, on les dorlote, ce n'est pas grave, à la limite, ce sont eux qui commandent: « Ouais, j'en ai marre, c'est nul, je me casse... » Non, ce n'est plus ça, le système est à l'envers. « T'es bon, t'es payé, t'as tout ce qu'il faut. T'es pas bon, tu gicles » Et bien la vie, c'est ça !"En France, il y a des jeunes de talent, après il faut qu'ils travaillent..."La natation peut-elle se remettre du scandale des combinaisons et comment jugez-vous ce retour aux sources annoncé ?C'est une bonne chose. Franchement, c'était du n'importe quoi. On voyait des nageurs moyens faire des trucs... Aujourd'hui, les très bons sont toujours là, pour les autres, le niveau va descendre, c'est certain. Mais c'est la vraie natation. On annonce la natation française au creux de la vague. Vous êtes d'accord ?Je pense qu'on fera un premier bilan aux championnats de France grand bain (Saint-Raphaël, 13-18 avril 2010) pour voir le niveau de la natation française par rapport aux autres nations, un deuxième aux championnats d'Europe (Budapest, 9-15 août 2010) et le vrai à l'occasion des championnats du monde (Shanghai en 2011). Je pense qu'il y a des jeunes de talent, après il faut qu'ils travaillent... Manaudou en 2003 était inconnue, en 2004, elle est championne olympique. On a une belle natation, mais il faut peut-être admettre aussi qu'en France, on ne peut pas avoir non plus un champion olympique à chaque olympiade. Mais on a le potentiel. (*) En septembre dernier, Philipe Lucas signait "une convention d'occupation" de la de la piscine de Saint-Germain-en-Laye. Selon ce contrat, signé avec la mairie, Lucas et son Team disposeront de deux lignes d'eau de la piscine olympique à raison de 5 heures par jour, six jours par semaine, sauf le dimanche. Le tout moyennant un montant de 80 000 euros par an.