Luc Alphand pose le casque

  • Copié
GUILLAUME BARDOU , modifié à
Repartir était trop risqué. Après de multiples examens, Luc Alphand a préféré suivre le conseil des médecins et annoncer la fin de sa carrière de pilote. Une aventure de plus de dix ans, marquée notamment par une victoire au Dakar en 2006 et aux lendemains d'un palmarès éloquent en ski alpin. Mais ce passionné de vitesse et de sensations plus généralement se cherche un nouveau challenge.

Repartir était trop risqué. Après de multiples examens, Luc Alphand a préféré suivre le conseil des médecins et annoncer la fin de sa carrière de pilote. Une aventure de plus de dix ans, marquée notamment par une victoire au Dakar en 2006 et aux lendemains d'un palmarès éloquent en ski alpin. Mais ce passionné de vitesse et de sensations plus généralement se cherche un nouveau challenge. L'annonce semblait inéluctable même si l'homme avait souvent paru invincible au cours de plus de vingt ans de carrière, à ski puis sur roues. Les multiples blessures et stigmates de ses deux vies de sportifs en témoignent. Les ligaments du genou en 1987, les cervicales en 1989, le bassin en 1992 puis un genou en 1993 avaient ainsi longtemps retardé son éclosion sur les pistes de Coupe du monde de ski... Sans l'interrompre. Sa dernière embûche aura toutefois été celle de trop. En juin 2009, alors qu'il participait au Rand'Auvergne, un rallye moto, "Lucho" avait gravement chuté, étant touché à la colonne vertébrale. "La peur de ma vie", avait alors avoué le champion, conscient d'avoir eu la chance de conserver l'usage de ses jambes... Un an et demi plus tard, l'amoureux de Serre-Chevalier s'est donc résolu, comme il l'a confirmé à l'Automobile Club de l'Ouest, à ne plus enfiler casques et combinaisons de pilote automobile. Ceux qui l'avaient conduit du désert africain au bitume du circuit des 24 Heures du Mans. Luc Alphand avait en effet succombé à l'aventure du Dakar dès 1998. Sitôt sa retraite de skieur entérinée. Comme un besoin de retrouver vitesse, sens de la trajectoire, compétition et chrono. Faisant rapidement oublier le scepticisme du milieu à ses débuts, il y glane en sept ans le statut de pilote officiel au sein du monstre de la discipline, Mitsubishi. Après deux victoires de catégorie, il gagne au volant du Pajero, avec l'expérimenté Gilles Picard à ses côtés, l'épreuve chère à Thierry Sabine en 2006, sur l'un des derniers parcours africains avant l'exil en Amérique du Sud. Une véritable consécration. Le Mans, son idylle de juin Aux pistes et déserts de rallye-raid, le natif de Briançon y avait ajouté le circuit, d'abord en championnat de France GT puis rapidement aux 24 Heures du Mans. En neuf participations (dix pour son écurie), Luc Alphand avait séduit le paddock de l'épreuve mythique. Pour son enthousiasme mais également en installant ses locaux du Luc Alphand Aventures dans le Technoparc tout proche et en arborant fièrement le numéro 72 du département de la Sarthe. D'années en années, la structure gagne alors professionnalisme et respect des plus grands. Au point d'obtenir le soutien officiel du géant Corvette dont il alignera les C5 puis C6 à partir de 2006. Pour y glaner trois podiums de catégorie. En juin dernier, privé de volant, il avait tenu à être présent au Mans, au sein du stand de sa structure afin de scruter la course de ses deux C6-R. Lucho en avait été récompensé par la deuxième place de la n°72. Comme une ultime récompense, toutefois sûrement un peu frustrante à vivre au bord de la piste. D'autant qu'il avait longtemps conservé l'espoir de pouvoir reprendre le volant sur circuit, les secousses du rallye-raid étant trop importantes pour sa colonne vertébrale blessée. La vente des locaux de l'écurie le mois dernier à l'équipe OAK Racing confirmait d'ailleurs que Luc Alphand ne se voyait pas plus longtemps en tant que simple directeur d'écurie. Difficile en effet d'envisager cet amateur d'adrénaline raccrocher toute activité sportive. Présent lors du départ de la Jacques Vabre en 2009, puis parrain du multi 50 d'Yves Le Blévec sur la dernière Route du Rhum, le roi de Kitzbühel en 1995 (deux victoires sur la mythique Streif en deux jours !) s'était dit plus qu'intéressé par un nouveau défi, arguant à RMC qu'il s'agissait là aussi de vitesse et de trajectoire. A moins que l'idée de profiter de la retraite et d'une activité de consultant comme lors des derniers Jeux Olympiques ne s'impose finalement.