Lizeroux: "Le Globe me fait rêver"

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Propos recueillis par GUILLAUME BARDOU , modifié à
Deuxième l'hiver dernier de la Coupe du monde de slalom, Julien Lizeroux entame une nouvelle saison entre les piquets dimanche à Levi en Finlande, lors du premier slalom du calendrier. Le Français revient sur des Jeux Olympiques frustrants où sa nouvelle notoriété l'a marqué et confirme: la Coupe du monde a pour lui plus de valeur car elle récompense "le meilleur skieur de l'hiver, pas celui d'un jour..."

Deuxième l'hiver dernier de la Coupe du monde de slalom, Julien Lizeroux entame une nouvelle saison entre les piquets dimanche en Finlande, lors du premier slalom du calendrier. Le Français revient sur des Jeux Olympiques frustrants où sa nouvelle notoriété l'a marqué et confirme: la Coupe du monde a pour lui plus de valeur car elle récompense "le meilleur skieur de l'hiver, pas celui d'un jour..." Julien, vous avez l'habitude de ne jamais vous fixer d'objectif, c'est une méthode qui a plutôt marché l'an passée, quid cette saison ? C'est ce que j'essaye d'expliquer (rires). Ce n'est pas que je ne me fixe pas d'objectifs, mais rien de comptable. Bien sûr que j'ai envie de tous les gagner, mais on parle tellement de futur et de conditionnel que, pour moi, c'est perdre de l'énergie. Si tu dis, je viens sur cette course pour la gagner et que tu le fais, ça devient normal. Mon objectif est sur l'année d'arriver sur chaque course en me disant que le boulot a été fait, que je suis en forme physique et que je ne me pose pas de questions. Et bim, j'envoie du pâté ! Je ne pense pas à autre chose. Bien sûr que janvier est là, le mois des slalomeurs, où on enchaîne beaucoup et où se profileront les Championnats du monde. Mais Garmisch, c'est super loin ! Et puis, comme vous le dites, c'est mon mode de fonctionnement et ça marche. Ce serait donc vraiment con de changer maintenant ! Comment vivez-vous le retour de Jean-Baptiste Grange sur ce slalom de Levi ? Je suis super content parce que je suis passé par la blessure, donc je sais ce que ça représente. Et c'est bien pour la vie du groupe, il y a une bonne émulation. Autant faire des compétitions avec des potes ! On me dit: "ça fait un rival de plus." Mais des rivaux comme ça, je veux bien en avoir 60 de plus ! Je crois que ce que Jean-Baptiste apporte depuis plusieurs saisons au ski français est phénoménal... Ça me va bien de me tirer la bourre avec mon copain ! Qu'est ce qui a changé du coup durant l'intersaison, quelles leçons avez-vous notamment tiré de la déception des Jeux ? Si on le savait, on ne l'aurait sûrement pas fait ! Non, c'est un ensemble de détails, de petites choses, je vais dire un truc tout bête mais je ne referais plus jamais trois semaines au village olympique. C'est hyper long ! Bien sûr que je m'adapte, mais on finit par tomber dans cette morosité... Et puis, on a l'habitude de s'entraîner sur de la neige dure, de l'injectée et on arrive là-bas sur une piste toute plate et avec de la neige molle. Donc si c'était à refaire, j'irais avant au Canada. Je n'étais jamais allé sur ce site, puisqu'il n'y a jamais eu de compétitions là-bas. Donc, si je vais à Sotchi, ce qui est un futur très lointain pour moi, j'irais sur place avant pour me familiariser. Cette année, à Garmisch, on sait où on va être, les pistes, l'hôtel. Plein de petites choses qui te font économiser beaucoup d'énergie. Cette énergie, tu la mets ailleurs. Sans compter qu'on ne nous a parlé que de médailles... "Je suis la même personne que celle avant Val d'Isère" La faillite du ski alpin vous a donc pesé, vous qui skiiez lors de l'ultime épreuve programmée ? On disait: "quand est ce qu'on va avoir une médaille ?" On ne me demandait pas: "comment vous sentez vous ?" Mais: "toujours pas de médailles". Moi, je n'avais pas changé et je ne peux pas donner d'explications sur les performances des autres. J'étais très déçu parce que ce sont tous des copains, mais je ne pouvais rien dire. J'ai trouvé ça frustrant car c'est le plus bel événement au monde. Je n'ai pas changé depuis Val d'Isère. Mais le grand public vous a découvert durant ces Mondiaux 2009 et le regard sur vous a donc changé... (il coupe) L'attente sportive et médiatique n'est pas la même mais, moi, je suis la même personne. On arrive ensuite dans la limite, quelque chose que je n'aime pas, que Jean-Baptiste Grange a vécu à Val d'Isère... Le fait de ramener une médaille est "normal". Il n'y a rien de pire que ça. Si tu y vas et que tu es bon, comme tout le monde l'a dit, c'est normal. On ne peut même pas dire que tu as bien fait ton job puisque c'est normal ! Concrètement, tu ne peux que te casser la gueule. Cette histoire de favoris aussi... On a dit que, hormis Jason (Lamy-Chappuis, champion olympique en combiné nordique, ndlr), c'était la faillite des favoris. Mais aux Jeux, c'est toujours ça, et pour toutes les nations. Tu as dix favoris pour trois places... Donc forcément, il y en aura sept qui en prennent plein la tronche. Je n'aime pas ce schéma, dire que c'est normal. Comment avez-vous évacué cet agacement ? En vous recentrant sur une Coupe du monde qui vous a toujours tenu à coeur ? J'ai dit ce que je pensais, on a dit que je n'avais pas le droit. Mais je n'ai jamais affirmé que les Jeux n'étaient pas importants, j'ai dit que c'était une course comme les autres: portes bleues, portes rouges, même matériel, mêmes adversaires. L'approche des autres est différente mais c'est tout. Sportivement parlant, parce que je ne parle que sportivement, la Coupe du monde représente plus que les JO. Ça n'engage que moi, mais que l'on respecte mon choix. Je l'ai toujours dit. Le Globe me fait rêver plus qu'une médaille olympique. Tu es le meilleur skieur de l'hiver, pas celui d'un jour. Sportivement parlant, c'est mieux... On parle beaucoup de ma régularité. Mais si je pouvais abandonner cinq fois et gagner les cinq suivantes, je le ferais ! On me l'avait déjà dit après les Mondiaux. J'échangerais direct cette médaille contre le globe. Il n'y a pas photo !