Lille tient enfin son trésor

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Nicolas Rouyer, au Stade de France , modifié à
COUPE DE FRANCE - Joueurs et supporters lillois ont vécu avec intensité cette singulière soirée.

Aymeric est venu de Rouen pour voir "ça". Ça, c'est un trophée pour le Losc. Et ça, ça n'arrive pas tous les jours. Les Dogues n'avaient plus décroché de trophée depuis 56 ans. L'attente, cette si longue attente, était dans tous les discours d'avant-match. "Il fallait être là", souligne Bertrand, qui supporte le Losc depuis 1971. "Je pense que ça va le faire", conclut-il, optimiste. "1-0", c'est le pronostic de Pierre, quinze ans de fidélité au club nordiste et venu au Stade de France avec une bonne partie de sa famille. Motivés, les supporters du Losc, groupés aussi. A trois heures du coup d'envoi, ils sont plusieurs grappes à se déployer autour du Stade de France, sous le soleil et dans un léger vent.

Pas d'animosité autour du stade, aucune tension. Et pour cause, les supporters du PSG, venus de moins loin, ont pris leur temps avant d'arriver. Pour la plupart, ils habitent plus près, ils sont plus habitués aussi. Le PSG, depuis 2003, c'est cinq finales de Coupes de France pour trois victoires. Et ce, sans compter la victoire en finale de la Coupe de la Ligue en 2008, face à Lens, avec la fameuse affaire de la banderole. Ce samedi soir, pas de banderole. Même celles qui ornent habituellement les deux virages du Parc ("Fiers de nos couleurs" et "Paris Saint-Germain football club" avaient disparu au coup d'envoi). Pour trouver trace d'une banderole, il fallait se tourner vers le virage lillois et noter celles des "Dogues Virage Est".

Les cinq dernières minutes...

Rempli à moitié près de deux heures avant le coup d'envoi, le virage lillois, tout de rouge vêtu, était venu faire la fête. Pendant la finale de la Coupe Gambardella, ils ont supporté avec une ferveur presque étonnante les joueurs de l'AS Saint-Etienne face à l'AS Monaco. Le petit contre le gros. Ou plutôt le modeste contre le riche.

Dans un stade entièrement rouge, la "faute" au maillot domicile du PSG cette année, les supporters lillois ont été les premiers à entrer en action, lors de l'arrivée sur la pelouse de leur gardien, Mickaël Landreau. La première période, d'une rare faiblesse, n'a pas entamé leur ardeur. Leurs "Aux armes", chant qu'ils partagent avec les supporters de l'OM, ont été copieusement sifflés par le virage parisien.

Venus en nombre au Stade de France - près de 30.000 -, ils ont continué à pousser leur équipe. Jusqu'à la délivrance de la 89e minute avec cette frappe enveloppée venue de la droite signée Ludovic Obraniak. Le penalty accordé à Gervinho (90e) a ajouté à la folie ambiante… La parade du pied de Grégory Coupet n'a fait que retarder de quelques minutes l'officialisation de la sixième Coupe de France du Losc. Même après 56 ans, ces secondes ont paru une éternité pour les supporters lillois. Et la joie qui a suivi n'en fut que plus intense

"56 ans qu'on attend ça, c'est merveilleux", "On est au paradis", "C'est le bonheur à l'état pur", "C'est l'un des plus beaux moments de ma vie", "C'est dur, je tremble". Autant de réactions prises à la volée de supporters lillois. "J'ai 47 ans, quand j'étais jeune, j'allais à Grimonprez-Jooris, mon père me parlait des finales des années 1950. Et là où il est, il doit être super content." L'attente d'un titre est terminée. La prochaine peut commencer. Elle pourrait durer moins d'une semaine. Mercredi, le Losc reçoit Sochaux et samedi, il se déplace au Parc des princes. Et à Lille, personne ne veut manquer ça.