Les "suspects" de l'UCI

  • Copié
François TESSON , modifié à
Dans son édition de vendredi, le quotidien L'Equipe publie un document confidentiel établi par l'UCI avant le Tour de France 2010. Sur la base des données du passeport biologique, l'instance internationale avait classé les coureurs selon un "indice de suspicion" visant à orienter les contrôles antidopage lors de l'épreuve. Denis Menchov était dans le viseur, Alberto Contador un peu moins, et les Français globalement épargnés.

Dans son édition de vendredi, le quotidien L'Equipe publie un document confidentiel établi par l'UCI avant le Tour de France 2010. Sur la base des données du passeport biologique, l'instance internationale avait classé les coureurs selon un "indice de suspicion" visant à orienter les contrôles antidopage lors de l'épreuve. Denis Menchov était dans le viseur, Alberto Contador un peu moins, et les Français globalement épargnés. "Un simple outil de travail." C'est en ces termes que l'UCI a qualifié la liste que s'est procurée le journal L'Equipe, qui l'a publiée ce vendredi. Il s'agit en fait d'un document rédigé par l'Union cycliste internationale juste avant le départ du Tour de France 2010, qui attribue un "indice de suspicion" à chacun des 198 coureurs participant à la Grande Boucle. L'UCI se base sur les informations recueillies lors des précédents Grands Tours, et surtout sur les données contenues dans les passeports biologiques (qui déterminent les valeurs normales, hautes et basses des coureurs), actualisées lors d'un contrôle sanguin effectué le 1er juillet 2010. Le document a été remis à tous les officiels chargés de procéder aux contrôles antidopage lors de l'épreuve, afin de les orienter vers les coureurs les plus "suspects". Jeudi soir, l'UCI, qui avait été informée que la liste était arrivée entre les "mains" de l'Equipe, s'est empressée de publier un communiquer afin de lever toute ambiguïté, mais n'a en aucun cas contesté sa véracité. Tout d'abord, l'instance internationale a "déploré que ce document soit entré en possession de personnes extérieures alors que cette liste constitue un simple outil de travail sur la base de laquelle ses services antidopage ont organisé leur activité pendant la course". L'UCI a ensuite ajouté que "la valeur [du document] est liée à un contexte temporel bien précis et découle d'une évaluation sommaire des résultats de ces contrôles. L'esprit et le but des commentaires inscrits dans ce document était d'éviter toute sous-évaluation de la situation, l'UCI ayant pour préoccupation majeure de lutter contre toute forme éventuelle de dopage grâce notamment à son programme du passeport biologique". 5 sur 10 pour Contador, 3 pour Andy Schleck Dans cette liste, les coureurs se voient donc attribuer un "indice de suspicion" allant de 0 à 10. Selon L'Equipe, un 0 ne donne lieu à aucun commentaire négatif, de 2 à 5 les commentaires sont plus ou moins affirmatifs, de 6 à 10 les dossiers deviennent bien souvent accablants. Les coureurs de cette dernière catégorie restent toutefois en minorité. Deux, seulement, se sont vus attribuer un 10: Carlos Barredo (Quick Step) et Yaroslav Popovych (RadioShack). Un seul possède un 9, mais ce n'est pas n'importe qui: Denis Menchov (Rabobank), 3e du classement général. Parmi les coureurs à 8, on retrouve notamment Jurgen van den Broeck (Omega-Pharma Lotto), 5e à Paris. Aucun de ces coureurs n'a toutefois été contrôlé positif durant la Grande Boucle. Globalement, cette liste, à prendre avec des pincettes, tendrait à prouver que le dopage n'est pas généralisé au sein du peloton, ce qui serait rassurant. Plus de la moitié des 198 coureurs présentaient un "indice de suspicion" de 0 à 2. Ils sont même 48 à 0, dont Fabian Cancellara et Thomas Voeckler, vainqueurs d'étape. Parmi les têtes d'affiche, le vainqueur Alberto Contador, contrôlé positif au clenbutérol durant la deuxième journée de repos du Tour 2010, s'était vu attribuer un 5, ce qui prouve qu'il était déjà dans le collimateur de l'UCI, et son dauphin Andy Schleck, un 3. Si l'on regarde au niveau des nations, la France est le meilleur élève avec une moyenne de 1,23 par coureur, tandis le Kazakhstan et l'Ukraine (5,33) sont pointés du doigt.