Le risque s'est avéré payant

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Administrator User
VOILE: On commence à y voir plus clair quant aux options prises par les uns et les autres dans cette Transat Jacques-Vabre.

La Transat Jacques-Vabre se divise en deux groupes ! D'un côté, les téméraires (Safran, BT, Mike Golding Yacht Racing, Veolia, Bel) qui ont pris l'option risquée mais néanmoins subtile d'affronter le coup de vent, de l'autre les prudents (Foncia ou Akena Vérandas) qui ont préféré ne prendre aucun risque en contournant la dépression. On le sentait mercredi au ton de la voix légèrement las de Michel Desjoyeaux, les positions des uns et des autres semblent le confirmer ce jeudi: entre ceux qui ont décidé en sortie de Manche d'éviter le gros du premier coup de vent annoncé pour mardi dernier en filant au sud et ceux qui sont restés au nord sur une route directe en acceptant de se coltiner cette dépression, quitte à prendre des risques matériels, ce sont bien ces derniers qui sont en train de tirer les marrons du feu. Confirmation jeudi matin par Sébastien Josse, justement l'un des leaders de la flotte sur BT: "Quelques options extrêmes ont été prises alors que Safran, Veolia, Aviva et nous avons décidé de couper au milieu et je pense que c'est la meilleure position pour le moment. Je pense que les bateaux dans le sud attendaient une porte de sortie bien plus tôt alors que maintenant ils vont devoir faire beaucoup de virements lors des prochaines 24 heures."Une version que ne démentait pas Pascal Scaviner, l'un des experts météo de cette Transat Jacques-Vabre, qui confiait lors de la vacation de jeudi que la partie semblait bel et bien perdue pour les partisans de l'option sud, soit Foncia (Desjoyeaux-Beyou), Akena Vérandas (Boissières-Riou), Artemis (Davies-Gavignet) et DCNS (Thiercelin-Pratt): "Les sudistes vont subir un courant perturbé de sud-ouest encore assez présent, et pendant plusieurs jours, ça va les obliger soit à tirer des bords, soit à prendre des options encore plus radicales par l'ouest ou par le sud, mais ça me semble pas la meilleure option." A bord des bateaux concernés par cette option a priori perdante, les discussions ont semblé parfois vives, comme sur DCNS où Marc Thiercelin et Christopher Pratt n'ont visiblement pas eu la même interprétation: "Les fichiers nous donnaient du très très gros, et comme j'ai envie de finir la course dans un premier temps, j'ai privilégié de glisser en dessous, expliquait jeudi Marc Thiercelin. Lui aurait préféré aller dans le groupe dans l'ouest, mais il a compris ma position de préserver le bateau et c'est moi qui décide in fine. J'avais envie de rester en lisière de vents forts, pour l'instant, ça se tient. On alterne entre craintes et un petit espoir. Le carrefour sera les Açores, après, on pourra dire s'il y a de grands gagnants ou de grands perdants, et si on est tous sur la même ligne, youpi !"Une dépression qui devrait laisser des traces sur les bateaux...Mais visiblement, lorsque DCNS sera enfin arrivé aux Açores, les bateaux de tête auront filé depuis un bout de temps, portés par des vents portants qu'ils attendent pour vendredi soir, non sans avoir essuyé un nouveau gros coup de vent entre jeudi soir et vendredi: "Une fois passées ces grosses conditions et qu'ils auront traversé les Açores, ils vont retrouver l'alizé, alors que pour ceux au sud, l'alizé, ils ne le retrouveront qu'en début de semaine prochaine et avant cela, ils ne feront que rallonger la route. S'il y a des périodes bénéfiques pour eux, elles ne seront que temporaires, confirme Pascal Scaniver. BT et ceux qui sont proches sont bien placés. S'ils se sortent bien de ces très fortes conditions dans les prochaines 24 heures, ils seront en bordure de l'anticyclone dans un flux bien établi de secteur nord, donc bien placés et sans le risque d'être freinés de manière durable."En clair, la situation est idéale pour Safran (Guillemot-Caudrelier), BT (Josse-Cuzon), Mike Golding Yacht Racing (Golding-Sanso), Groupe Bel (de Pavant-Gabart), voire même, plus au nord d'eux, pour Veolia Environnement (Jourdain-Nélias), Hugo Boss (Thomson-Daniel) et 1876 (Parlier-Rivero). Reste à savoir dans quel état tous ces bateaux vont sortir du vaste système dépressionnaire qui aura été leur quotidien pendant trois-quatre jours. Car déjà, sur certains bateaux, les boîtes à outils sont de sortie: c'est le cas sur Aviva (Caffari-Thompson) qui a perdu une girouette, ou sur 1876, à bord duquel Yves Parlier a de nouveau endossé sa panoplie de bricoleur: "On bricole dans le moteur parce qu'on a fait de la mayonnaise avec l'huile... C'est inquiétant car on a été obligé de changer toute l'huile et on n'a même pas de quoi refaire le niveau. J'ai trouvé d'où venait le fait que l'eau rentre dans le moteur, mais ça nous oblige à naviguer à plat quand on fait la recharge de batterie, et dans le gros temps, ce n'est pas facile du tout." En clair, le seul espoir pour ceux qui ont choisi d'aller au sud semble résider dans une succession de casses matérielles parmi le groupe qui a osé défier la première dépression...