Mené 5-1 dans la dernière manche, Jo-Wilfried Tsonga a finalement réussi l'exploit de dominer Roger Federer, ce vendredi en quarts de finale du Masters 1000 de Montréal (7-6, 1-6, 7-6). Le Manceau affrontera Andy Murray en demi-finale.Une fin de match hitchcockienne ! Le retour de Jo-Wilfried Tsonga dans la dernière manche, les trois balles de match manquées par le Manceau et un jeu décisif indécis, voilà les ingrédients de la folle partie qu'ont livrée Roger Federer et le Français ce vendredi en quarts de finale du Masters 1000 de Montréal. Et c'est "Jo" qui en est sorti vainqueur en trois manches (7-6, 1-6, 7-6), alors qu'une défaite semblait inéluctable. Mené 5-1 dans le troisième set, Tsonga, alors à l'agonie, a trouvé les ressources pour inverser la tendance et faire vaciller l'homme aux 15 titres du Grand Chelem. Le court central de la cité québécoise, déjà gâté la veille par Andy Roddick et Fernando Verdasco, a littéralement chaviré devant l'improbable come-back du n°1 français.Pour Federer, cette défaite signifie la fin d'une série de 21 victoires consécutives entamée en mai dernier sur la terre battue de Madrid. Le dernier revers du Suisse remonte au Masters 1000 de Rome, il avait alors trébuché au stade des demi-finales contre Novak Djokovic. Depuis, le natif de Bâle s'est imposé dans la capitale espagnole, avant de triompher à Roland-Garros et d'être couronné à Wimbledon. De retour à la compétition après quelques semaines de repos et la naissance de ses jumelles, Federer a débuté sa campagne québécoise par des succès sur Niemeyer et Wawrinka. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et Tsonga est passé par là. Le Manceau défiera un autre sacré client en demi-finale, l'Ecossais Andy Murray, intraitable avec tous ses adversaires depuis le début du tournoi.Un premier jeu décisif de haut niveauLa seule confrontation entre Federer et Tsonga s'est soldée par une victoire aisée du Suisse (6-4, 6-1) à Madrid à l'automne dernier, à l'époque où le tournoi se déroulait encore en indoor. Pour ce deuxième face à face, les deux hommes s'avançaient sur le court sans grande certitude, même si le Tricolore est monté peu à peu en puissance. La première manche confirmait qu'un bras de fer allait bien avoir lieu, aucun des deux joueurs ne voulant céder une once de terrain, notamment au service. Si bien que les premières balles de break n'apparaissaient qu'après huit jeux disputés. A 4-4, le n°1 mondial s'en offrait deux, dont une manquée inexplicablement alors que le court était tout ouvert après que le Suisse ait fixé Tsonga au filet. Le jeu décisif décidait donc de l'issue de ce set et il atteignait déjà des sommets avec des points incroyables. A 3-2, les deux hommes se retrouvaient ensemble au filet, mais c'est Federer qui avait le dernier mot d'un petit coup de patte. Cela n'empêchait pas le protégé d'Eric Winogradsky de faire le mini-break en premier et de se procurer ensuite trois balles de set. L'Helvète sauvait les deux premières sur sa mise en jeu, avant un nouveau point magique. Tsonga lâchait ses coups dans la grande diagonale et montait au filet. Federer délivrait alors un passing de revers sur lequel se jetait le Français. A terre, il voyait le n°1 mondial armer son revers pour conclure le point mais sa balle échouait dans la bande du filet (7-6).Vexé par cet échec, le double vainqueur du tournoi (2004 et 2006) se ruait vers l'avant dès l'entame de la deuxième manche et ravissait d'entrée le service de Tsonga pour le premier break du match. A 3-0 au changement de côté, le Manceau faisait appel au kiné pour un problème à l'articulation du coude droit, laissant craindre le pire. Hagard sur le court, le Français laissait Federer faire cavalier seul et revenir logiquement à un set partout (6-1). Un numéro de soliste que l'homme le plus titré en tournois Majeurs poursuivait jusqu'à 5-1 dans la dernière manche, moment choisi par Tsonga pour recoller miraculeusement. Après avoir aligné cinq jeux consécutifs (6-5), "Jo" s'offrait même trois balles de match, toutes sauvées avec à-propos. Un nouveau jeu décisif clôturait donc la rencontre. Lancé comme une bombe, le Français ne manquait pas l'occasion de faire tomber le maître, un an après Gilles Simon sur ce même court (7-6).